Une série de 75 cambriolages en Loire-Atlantique a pris fin avec la condamnation de quatre hommes par le tribunal correctionnel de Nantes. Cette affaire, qui a secoué la région pendant cinq mois, révèle l'ampleur d'un réseau criminel bien organisé.
Quatre membres de la communauté des gens du voyage ont été condamnés lundi 20 janvier 2025 en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Nantes pour avoir pris part à soixante-quinze cambriolages en l'espace de cinq mois. Notamment à Pornic, Saint-Hilaire-de-Chaléons, Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, Bouaye ou La Montagne (Loire-Atlantique).
Les gendarmes ont mené un "véritable travail d'enquête" pour identifier les auteurs de ces vols survenus dans des entreprises et des maisons individuelles du 1er août au 2 décembre 2024.
Ils ont finalement identifié trois voleurs et un receleur au vu des "similitudes dans le mode opératoire" : il consiste à enchaîner les vols "d'alimentaire" et "d'électronique" les mêmes jours et aux mêmes endroits, a recontextualisé le président du tribunal correctionnel de Nantes.
Les quatre hommes ont été reconnus grâce à leurs vêtements, leurs "semelles de chaussures" et l'immatriculation des véhicules utilisés. Leur ADN a aussi été prélevé dans des véhicules volés et incendiés près du domicile de l'un d'eux.
Enfin, la géolocalisation de leurs téléphones, la "sonorisation" de leurs véhicules, des surveillances et des filatures ont achevé de convaincre les enquêteurs de leurs culpabilités, avant qu'ils ne procèdent à des perquisitions.
Un jeune de 21 ans qui vit sur un camp à Bouguenais, a été le plus lourdement condamné : il avait déjà quatre condamnations à son casier et était sous contrôle judiciaire au moment des faits.
Son avocate avait pourtant appelé les juges à faire "un travail de distinction" dans ce dossier "ni méticuleux ni parfait". Son client, qui était poursuivi pour l'intégralité des soixante-quinze cambriolages, en avait reconnu une partie.
"Dans le pire des cas, un suiveur"
Les deux autres voleurs ont eux écopé de cinq et douze mois de prison ferme, à purger avec des bracelets électroniques : le plus jeune, âgé de 20 ans, n'était "pas habitué aux audiences" et avait un casier judiciaire jusqu'alors vierge.
Ce jeune de Rocheservière (Vendée) avait reconnu avoir participé à une série de cambriolages, mais il réfutait quarante-deux des cinquante-neuf faits qui lui étaient reprochés. Son avocat soutient qu'il est "dans le pire des cas un suiveur" : ce jeune est "non-violent".
Le plus âgé des voleurs était lui poursuivi pour deux faits : cet homme de 43 ans aurait volé un véhicule, avec son fils, et tenté de cambrioler le Super U de La Montagne.
Avec treize mentions à son casier judiciaire, ce Nantais de 43 ans contestait l'ensemble de ces faits. En effet, lorsque l'on regarde la géolocalisation de ce dernier au moment des faits, on remarque que "nous ne sommes pas au stade du doute, mais au stade de certitude de son absence" sur les lieux du cambriolage, avait pointé son avocat.
Un quatrième homme était lui accusé d'être le "receleur habituel" de ces soixante-quinze cambriolages : du matériel volé avait été retrouvé chez ce Nantais de 37 ans et il a été aperçu sur le lieu de vie du principal prévenu.
Il avait toutefois nié avoir "régulièrement" acheté de la marchandise volée : ce n'est arrivé "qu'à sept reprises" et il n'a "même pas réussi à écouler la marchandise". Cet homme, qui avait joué un "rôle limité", a finalement écopé de six mois de prison ferme, à purger avec un bracelet électronique, et neuf mois avec sursis.
Pour le parquet, les prévenus nient des "faits inacceptables et non tolérables", "malgré les évidences".
Face au "calvaire" vécu par les victimes, il n'était "pas acceptable d'avoir des prévenus qui ressortent libres de cette audience", avait prévenu la procureure.
Elle avait donc demandé des peines allant de douze mois à quatre ans de prison ferme avec incarcérations. Des réquisitions "excessives", pour la défense, qui avait appelée à "raison garder" : face à la "surpopulation carcérale", il fallait éviter toute "sanction inadaptée".
Sur le plan civil, les quatre hommes devront verser plus de 70 000 € aux victimes. Outre le pays de Retz, les prévenus étaient soupçonnés d'avoir aussi sévi sur les communes de Nantes, Saint-Herblain, La Chapelle-sur-Erdre, Thouaré-sur-Loire, Vertou, Le Pallet, Sainte-Luce-sur-Loire, Orvault, Héric (Loire-Atlantique), Ombrée-d'Anjou (Maine-et-Loire), Rocheservière et Saint-Philbert-de-Bouaine (Vendée).
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