Ce 31 décembre 2024 sera le dernier jour d'activité professionnelle pour Martine et Pierre Jardin, agriculteurs à Brûlon, dans la Sarthe. A 65 ans, ils prennent leur retraite après 42 ans d'activité sur l'exploitation. C'est un de leurs trois fils qui va reprendre la ferme.
Avec Edmond, ce sera la 9ᵉ génération qui prendra possession de la ferme située à Brûlon, à l'ouest du Mans.
Edmond Jardin est l'un des quatre enfants de Martine et Pierre Jardin. Il a suivi la voie de ses aïeux et il est déjà installé. Au premier janvier prochain, il reprendra officiellement le cheptel et les terres fourragères.
En retraite le 1er janvier
Pour Martine et Pierre, l'heure de la retraite a sonné. Ce mardi 31 décembre sera le dernier jour où le réveil les fera lever pour ce travail exigeant, mais passionnant d'éleveur de bovins. Une centaine de vaches allaitantes, des Limousines, les marchés à assurer, la vente directe, les terres à cultiver... les journées étaient longues et bien occupées.
"T'en veut Omega ?" interroge Martine en approchant le seau de nourriture du museau du bovin.
"Quand on les appelle, on en a qui viennent, dit-elle en caressant l'oreille de la vache limousine. Ce que je n'aimais pas, c'est quand elles avaient cassé les fils électriques et qu'il fallait débrancher, réparer, les mettre dans la bonne parcelle. Je n'étais pas trop contente parce qu'on y passe du temps."
Martine avoue qu'elle était attachée à certaines bêtes.
Ce qui était dur pour Pierre, c'était de les emmener à l'abattoir.
Martine JardinAgricultrice
"Il est temps qu'on arrête, on a l'âge d'arrêter, consent l'éleveuse. Physiquement et moralement, on a besoin d'autre chose. Mais c'est quand même un pincement au cœur de laisser son activité, sa ferme, ses animaux. On croit que c'est simple, mais pour les agriculteurs, ce n'est pas si simple que ça. On a une passion qu'on a transmise à nos enfants, mais on voudrait qu'elle continue après aussi. Pour les générations futures, c'est compliqué de s'installer, d'investir. Il faut qu'ils soient hyper motivés".
"C'est un sacerdoce"
Martine pense à ces repas de famille perturbés par des vêlages, ces soirées annulées, ces week-ends passés à moissonner.
"C'est un sacerdoce. Ça va changer notre vie, admet l'agricultrice qui sent bien que l'accueil des clients à la ferme, la livraison dans les écoles, tout ça va lui manquer. "Ce qui va me faire plaisir, c'est de ne plus avoir autant d'administratif à gérer !".
Le travail à la ferme lui plaisait beaucoup et Martine est heureuse de voir leur fils poursuivre l'activité. Même s'il travaillera sans doute de manière différente. Il n'a pas prévu de continuer la vente directe. Et puis le couple donnera probablement, de temps en temps, un coup de main. Ils habiteront toujours dans leur maison, située sur l'exploitation de Brûlon. Ils garderont un œil sur le cheptel.
Ça ne va pas faire un grand vide d'un seul coup, on va se mettre en recul tout doucement.
Martine JardinAgricultrice
La future retraitée dit avoir plein de projets pour occuper ce temps libre dont elle va désormais bénéficier avec son mari : bricolage, peinture, rénovation, jardinage...
"Et puis, plus de sorties et de promenades. On était 7 jours sur 7 à la ferme, donc là, on va en profiter pour prendre notre temps et faire des choses. Se lever moins tôt le matin et rentrer plus tôt le soir à la maison !", sourit Martine.
Passer plus de temps ensemble
Pierre, quant à lui, a bien l'intention de ne pas passer trop de temps à l'intérieur, mais de continuer de vivre à l'air libre comme son métier l'exigeait. Il ne sait pas encore exactement comment il va remplir cette retraite, mais il sent bien qu'il va trouver des occupations intéressantes.
"Ce que je souhaite, c'est de passer plus de temps avec Martine, dit-il. Faire des choses ensemble."
Il aura plaisir lui aussi à rester en contact avec les animaux, "le vivant", dit-il, mais il apprécie d'entamer une nouvelle vie où les journées vont s'alléger.
Le couple a également pour projet de voyager et aller voir, notamment, leur fille, infirmière à Tahiti. La seule de la fratrie (trois garçons et une fille) qui n'a pas suivi la filière agricole.
► Voir le reportage de Caroline Ditte, Nathan Vildy et Joakim Arlaud
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