Plus de 400 millions d'euros, l'annulation de la vente des porte-hélicoptères n'était pas une opération blanche

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Selon un rapport de la Cour des Comptes, l'affaire des porte-hélicoptères construits aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire et qui n'avaient pas été livrés comme convenu à la Russie en 2015, s'est soldée par une perte de 409 millions d'euros pour la France.

En 2010, la France, et Naval Group, étaient fiers d'annoncer un contrat avec la Russie pour la construction de deux BPC, bâtiments de projection et de commandement, des navires militaires, porte-hélicoptères de la classe Mistral.

"Le montant du contrat s'élève à 1,12 milliard de dollars, avait précisé à l'époque le ministre français du Commerce extérieur Pierre Lellouche. Ce contrat est historiquement et psychologiquement une nouvelle page".

Mais le chapitre suivant fut moins glorieux.

Tempête diplomatique

Le contrat fit tousser quelques pays qui s'étonnaient qu'un membre de l'OTAN livre du matériel sensible à la Russie, pays qui ne disposait plus depuis l'éclatement de l'URSS de moyens dimensionnés pour une telle commande, les chantiers compétents se trouvant en Ukraine.

Or, le Vladivostok et le Sébastopol, ces BPC Mistral, devaient être équipés de systèmes électroniques aux normes de l'OTAN.

Puis, après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, la toux se fit plus forte. Pressée par plusieurs pays, la France fut contrainte de "suspendre" la commande, puis de l'annuler, en août 2015.

Revendus à l'Egypte

Dans la foulée, l'Egypte qui utilisait déjà du matériel militaire russe, se porta candidate pour acquérir les deux bâtiments de guerre qui seront rebaptisés Gamal Abdel Nasser et Anouar El Sadate.

A l'époque, le président François Hollande avait assuré que cette opération ne ferait rien perdre financièrement à la France qui avait dû, tout de même, indemniser la Russie pour cette annulation de commande.

Mais ce 27 janvier, dans son rapport publique sur le soutien aux exportations de matériel militaire, la Cour des Comptes révèle que le bilan de cette épisode politico-économico-financier s'est soldé par une perte de plus de 400 millions d''euros.

"Un sinistre majeur"

Evoquant, la situation financière de Bpifrance AE, banque publique d'investissement qui est intervenue dans cette affaire, la Cour des Comptes conclut que :

"Au cours de la période 2010-2021, cette situation a été constamment bénéficiaire et les primes versées ont dépassé le montant des indemnités, sauf en 2015, en raison du sinistre majeur lié à l’interdiction d’exportation des bâtiments de projection de commandement (BPC, porte-hélicoptères) à la Russie (...) Au total, compte tenu des résultats de la négociation avec la Russie, des abandons de redevances, des indemnités versées à Naval group, de l’adaptation et de la cession des bâtiments à l’Égypte, cette opération aura eu un coût de 409 M€ pour la France."

Mais, selon certaines sources, la France y a laissé plus que des euros puisque la Russie a conservé d'importantes données techniques dans le cadre de transferts de technologies habituels dans ce genre de transaction.

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