Ce mercredi 22 janvier s'ouvre le procès d'une femme de 53 ans, accusée d'avoir tué son père et jeté son corps dans un puits. Les faits avaient eu lieu en 2021, à Chavaignes, dans le Maine-et-Loire. La violence du meurtre illustre la colère d'une femme qui révélera avoir été violée par son père à plusieurs reprises.
Chavaignes, une commune d'une centaine d'habitants à l'est d'Angers, devenue en 2016 commune déléguée de la commune nouvelle de Noyant-Villages. Traversée principalement par la route de Pontigne qui mène vers l'ouest et la rue de l'église, dans l'axe nord-sud.
Disparu depuis cinq jours
Le 4 décembre 2021, le hameau s'inquiète de ne plus croiser Paul Nourry, un retraité de 75 ans, élu au conseil municipal et apprécié. C'est d'ailleurs la maire de la commune qui, alertée par un proche du septuagénaire, va solliciter les pompiers. Cela fait alors cinq jours que Paul Nourry n'a plus donné signe de vie.
"Les pompiers ont forcé la porte de la maison et, voyant qu'il n'y avait rien à l'intérieur, ont fait des recherches aux alentours et ont été voir dans le puits et ont trouvé effectivement le corps, relate Maître Nicolas Orhan, l'avocat des parties civiles. La thèse de l'accident est écartée immédiatement puisqu'il est clairement démontré que Paul Nourry a subi, avant son décès, des coups. Il en a d'ailleurs subi après son décès également. Ce qui démontre la violence de l'agression."
À l'époque, effectivement, le procureur de la République avait précisé que les causes de la mort n'étaient pas liées à la chute dans le puits, mais que les traces de violences constatées lors de l'autopsie avaient été provoquées par l'intervention d'un tiers.
Une des filles rapidement soupçonnée
L'enquête, menée par la section de recherche de la gendarmerie d'Angers s'était orientée rapidement vers Michèle, l'une des filles de Paul Nourry. Cette femme, qui avait alors 50 ans, a fait l'objet de toutes les attentions des gendarmes parce qu'elle avait déjà été violente envers son père. Elle a d'ailleurs été condamnée quelques mois auparavant pour de tels faits.
"C'est une personne très agressive, témoigne aujourd'hui son frère cadet. Qui a toujours été agressive, que ce soit dans ses propos, dans sa façon d'être, dès que ça ne va pas dans son sens à elle."
Malgré une interdiction d'entrer en contact avec son père, Michèle Nourry avait été vue par plusieurs témoins chez son père après la disparition de ce dernier et l'enquête montre qu'elle a utilisé le téléphone, la carte bancaire et la voiture de la victime.
Placée en garde à vue, Michèle Nourry a nié avoir tué son père, mais avait évoqué pourtant, ce qui pourrait s'apparenter à un mobile : un lourd secret de famille. Que confirmeront les autres enfants de la fratrie.
"Toute notre enfance, c'était violences, agressivité, menaces, coups et viols de mes sœurs", témoigne le frère cadet.
"Un traumatisme infantile très important"
Et ce sera sans doute la ligne de défense de l'avocat de Michèle Nourry lors de ce procès d'assises qui débute ce mercredi à Angers.
"Le psychiatre explique que Michèle Noury, qui a une personnalité particulière, déclare Maître Jérémy Kalfon, son défenseur, avec une fragilité psychologique et sociale très importante, s'est construite autour d'un traumatisme infantile très important : les viols multiples et répétés commis par son père à son endroit et à l'endroit de sa sœur."
Un signalement classé sans suites
Des faits connus de la Justice puisqu'en 2019, la sœur de Michèle Nourry est allée témoigner à la maison des adolescents de Baugé, accusant son père de l'avoir violée et agressée sexuellement. Des actes répétés alors qu'elle avait entre 5 et 20 ans. Le témoignage évoque également de tels crimes contre Michèle.
Un signalement avait été transmis au procureur de la République d'Angers, mais, les faits étant prescrits, la Justice avait classé l'affaire. Et ce, malgré les aveux de Paul Nourry qui avait reconnu avoir violé ses deux filles.
De quoi alimenter l'agressivité de Michèle envers son père. Et envers son entourage.
Le traumatisme subi par cette femme explique sans doute aussi les troubles de la personnalité qui l'ont amenée également à agresser le personnel pénitentiaire lors de sa détention.
Le procès de Michèle Nourry est prévu pour se poursuivre durant trois jours, jusqu'au vendredi 24 janvier.
► Voir le reportage de Jérémy Armand, Vincent Calcagni et William Sabas

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