On vous explique pourquoi depuis 5 ans, il n'y a pas de foie gras au menu de Noël de la ville de Nantes

La mairie de Nantes ne sert plus de foie gras lors des réceptions et événements municipaux. À trois semaines de Noël, l'annonce passe mal auprès des producteurs.

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Depuis 2019, terminé les entremets fondants et autres mignardises de luxe sur les mange-debout des événements publics. Les toasts et les petits fours au foie gras, sont en effet bannis des tables de la mairie de Nantes depuis 5 ans. 

Cette décision de la municipalité socialiste, a été prise à l'époque au nom du bien-être des oies et des canards. 

"On sait très bien que pour avoir du foie gras, il y a du gavage, et donc on a fait un choix politique de ne plus servir de foie gras dans nos événements, à la fois à l'échelle de la ville et aussi lors des réceptions officielles".

Aïcha Bassal

Adjointe à la maire (PS) de Nantes chargée des relations avec les usagers

Une mesure qui satisfait l'association de défense des animaux L214 qui vient de faire l'inventaire des mairies ayant banni cette charcuterie. Un inventaire repris largement dans la presse mais qui n'a rien de nouveau pour la mairie nantaises.

Le foie gras, c'est une maladie du foie, donc c'est un animal qu'on a rendu malade par le gavage, ce qui en entraîne beaucoup de souffrance pour l'animal, des difficultés à respirer, des difficultés à se déplacer

Charline Ifeakor

Salariée association L214

L'initiative a de quoi être saluée, mais elle divise les habitants.

Avis mi-figue

"En vrai, je trouve ça bien parce qu'il y a des alternatives, il y a le foie gras végétal, je crois que ça existe. Je trouve que c'est bien, oui, parce que l'oie, elle ne passe pas un bon moment quand on la gave" affirme une passante.

"Moi, j'aime beaucoup le foie gras, mais il ne faut pas en abuser, bien sûr", répond une autre.

"Ce sera un peu, je pense, contre la tradition d'ici à Nantes, et ce sera un peu bizarre pour les Nantais", explique pour sa part un jeune homme interrogé dans une rue commerçante. 

L'opposition de droite dénonce, elle, un manque de cohérence, alors que la mairie va distribuer cette année des colis-cadeaux avec du foie gras à 2000 personnes âgées isolées. Pour le conseiller municipal de droite Julien Bainvel, c'est de l'esbroufe, rien d'autre.

 

D'abord, un, c'est un effet de communication. Deux, le foie gras, ça fait partie du patrimoine gastronomique français. Et puis trois, très franchement, dans la période dans laquelle on est aujourd'hui, je ne crois vraiment pas que ce soit un sujet d'actualité

Julien Bainvel

Élu d'opposition (DVD) à la Ville de Nantes

Producteurs bien sûr déçus

À Lys-Haut-Layon, au sud de l'Anjou, dans la ferme de gavage d'Anabelle cousin, la décision de Nantes comme celle d'une quinzaine de villes, ne passe pas. Ici, on est fiers de produire du foie gras de façon artisanale depuis 40 ans. 

C'est un signal qui n'est pas très positif pour la filière, surtout qu'on a quand même souffert depuis deux ans à cause de la grippe aviaire. Donc le choix appartient à chacun d'entre nous de manger ou de ne pas consommer du foie gras

Annabelle Cousin

Productrice de foie gras

Un savoir-faire défendu bec et ongles par plus de 800 exploitants dans les pays de la Loire, la troisième région productrice de foie gras. En temps normal, la production annuelle moyenne de foie gras en Vendée est de 3 500 à 4 000 tonnes. En l’espace de seulement trente ans, le département s’est imposé comme un acteur incontournable sur le marché du foie gras de canard et a même connu un "boom" au cours de la décennie 1990 qui s’explique en bonne partie par la crise dite de "la vache folle" qui a contraint de nombreux éleveurs de bovins à se reconvertir.

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La filière des palmipèdes gras fait vivre 30 000 familles et représente environ 100 000 emplois directs et indirects en France.

La filière foie gras en France connaît une reprise significative en 2024. La production de foie gras devrait augmenter de 33% par rapport à 2023 et s'approche des 30 millions de canards gavés.

Fin 2024, les stocks devraient atteindre 13 500 tonnes.

Le foie gras reste très populaire ; 92% des Français disent en consommer, soit 2 points de plus qu'en 2023. 

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