Une réunion de travail sur la situation des services d'urgence du centre hospitalier de Laval en Mayenne s'est tenu en Préfecture lundi 2 décembre en fin de journée en présence de l'Agence Régionale de Santé. Parmi les pistes évoquées pour pallier au manque de médecins la mise en place du Service d'Accès aux Soins.
"On est reparti de cette réunion en disant qu'on n'a pas appris grand-chose et surtout qu'on n'a aucune solution pour améliorer l'accès aux urgences en Mayenne" déplore Sébastien Lardeux secrétaire général Force Ouvrière 53 et membre du syndicat FO du Centre Hospitalier du Nord-Mayenne.
Présent lors de cette réunion organisée en Préfecture de Mayenne à Laval, le délégué syndical explique, "leur proposition, c'est de faire de la régulation, c'est-à-dire d'empêcher l'accès libre aux urgences pour les patients. Pour venir aux urgences, il faut passer par le 15" ajoute-t-il.
On gère la pénurie et on fait des procédures dégradées et de plus en plus dégradées pour continuer à tenir
Sébastien Lardeuxsecrétaire général Force Ouvrière 53
Ouverture du service d'accès aux soins
Dans le département de la Mayenne le dispositif d'accès aux soins d'urgence se fait avec les trois établissements du Groupement Hospitalier de Territoire : à savoir le Centre Hospitalier de Laval (dans le centre du département), celui de Chateau-Gontier (sud de la Mayenne) et celui de Mayenne (nord du département).
Depuis plusieurs années, le département de la Mayenne est identifié comme désert médical, le troisième au niveau national selon l'INSEE.
Récemment, la piste de délocaliser le centre d'appels d'urgence du 15 la nuit vers l'hôpital d'Angers avait déclenché un mouvement de colère chez les soignants et la démission de plusieurs médecins à Laval.
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Cette piste de délocalisation des appels du 15 de Laval vers Angers est abandonnée selon les participants à la réunion du 2 décembre que nous avons pu interroger.
À la place, l'Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire annonce l'ouverture du Service d'Accès aux Soins en Mayenne à partir du lundi 9 décembre.
Un dispositif permet en journée ce qui se faisait auparavant le soir à partir de 20h ainsi que les jours fériés pendant les horaires de fermeture des cabinets médicaux : l'orientation des patients par un médecin (au 116 117).
"Jusqu’à présent la permanence des soins ambulatoires se déclenchait à partir de 20h, via le 116 117" détaille Sébastien Tréguenard, directeur du Centre Hospitalier de Laval, "et il y avait un médecin qui pouvait recevoir les appels et prendre en charge les patients, leur faxer éventuellement des ordonnances pour qu'ils puissent être pris en charge sans venir nécessairement aux urgences".
Ce dispositif du SAS vient compléter notre offre de soins, et ça permet de pouvoir mieux s'orienter dans le système de soins, et pas forcément venir aux urgences. Mais avoir une alternative.
Sébastien TréguenardDirecteur du Groupement Hospitalier de Territoire de la Mayenne et du Haut-Anjou
Pour ce faire, l'ARS annonce le recrutement d'assistants de régulation médicale.
Une harmonisation des services d'urgence dans le département
Plus généralement, il s'agissait de restituer une étude commandée par Samu Urgences de France pour améliorer le système d'accueil de soins d'urgence dans le département.
"Le principe, ça va être que dans les trois établissements, il faut qu'il y ait les mêmes règles pour dire qu'on est ouvert, fermé ou régulé" résume Denis Roth membre de l'Association de Citoyens Contre les Déserts Médicaux, une des deux associations d'usages des services de santé en Mayenne invités en Préfecture aux conclusions de cette réunion du lundi 2 décembre.
"Le cœur du problème, c'est que nous manquons d'urgentistes sur le territoire de la Mayenne" affirme Sébastien Tréguenard, directeur du Centre Hospitalier de Laval et du Groupement Hospitalier de Territoire de la Mayenne et du Haut-Anjou
"Il faut essayer de mettre en place une équipe territoriale d'urgentistes à l'échelle des trois établissements, pour raisonner à l'échelle globale et non plus simplement locale, établissement par établissement, pour essayer d'allouer les moyens là où il est le plus nécessaire qu'ils soient présents" détaille Sébastien Tréguenard au lendemain de cette réunion en Préfecture.
"Je sens bien qu'ils essaient de faire au maximum pour que ça se passe au mieux. Mais comme on n'a pas assez de médecins. Ce n'est pas rassurant, quoi qu'il arrive" commente pour sa part Denis Roth.
Même circonspection du côté d'Audaces 53, l'autre association d'usagers conviée à la réunion de travail sur les services d'urgence en Préfecture de Laval.
Quatre nuits non régulées en novembre à Laval
Preuve de la tension sur l'offre de soins : selon nos informations confirmées par la direction de l'Hôpital de Laval, seules quatre nuits ont donné lieu au mois de novembre à un accueil complet des patients aux urgences.
Comme le précise l'Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire, l'accueil "régulé" signifie l'accueil des urgences vitales uniquement.
"En cas de régulation, les urgences ne sont pas « fermées »" nous affirme l'A.R.S. par mail daté du 3 décembre.
"Les patients sont invités à consulter leur médecin traitant ou à contacter le 15, le 116-117 (à partir de lundi), où ils seront orientés par un professionnel de santé" détaille l'Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire.
L’orientation du patient tient compte de son besoin de santé. Si celui-ci est urgent il est admis aux urgences. Si le patient a un besoin de santé ne relevant pas de la médecine d’urgence, il est conseillé ou réorienté vers la filière de soins adaptée (médecine de ville ou établissement de santé)
Agence Régionale de Santé des Pays de la LoireMail du mardi 3 novembre 2024
Un mois de décembre compliqué
Caroline Brémaud, médecin urgentiste au Centre Hospitalier de Laval, évoque même de son côté des nuits passées sans médecin dans l'unité mobile du SMUR, Structure Mobile d'Urgence et de Réanimation composée normalement d'un médecin urgentiste, d'un infirmier et d'un ambulancier.
"Ça va nous arriver régulièrement d'avoir qu'un seul SMUR ouvert pour toute la Mayenne" prédit Caroline Bremaud.
"Ça nous est déjà arrivé en novembre d'avoir qu'un seul service d'urgence ouvert la nuit pour toute la Mayenne, mais ça va nous arriver de nouveau en décembre" affirme-t-elle.
C'est tellement inconfortable actuellement le travail que j'arrête les gardes de 24 heures à partir du 1er janvier
Caroline Brémaudmédecin urgentiste au Centre Hospitalier de Laval
"Le mois de décembre est effectivement compliqué" concède Sébastien Tréguenard, directeur du Centre Hospitalier de Laval et du Groupement Hospitalier de Territoire de la Mayenne et du Haut-Anjou.
"C'est la raison pour laquelle il est urgent de changer de modèle pour nos hôpitaux, pour pouvoir très rapidement, au cours de 2025, se donner de nouvelles règles de fonctionnement en ce qui concerne les urgences, mais aussi le SMUR" affirme-t-il.
Le directeur du Centre Hospitalier prend toutefois un engagement pour la fin de l'année : "le 31 décembre sera opérationnel et non régulé, le 24 on cherche encore des solutions" annonce Sébastien Tréguenard.
De son côté, l'Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire précise qu'un plan d'action devrait être présenté à la fin du mois de janvier 2025.
D’ici la fin du mois de janvier, un plan d’action opérationnel, préparé avec les professionnels de santé, sera proposé dans le cadre d’un contrat d’engagement
Agence Régionale de Santé des Pays de la Loiremail du mardi 3 décembre 2024
De son côté, sur ce calendrier, Sébastien Lardeux secrétaire général Force Ouvrière 53 et membre du syndicat FO du Centre Hospitalier du Nord-Mayenne conclut "On ne règle jamais les problèmes. On s'adapte aux problèmes. Et ça, c'est pénible".
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