Un programme immobilier avenue Bollée, un immeuble de 16 mètres quai Louis Blanc : des Manceaux se révoltent contre ces projets « mal placés ». Ces constructions menacent les espèces végétales selon eux.
Maquis a posé sa tente a même le sol, sur le trottoir très fréquenté de l’avenue Bollée. Il y passe ses journées, plusieurs nuits d’affilées, fraiches, bruyantes, inconfortables.
affirme l’activiste écologique de 70 ans.Psychologiquement, vous ne sentez pas ce qui se passe dans votre corps. Pendant mes 10 années de lutte à la ZAD de Notre Dame des Landes, je dormais dans une cabane. J’en ai connu d’autres des situations précaires
Juste devant son abri de fortune, un chantier. Celui d’un programme immobilier. Des immeubles vont bientôt sortir de terre. Mais au milieu des pelleteuses et des gravats, un cèdre du Liban de 150 ans résiste. Pour l’instant.
C’est pour ce conifère que Maquis se bat à nouveau. L’arbre gigantesque pourrait être coupé car il devient gênant pour l’avancée du chantier.
« Pourquoi veulent-ils retirer l’arbre ? L’Amazonie brûle, l’Australie brûle. Nous avons quelques arbres comme celui-ci en France. Il faut les garder » assène-t-il.
Au Mans, cette situation n’est pas isolée. Des habitants ont lancé une pétition pour empêcher la construction d’un immeuble de 16 mètres quai Louis Blanc, à deux pas du vieux Mans. Selon ces habitants, des arbres pourraient être rasés. Des animaux seraient alors privés d’habitat naturel.
Il y aurait aussi une autre conséquence, esthétique.
« Ce projet de construction d’un immeuble collectif (R+3 16m63 soit presque 17m) face au vieux moulin sur la Sarthe, dans le prolongement de l’escarpement de la Cité Plantagenêt porterait gravement atteinte à la qualité architecturale et à l’aspect visuel de l’ensemble. De plus il ne serait pas un atout pour l’inscription de la muraille au Patrimoine Mondial de L’Unesco» souligne la pétition.
Ce type de projet immobilier se multiplie au Mans. Le résultat de la nouvelle politique urbaine de la métropole. La ville a décidé de freiner son étalement urbain sur les terres agricoles pour protéger les zones naturelles. La contrepartie : densifier le centre-ville pour accueillir une nouvelle population.
On voit des familles recomposées qui arrivent. Elles n’ont pas forcément envie d’habiter dans des maisons en périphérie. Ces familles préfèrent rester en centre-ville, où elles trouvent toutes les commodités. C’est important de leur proposer une offre
se justifie Catherine Gouhier, vice-présidente du Mans Métropole déléguée à l’urbanisme.
Devant la montée de la contestation, l’ancienne membre d’Europe Ecologie-Les-Verts passée du côté de Génération.s répond : « il ne faut pas rester bloqué sur son petit carré, mais plutôt prendre du recul et regarder l’ensemble de la ville. Il y a énormément d’espaces verts, 26 parcs pour 150 000 habitants. Alors retirer quelques arbres pour loger les habitants, ce n’est pas dramatique ».Maquis devant ce Cèdre n’en démord pas. Il prévient : « si le cèdre est coupé, on provoquera quelque chose de gros. Ça va péter ».
Le reportage de Vincent Lamhaut et Lucas Baron.