C'est d'une véritable organisation criminelle qu'il s'agit, un exemple même de ce que le narco banditisme produit. L'antenne nantaise de la Police Judiciaire a travaillé deux ans sur ce dossier qui a abouti à une dizaine d'interpellations le 1er décembre.
Une affaire qui sort de l'ordinaire, c'est ainsi que la procureur de la République Pierre Sennès a qualifié modestement ce dossier.
De par la durée de l'enquête tout d'abord : deux ans, de décembre 2019, où une première information est parvenue à la brigade des stup' de la PJ nantaise, jusqu'au 1er décembre 2020, date des interpellations.
Et par l'organisation de l'équipe criminelle concernée ensuite.
"Une espèce d'ingénierie criminelle"
"Les premières investigations raconte Marc Perrot, le patron de l'antenne PJ de Nantes, ont mis au jour une structure très organisée. Ils avaient mis en place une espèce d'ingénierie criminelle qui permettait d'aller récupérer le produit jusque dans les zones de production, et non pas avec des intermédiaires. Des membres de cette équipe étaient capables de se projeter loin de leur base pour ensuite mettre en place la filière jusqu'au réseau de distribution pour un approvisinnement de semi grossistes."La drogue, héroïne, cocaïne était importée depuis les Pays-Bas et la Belgique dans des véhicules variés. L'équipe disposait d'une quarantaine de véhicules différents. La mode du "Go Fast" qui utilise de puissantes cylindrées est d'ailleurs passée de mode. Ces trafiquants, pour passer plus facilement inaperçus, utilisaient plutôt des véhicules de moyenne gamme, des voitures familiales et multipliaient les voyages avec de petites quantités pour limiter les pertes en cas de contrôle.
Cette organisation réunissait des trafiquants de stups armés, très mobiles avec d'importants moyens financiers. Ils pouvaient être à la fois les auteurs et parfois les victimes de tentatives de réglements de comptes sur fond de trafic de stup'.
Au coeur du narco banditisme
"On est au coeur du narco banditisme, constate Marc Perrot. Sur le temps qu'a duré cette enquête, les membres de cette équipe ont fait l'objet de plusieurs tentatives d'homicides, de plusieurs fusillades, certainement des rivalités de territoire, d'approvisionnement. On était au coeur d'une organisation criminelle. L'un des protagnistes a été interpellé en octobre pour des faits de tentative d'homicide sur un individu à Malakoff."Au cours de cette affaire, la PJ avait d'ailleurs déjà saisi de nombreuses armes, de l'argent et de la drogue.
L'affaire a été conduite par l'antenne PJ de Nantes dirigée par Marc Perrot avec le soutien du Groupe Interministériel de Recherches, le GIR de Nantes. La phase d'interpellations, opération menée la semaine dernière, a mobilisé l'intégralité des enquêteurs de la PJ de Nantes, la Brigade de Recherches et d'Intervention, l'antenne RAID, et des maitres chiens de la douane.
2,5 kg d'héroïne on été saisis, à 50 euros le gramme, on est sur une somme totale de 125 000 euros. Quatre armes de poing de type pistolets automatique 9 mm ont également été saisis et 130 000 euros en espèce ou sur des comptes bancaires.
Il s'agissait d'un trafic "multiproduits" héroïne, cannabis, cocaïne. Les sources d'approvivisonnent étaient situées dans le nord de l'Europe mais aussi, pour le cannabis, au Maroc.
Un trafic approvisionné à Nantes et en Vendée
Une fois arrivée à Nantes, la drogue approvisonnait le marché local mai aussi la Vendée via quatre personnes à La Roche-sur-Yon.C'est une dizaine de trafiquants qui a été interpellée. Huit ont été présentés à la justice, cinq ont étéplacés sous écrou et trois sous contrôle judiciaire. "Une belle affaire", selon le procureur Pierre Sennès.
"Ce sont des professionnels du crime, rompus aux techniques policières, souligne le commissaire divisionnaire Perrot, c'était donc un travail très compliqué. On a dû déployer beaucoup de moyens techniques et humains."
Les interpellés, tous des hommes trentenaires, avaient des antécédents dans le trafic de drogue.
Ils devront répondre d'association de malfaiteurs, trafic et importation de stupéfiants.
"On a coupé une source d'approvisionnement importante" se félicite Marc Perrot. "Le travaille continue, les stupéfiants c'est un perpétuel recommencement, ajoute le procureur Pierre Sennès, il ne faut jamais baisser la garde."
► voir l'interview de Pierre Sennès, procureur de la République.