Selon le peintre et sculpteur Rémy Le Guillerm, les plasticiens sont les grands oubliés de la crise économique, consécutive à la pandémie. Sans régime spécifique, ils ont subi de plein fouet la fermeture des lieux d'exposition et des cours d'enseignement artistique.
Dans une tribune qu'il vient de publier, l'artiste sarthois Rémy Le Guillerm demande aux pouvoirs publics et, notamment, aux maires d'aider les plasticiens les plus précaires.
Selon lui, "les peintres, les sculpteurs, les dessinateurs et les photographes libres n'ont jamais bénéficié du régime des intermittents du spectacle : il leur faut toujours un travail alimentaire en plus. Encore faut-il qu'ils en trouvent un."
Car ce sont bien ces métiers alimentaires qui ont fait défaut aux plasticiens durant la période de crise sanitaire : ateliers, expositions, cours d'arts plastiques, conférences. "C'est l'angoisse pour la grande majorité d'entre eux", indique Rémy Le Guillerm dans sa lettre ouverte.
A moins qu'ils n'émargent dans les marchés de l'art spéculatif, la grande majorité des plasticiens sont ignorés, voire hors sérail, méprisés par le ministère de la culture ou par les directions régionales des affaires culturelles.
C'est donc un appel à la solidarité, tant auprès des pouvoirs publics qu'auprès des entreprises privées, que le plasticien entend relayer. Rémy Le Guillerm plaide pour des achats d'œuvres par les municipalités ou, à défaut, pour la réouverture des lieux d'exposition.
Côté privé, le Sarthois rappelle que les entreprises peuvent, elles aussi, redécorer leurs espaces d'accueil et leurs réceptifs "avec autre chose que les sempiternelles et fatigantes reproductions de bateaux et autres vasques défleuries".
Il est temps de révolutionner la culture d'entreprise en achetant des œuvres réelles, sachant en plus que 60 % de chaque achat est déduit des impôts dans le cadre du mécénat d'entreprise.
Dans sa lettre ouverte, Rémy Le Guillerm rappelle que bon nombre de villes vivent économiquement grâce aux festivals d'arts plastiques.
Un "business" de la culture dont les auteurs sont rarement les premiers bénéficiaires. L'artiste conclut ainsi sa diatribe : "Que d'occasions perdues pour apporter aux citadins, aux employés, aux jeunes, aux enfants (...), cette beauté de la culture qui nous est due, pourtant indispensable à l'épanouissement individuel des citoyens. Ce n'est pas la culture qui coute cher à développer, non. C'est son absence qui nuit à l'épanouissement et à la cohésion de la société."