Mardi 2 juin, le Ministère de la Santé annonçait un assouplissement supplémentaire des conditions de visite dans les établissements hébergeant des personnes âgées, les Ehpad. Entre les directives et le terrain, le fossé est parfois grand.
Nous pensions aller voir maman pour la fête des mères et rien ! ça devient très pénible, pour les résidents et les familles. Quand ça se termine ? Y en a un ras le bol - Nicole Noblet, fille d’une résidente d’Ehpad.
Nicole pensait voir sa maman Simone, 90 ans, ce dimanche 7 juin pour la fête des mères. Simone Bachelot est résidente de l’Ehpad du Bois Hercé, à Nantes, qui compte 80 pensionnaires.
Et quand le gouvernement annonce ce 2 juin que les directeurs d'Ehpad vont pouvoir mettre en place "une reprise des visites des proches", quand "la situation sanitaire le permet", beaucoup comme Nicole, le comprennent alors comme un retour des visites libres. Pas vraiment. Doux euphémisme.
“Nous, quand on a reçu le 2 juin la note du Ministère de la Santé, on s’est aperçu que cette procédure était une reprise de celle du 10 mai, (qui annonçait le déconfinement), qui elle même était la reprise du 20 avril, le début des visites” détaille Xavier Relandeau, le directeur de la Maison d'Accueil du Bois Hercé à Nantes. Donc il y a toujours un encadrement des visites”.
À compter du 5 juin, les conditions de visite en #EHPAD seront à nouveau assouplies. Si la situation sanitaire locale le permet, les visites doivent pouvoir reprendre.
— Olivier Véran (@olivierveran) June 1, 2020
+ d’infos ?https://t.co/JMHczqUV9Z
Visites encadrées
Dans les faits, il y a l’obligation de signer la charte de bonne conduite. Le lavage des mains, la distanciation physique et le port du masque restent obligatoires pour tous les visiteurs, ajoutés à l'obligation de signer l'autodiagnostic, précisant que l’on ne présente pas de symptôme Covid-19.
La visite est encadrée dans le temps et la prise de rendez-vous impérative. Certes, tout ceci ne se fait plus sous la surveillance de personnels et les mineurs peuvent venir à condition d’avoir un masque, mais quant à la possibilité de pouvoir rencontrer un parent en chambre, là encore, c’est sous certaines conditions, très strictes. Voilà pour les grandes lignes, parce qu'ensuite...c’est un peu à la carte!
Et Xavier Relandeau évoque cette note de l’ARS - Agence Régionale de Santé - qui demande de favoriser le nombre de visites, tout en précisant :
Le déconfinement des Ehpad se doit d'être plus progressif que celui de la population générale. Et appliqué avec prudence, ça ne veut pas dire qu’on ouvre les portes !
Cela varie encore en fonction des établissements. Au Bois Hercé, qui n’a recensé aucun cas Covid-19 pendant le confinement, l’Ehpad n’est pas en capacité matérielle d’organiser les visites ce week-end du 6 et 7 juin. Personne ne verra ses parents pour la fête des mères .
"Je comprends la réaction des résidents, mais je ne peux pas faire autrement” déplore le directeur de cette Maison d'Accueil.
Autant de situations que d’Ehpad. Ou presque.
On entend : oui mais la maison d'à côté ils ont fait ci, et là, ils ont fait ça. D’une maison à l’autre c’est complètement différent. Cela dépend de la structure et de l’architecture - Alexandre Delmas, directeur de l’Ehpad de Sainte-Pazanne en Loire-Atlantique
Dans cet établissement de 79 pensionnaires, l’assouplissement des règles est plus manifeste. Parce que la conception de l’établissement le permet. “Depuis ce vendredi 5 juin, la salle de restaurant est transformée. On l’a ouverte, avec 8 points de rencontres pour les familles et les résidents. C’est sur rendez-vous, jusqu’à 5 personnes. Dans le respect du sens de circulation, avec tout le protocole en vigueur et la charte des visiteurs”.
Autre bonne nouvelle, à Sainte-Pazanne ce lundi 8 juin, c’est le retour des coiffeuses, pédicures, esthéticiennes... Après les visites du week-end, un contact supplémentaire avec la "vie d'avant". En attendant le véritable déconfinement.