Livrer gratuitement 100 repas chaque jour au personnel soignant du CHU d'Angers pour leur apporter un peu de réconfort en cette période de crise sanitaire. C'est l'initiative solidaire lancée par un collectif de restaurateurs bénévoles, réunis dans la même cuisine pour l'occasion.
Un doux parfum de chocolat chaud emplit la cuisine du foyer Habitat Jeune ce matin-là. A l'arrêt depuis le début du confinement, les fourneaux tournent à nouveau depuis début avril.
Tous les matins du lindi au vendredi, dès 7h30, six chefs se relaient pour concocter un repas pour les soignants du CHU d'Angers.
"Nous commencons par un briefing où nous décidons ensemble du menu. Ensuite, c'est parti. Chacun se met à sa tâche !", explique Patrick Wahlin, en pleine découpe de rosbeef. Ce restaurateur a dû fermer son établissement du jour au lendemain. "ça nous permet de continuer à travailler, de ne pas perdre la main".
"Ici on se sent utile !"
A ses côtés, Marc Poussin sort du four les premiers moelleux qu'il accompagnera plus tard d'une recette chantilly dont il a le secret. Ce pâtissier chocolatier devait signer un contrat d'embauche avec un traiteur, juste avant les mesures de restriction.Plutôt que de se retrouver confiné à la maison, il a préféré rejoindre cette brigade de bénévoles : "Même si on porte tous le masque et qu'on garde nos distances, au moins, on voit du monde. Et ici, on se sent utile !".
Le défi de M'Angers solidaire
Tous ont répondu à l'appel d'Olivier Molia qui a eu l'idée d'offrir quotidiennement 100 repas faits maison au centre hospitalier.
"Les journées y sont très intenses et les pauses repas très courtes. On s'est dit qu'un bon petit plat pouvait aider à redonner un peu de baume au coeur", explique le coordinateur de M'Angers Solidaire, dont la compagne, infirmière anesthésiste au CHU du Mans, est détachée volontaire en cette période de crise sanitaire.
"En plus, on a réussi à faire travailler ensemble plusieurs chefs, sur un pied d'égalité. D'habitude, ce sont eux qui donnent les ordres en cuisine", se réjouit Olivier Molia. Des professionnels qui ont choisi de rester discret sur le nom de leur entreprise, préférant mettre en avant ce coup de pouce aux personnels hospitaliers plutôt que leur personne.
Une véritable chaîne de solidarité
Pari gagné également du côté de l'approvisionnement. Dès le démarrage de l'action, plus de trois tonnes de marchandises (légumes, fruits, viandes, ingrédients pour la pâtisserie...) ont été récupérées par l'équipe. Des dons effectués par une quinzaine de grossistes et producteurs locaux, sensibles à cette action solidaire, et qui continuent chaque jour de fournir gracieusement l'équipe à la demande selon leurs besoins."Il y a une vraie cohérence dans les menus que nous élaborons. On ne se contente pas de mélanger les produits entre eux", justifie le traiteur Lionel Gelineau, qui supervise le travail de ces professionnels.
Pour le lieu, Olivier Molia a sollicité l'association Habitat Jeune-David d'Angers, dont il est administrateur. Ce foyer de jeunes travailleurs, qui voit habituellement passer 400 plateaux repas par jour, a été mis à disposition gracieusement.
De la préparation à la livraison
En fin de matinée, lorsque tout est prêt, le collectif s'organise ensuite pour conditionner les repas. Ce jour-là, il faut mettre en barquette les tranches de rosbeef froid, accompagnées d'un coulis de tomates cerises, les pâtes fraîches servies également en salade pour la vingtaine de plats sans viande, mais aussi le fameux mi-cuit au chocolat.
Pour chaque étape, une attention particulière est portée sur les protocoles d'hygiène, déjà stricts dans ce domaine, mais plus encore que d'ordinaire. "Avec les masques, ce qui est le plus contraignant, c'est de pouvoir goûter. Et comme nous sommes gourmands... ", témoigne Lionel Gélineau.
Ces préparations rejoindront ensuite la chambre froide jusqu'à la livraison assurée par l'équipe, le lendemain matin.
Les repas, réservés en ligne par les soignants, seront acheminés en camion réfrigéré jusqu'à la plate-forme logistique du CHU.
Et lorsque arrive enfin l'heure du déjeuner, ce geste solidaire, mitonné avec cœur, apporte une parenthèse bienvenue dans le quotidien des personnels investis dans la lutte contre le Covid.