Il leur avait demandé de quitter une falaise interdite. En août 2023, Norbert Samama, maire (DVD) du Pouliguen, près de La Baule, avait été insulté et frappé par deux pêcheurs amateurs. Comme à chaque agression d'un élu, l'association des Maires de France s'est constituée partie civile.
L'affaire a été présentée ce mardi 4 février devant le tribunal de Saint-Nazaire. Deux personnes comparaissaient pour "violence aggravée suivie d'incapacité".
La plainte avait été déposée en août 2023 par Norbert Samama, le maire (DVD) du Pouliguen, et pour laquelle l'association des maires de France de la Loire-Atlantique s'est constituée partie civile.
Ce jour-là, l'élu avait été appelé à 19h30 parce que des jeunes plongeaient du haut d'une falaise, dont l'accès avait pourtant été interdit à cause d'un effondrement en 2021.
"Il était tard et la journée avait été chargée, mais la falaise était très fragilisée et la mer n'est pas sûre à cet endroit"
Si on ne répond pas à ce genre d'appel et qu'il y a un accident, on l'a sur la conscience
Norbert Samama, maire du Pouliguen
Après une brève explication, les jeunes ont quitté le chemin interdit.
C'est alors que le maire a aperçu deux autres personnes en train de pêcher à l'endroit précis où le pan de falaise s'était effondré, deux ans auparavant.
Auprès d'eux, Norbert Samama décline son identité de maire et rappelle la règlementation et le danger qu'il y a à se promener à cet endroit.
Les deux pêcheurs répliquent par des insultes, et même, des coups de canne à pêche lorsque l'élu annonce qu'il va appeler la police municipale.
Comme les menaces deviennent physiques, le maire quitte les lieux, et va sur le parking pour relever la plaque d'immatriculation de la voiture.
Des violences physiques et des insultes
"Ils m'ont retrouvé à cet endroit, et l'un des deux hommes est arrivé en furie, il m'a tapé dans les bras, dans le dos, pour que je recule. Puis, ils sont partis en trombe", raconte Norbert Samama qui avait cependant eu le temps de prendre les deux agresseurs en photo.
Presque autant que les coups, ce sont les insultes qui le choquent : "Je les ai entendus proférer "élu de merde", "république de merde". Si je peux, j'aimerais leur demander pourquoi ils portent ça en eux, alors que les élus locaux sont au service du citoyen", s'interrogeait le maire juste avant l'ouverture de l'audience.
À ses côtés, lors de l'audience, Rodolphe Amailland, maire (DVD) de Vertou et président de l'Association des Maires de France de la Loire-Atlantique, partie civile dans ce dossier, est venu témoigner d'une volonté de ne plus laisser passer ce type d'agissements.
"Quand on agresse un élu, on agresse la République et on met un coup de canif dans le contrat républicain", précisait-il avant l'audience.
Depuis quelques années, la position de l'association est de ne plus rien laisser passer, et de se constituer systématiquement partie civile. Malgré cette fermeté, le nombre d'agressions a explosé depuis quelques années, entraînant de très nombreuses démissions d'élus dans le département.
De nombreux élus démissionnent
Sur le dernier mandat, 880 élus locaux de la Loire-Atlantique avaient démissionné. Depuis 2020, ils sont plus de 1 000 à avoir prématurément quitté leur mandat. Parmi eux, le maire de Saint-Brévin dont la voiture et la maison avaient été incendiés volontairement, la nuit, alors qu'il dormait avec sa famille.
Les violences ne sont pas non plus une nouveauté pour Norbert Samama : en 2020, il avait été pris à partie par deux personnes éméchées qui l'avaient menacé pendant un concert. Une autre fois, le maire du Pouliguen avait été mordu par un homme à vélo. "Mon pull et ma chemise avaient quand même été déchiquetés" raconte Norbert Samama.
Pour lui, ces agressions, qu'elles concernent les élus ou les agents municipaux, ne doivent plus être passées sous silence. "Quand les personnes qui effectuent des missions de service public ne sont pas respectées, cela contribue à déliter le lien social dans notre société", conclut-il avant l'audience.
Compte-tenu des circonstances aggravantes, les deux agresseurs encourent jusqu'à 10 ans de prison.