Le long épisode de gel d'avril a montré la fragilité du métier de vigneron, trop tôt pour dire quelle sera la vendange 2021, mais assurément l'interprofession des vins de Loire anticipe déjà les conséquences sur les marchés, la vinification en cours de la vendange de 2020 est pleine de promesses.
Il est beaucoup trop tôt pour évaluer les pertes avec précision, l'impact définitif de la période de gel de la première quinzaine d'avril sera connu avec précision à la fin de l'année, au moment de la déclaration de récolte.
Jean Bosseau au Pallet en Loire-Atlantique a fait le tour de ses vignes, "pour l'instant 100% de mon vignoble a gelé, mais déjà on voit de nouveaux bourgeons apparaitre. La récolte sera plus faible en volume, mais tout n'est pas perdu".
Chez Pierre-Jean Sauvion à Vallet en Loire-Atlantique "on attend de voir si les contre-bourgeons seront fertiles ou pas. On continue le travail au sol, on voit que la vie reprend dans les vignes, et on se dit ça vaudra le coup !"
C'est la "repousse" qui ne se produit pas partout au même moment selon que l'on cultive la vigne en Loire-Atlantique, en Touraine ou dans le Puy-de-Dôme, au long du fleuve Loire !
Du Muscadet en terrasse !
L'interprofession des Vins de Loire se veut raisonnablement optimiste pour cette année 2021. Car pour l'instant les viticulteurs travaillent la récolte de l'an dernier. "La nature a été sévère avec nous en 2021, mais en 2020 elle nous a offert un millésime de qualité et quantités exceptionnelles. Ce millésime 2020 va nous aider à maintenir un niveau de disponibilités satisfaisants" indique Pierre-Jean Sauvion à Vallet son vice-président.
Et il ajoute : "On attend que les terrasses rouvrent pour nous passer de nouvelles commandes. On se prépare à être réactifs, car tout le monde va vouloir du vin en même temps".
En attendant, les vignerons affinent leur vin dans les caves, forcément les beaux jours reviendront !
Des tours antigel
L'épisode de gel d'avril 2021 est inédit par son ampleur, les vignerons ne découvrent cependant pas qu'il peut faire très froid au printemps. D'autant que déjà en 2016, 2017 et 2019, le gel les avait durement frappés. "Ces 5 dernières années, plus de 400 tours antigel ont été installées dans nos vignobles. Il nous faut continuer le déploiement de ces dispositifs de protection, aspersion ou fil chauffant également" indique Lionnel Gosseaume, le président d'Interloire. Et il ajoute, "l'interprofession interpelle les pouvoirs publics pour un accompagnement de la filière".
Si le prix de ces dispositifs est un premier frein important à leur installation, secondement leur efficacité n'est pas totale. "Selon le dégré d'humidité, la vitesse du vent, la tour antigel peut voir son efficacité réduite de moitié, et puis les aides avaient été apportées à des groupements pour l'achat de tours mobiles, et si, comme le 5 avril dernier, tous les viticulteurs en ont besoin la même nuit... ça ne marche pas !" ajoute, dubitatif, Pierre-Jean Sauvion.