La dessinatrice de presse, rescapée de l’attentat de Charlie Hebdo, était en dédicace, samedi 11 janvier 2024, à la librairie Bulle, au Mans. Elle y présentait son dernier ouvrage "Pauvres Bêtes", au sujet de la condition animale.
C'est tout un symbole. Assise, au fond de la libraire Bulles du Mans, Coco dédicace deux livres pour les enfants de Frédéric Martin. Autrement dit, elle, la rescapée de l’attentat contre Charlie Hebdo signe ses ouvrages au négociateur du RAID lors de la prise d’otage meurtrière à l’HyperCacher.
Ces drames avaient eu lieu à deux jours d'intervalles. Les 7 et 9 janvier 2015, deux dates désormais ancrées dans la mémoire collective. Dix ans plus tard, ce samedi 11 janvier, Coco et Frédéric Martin avaient alors beaucoup à se dire.
Dans la file d'attente, Gilles tient dans ses mains le livre "Dessiner encore". Cet ouvrage n'est pas le dernier de Coco. "Je l'ai pris avec moi parce qu'il parle des attentats", souligne le Manceau. Publiée en 2021, cette bande dessinée (BD) est un récit graphique bouleversant. Coco y raconte son 7 janvier 2015 et le long chemin de sa reconstruction.
"Ce jour-là, j'étais à Paris. Ça s'est passé pas très loin de là où je travaillais", confie Gilles dont l'émotion est restée intacte.
L'esprit Charlie toujours présent ?
L'ensemble des dédicataires l'assurent, ils sont encore Charlie. Comme l'étaient des millions de Français à la suite des attentats. Le 11 janvier 2015, les rues de France avaient effectivement été le théâtre de manifestation en hommage à l'hebdomadaire satirique. Des foules immenses, unies sous un même slogan : "je suis Charlie".
Mais que reste-t-il de l'esprit Charlie ? D'après une analyse du politologue Jérôme Fourquet, le pays se serait morcelé à ce sujet. La faute, pour certains à quelques caricatures trop provocantes, voire choquantes.
Une mauvaise raison pour Pascal. Le Sarthois, lui-même dessinateur, attend de faire dédicacer son livre. "Ceux qui pensent qu'on n'est pas capable de rire de tout ne m'intéressent pas", juge-t-il. Plus loin, Maryse, fidèle lectrice de Charlie Hebdo, répète qu'il faut continuer de défendre la liberté. "C'est vital", fixe-t-elle.
Les gens sont attachés à la liberté d'expression, mais tout le monde n'est pas obligé d'être Charlie
CocoDessinatrice de presse
De son côté, Coco maintient que la France n'est peut-être pas aussi "moins Charlie" que ce qu'il se dit. "Le sondage publié cette semaine vient contrecarrer cette petite musique qu'on entend depuis quelques mois", appuie-t-elle.
La dessinatrice fait ainsi référence aux chiffres publiés par le journal satirique le 7 janvier dernier. D'après eux, 76 % des Français considèrent que la liberté d’expression, dont la liberté de caricature, est un droit fondamental. Soit 18 % de plus par rapport à 2012.

"Tout le monde n'est pas obligé d'aimer les dessins. Ils sont bien sûr offensants, outrageants, mais ils sont là pour ça. Le dessin satirique critique toutes les idéologies, mais il ne s'en prend pas aux êtres humains", détaille Coco.
Un livre pour sensibiliser à la cause animale
Défenseuse de la liberté d'expression d'une part, Coco est aussi une grande défenseuse de la cause animale. C'est d'ailleurs tout l'objet de son dernier ouvrage Pauvres bêtes ! Voyage au cœur de la condition animale (éditions Les Échappées).
"La protection animale, ça fait partie des sujets que j'ai défendus dans Charlie Hebdo qui a été un des premiers journaux à mettre une rubrique à ce propos dans ses pages", assure Coco.
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Alors, cette nouvelle BD elle l'a construit sous la forme d'un travail journalistique engagée, en mettant en images des reportages.
Tout cela forme un plaidoyer, dénonçant l’exploitation et la maltraitance dont sont victimes les animaux dans notre société. Mais pour aller plus loin que la critique, la dessinatrice donne aussi à voir les actions concrètes, de celles et ceux qui luttent au quotidien pour la cause animale.
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