En Mayenne vous ne trouverez peut être pas tous les légumes d'hiver sur les marchés : les pluies incessantes et le manque de soleil ont freiné la croissance de certaines variétés
Le jeudi, c'est jour de marché à Château-Gontier-sur-Mayenne dans le sud du département. Un des plus grands de la région. Mais sur les étals des maraîchers, il y a peut être un peu moins de légumes que d’ordinaire.
Frédéric Liopé, maraîcher bio à Ménil ne peut que constater les dégats : "les radis noirs par exemple, on en a presque pas récolté". Avant de se faire confirmer par sa collègue Camille " les carottes également, on en a moins, la terre est trop humide : on a du mal à passer la machine pour les soulever, donc on le fait manuellement et évidemment ça demande plus de travail..."
A quelques mètres de là, Philippe Dubois, un autre maraicher bio, lui basé à Coudray toujours en Mayenne ne peut que confirmer : la météo pourrie a complètement modifié leurs récoltes.
"Oui, c'est une météo particulière" dit-il dans un sourire amer : "et ça fait presque un an. Trop d'eau et pas assez de soleil. Surtout cet automne. Le travail est plus compliqué. Bon, il reste les légumes racine deja ramassés qui se conservent, mais pour tout ce qui est frais : les légumes feuilles comme les salades, les choux, les épinards, la mache, tout ça a souffert. Il y a très peu de rendement. Pourtant, ce sont tous ces légumes que les gens apprécient l'hiver et qui sont très durs à faire pousser dans leur jardin."
Le malaise des légumes
Une fois les tréteaux rangés et le retour dans son exploitation, cheminant entre deux ornières de boue, on ne peut que constater le malaise des légumes.
Si à l'extérieur, les différentes variétés de choux ont échappé au pire des intempéries, c'est surtout sous les serres que le problème est plus visible : les salades ou les épinards ont arrêté leur croissance et seront difficilement commercialisables. Tous manquent clairement de chlorophylle.
"Vous voyez,ça ne grossit pas" dit-il en montrant ses rangs de salade. "Ça pousse par le cœur, mais déja pas beaucoup et en plus, elles perdent des feuilles. Le calibre reste petit".
Des jardins familiaux sous les eaux
Et puis il y a les particuliers. La ville peut s'enorgueillir de posséder plusieurs espaces dédiés aux jardins familiaux (qu'on appelait autrefois les jardins ouvriers). Mais l'un de ces terrains, baptisé les Bois Plaidé, lui est régulièrement inondé.
"Rien de plus normal" précise Yanick Coroller, son président, "nous sommes en zone... inondable ! On ne va pas se plaindre, si ce n'était pas le cas, il y a longtemps que nous n'existerions plus, remplacés par des constructions".
En revanche, il faut accepter les années où la rivière la Mayenne déborde.
"Là tout est foutu : même après la décrue attendue dans 1 ou 2 jours, ça aurait un goût de vase. Il faudra attendre le mois d'avril pour recommencer à planter ou semer. Notamment les patates, il y en a même qui commencent dès la fin mars."
Seul côté positif, car il y en a un, c'est cette terre enrichie en minéraux et en humus grâce aux alluvions.
"Oui, c'est vrai, moi qui ait l'expérience d'autres jardins, je n'ai jamais vu une terre aussi fertile Par exemple les haricots, il faut en général 2 mois et demi pour que ça pousse, ici ça prend moins de 2 mois"
On se console comme on peut. Alors les jardins familiaux attendent désormais que l'eau se retire et les maraîchers que le soleil revienne faire un tour du côté de la Mayenne.
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