Pollution. On vous explique pourquoi la qualité de l'air est mauvaise quand il fait froid

En cette période anticyclonique, sans vent, les particules fines stagnent dans l'atmosphère. Quand il fait froid, comme quand il fait chaud, la qualité de l'air est mauvaise. Résultat ? Les chiffres ne sont pas bons sur l'ensemble de notre région ces derniers jours

Société
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Sur les ponts nantais, il ne fait pas bien chaud, les températures négatives piquent le visage. Les cyclistes comme chaque matin sont nombreux. Les trottoirs et les voies sont verglacés, potentiellement accidentogènes. Le principal risque pourtant n'est pas au sol, mais bel et bien dans l'air, particulièrement pollué ces derniers jours. 

"On va continuer à faire du vélo"

"On va continuer à faire du vélo et à s'exposer, mais effectivement, c'est un peu con que ceux qui font le plus d'efforts soient ceux qui subissent davantage", glisse ce Nantais qui se faufile entre les pots d'échappements.

"Ce n'est pas ma faute, c'est à eux de faire du covoiturage ou du vélo", ajoute cet autre en désignant les automobilistes.

Car quand il fait froid, comme quand il fait chaud, et qu'il n'y a pas de vent, aucun souffle, les particules fines s'incrustent dans l'atmosphère et ne sont pas évacuées.

Ces derniers jours, les chiffres ne sont donc pas bons. "Le maintien de conditions atmosphériques anticycloniques avec des températures froides et des vents très faibles sont favorables à l'accumulation de la pollution émise localement. L'indice de qualité de l'air est moyen au nord de la Mayenne à mauvais sur le reste de la région des Pays de la Loire, en raison de l'accumulation des particules fines de type PM2.5, essentiellement liées au chauffage et particulièrement à l'utilisation du bois individuel", informe Air Pays de la Loire qui classe une grande partie de la région en zone rouge.

On n'est pas en pic de pollution. Un pic de pollution, c'est quand on franchit un certain seuil. À l'heure actuelle, l'indice de qualité de l'air est dégradé à mauvais dans toute la région.

Justine Ledoux

Chargée de communication scientifique Air Pays de la Loire

"Cette semaine, on a un grand beau temps, on a une atmosphère qui est assez stable. Il n'y a pas de pluie, il y a très peu de vent, ce qui fait que les polluants qui sont émis surtout par le chauffage au bois des particuliers et aussi le trafic routier vont s'accumuler dans l'air, ils vont stagner. Et donc les concentrations de ces polluants qu'on respire vont augmenter", précise Justine Ledoux.

Plus les particules sont fines, plus elles vont pénétrer profondément dans les poumons, voire dans le système sanguin

Justine Ledoux

Chargée de communication scientifique Air Pays de la Loire

Éviter les activités physiques et laisser la voiture au garage

Quelles sont alors les recommandations pour les personnes les plus sensibles ? "On conseille d'éviter de faire des activités physiques intenses parce que dans ces cas-là, ça va augmenter la fréquence respiratoire et donc forcément, on va respirer davantage de particules. Si c'est possible, éviter de prendre sa voiture permet de ne pas rajouter de la pollution à la pollution. Et si on a un chauffage au bois, une vieille cheminée qu'on utilise en appoint, c'est pas mal d'éviter de l'utiliser en ce moment. Mais bon en fait, c'est vrai, quand il fait froid, ne pas utiliser sa cheminée, c'est compliqué", admet la chargée de communication scientifique.

Le trafic routier principale source de pollution © FTV

Ne pas faire de vélo ou courir quand il fait beau, un comble !

Ce n'est pas le bon moment pour faire du sport !

Justine Ledoux

Chargée de communication scientifique Air Pays de la Loire

En bord de Loire pourtant, les joggers sont nombreux. 

"Pour une fois qu'il y a du soleil, j'ai besoin de faire du sport, j'ai besoin de me dépenser, même si je sais très bien que je ne vais pas absorber des bonnes choses. Là, je ne sais pas, j'ai choisi la forme physique au détriment de ma santé, mais c'est un peu ce que je suis en train de faire, la forme musculaire au détriment de la santé pulmonaire", confie Justine Ledoux.

40 000 décès chaque année

Selon Santé publique France, chaque année, près de 40 000 décès seraient attribuables chaque année à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines (PM2,5). Ainsi, l’exposition à la pollution de l’air ambiant représente en moyenne pour les personnes âgées de 30 ans et plus une perte d’espérance de vie de près de huit mois.

Certains enseignements issus de l’analyse du confinement du printemps 2020 sont ou peuvent déjà être capitalisés. "En termes d’actions publiques, la baisse du trafic dans les zones urbaines ou la diminution des émissions industrielles sont des leviers déjà déployés ou en cours de déploiement. En termes de changements comportementaux, le télétravail ou les modifications de modes de déplacement sont vraisemblablement appelés à se pérenniser au sein de la société française", précise Santé publique France.

Plus généralement, d’autres pistes d’actions existent, parmi elles l’amélioration des pratiques d’utilisation du chauffage au bois (utilisation d’appareils performants, choix de combustibles de bonne qualité, allumage par le haut...) ; le développement de bonnes pratiques agricoles pour réduire les émissions d’ammoniac, par exemple, ou encore la rénovation thermique des logements.

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