Deux études publiées ce jeudi 23 janvier ont détecté du TFA en forte quantité dans l'eau du robinet de six communes des Pays de la Loire. Un polluant qui n'était jusqu'alors pas recherché, mais susceptible de favoriser certains cancers.
C'est une commune rurale située entre Tours et Le Mans.
Lavernat, 585 habitants, et plus de la moitié des terres occupées par des activités agricoles, fait partie des 30 communes françaises où l'eau du robinet a été analysée par l'UFC Que Choisir et l'ONG environnementale Générations Futures, et se distingue par un taux particulièrement élevé d'acide trifluoroaacétique (TFA).
1 100 nanogrammes par litre
Avec 1 100 nanogrammes par litre, la concentration mesurée à Lavernat dépasse 11 fois le seuil règlementaire pour les métabolites de pesticides présentant un risque sanitaire, fixé à 100 nannogrammes par litre.
Pour mener leur étude, l'UFC Que Choisir et Générations Futures avaient choisi des communes aux profils différents : des villages, des grandes villes, ou des endroits connus pour leur proximité avec des sites industriels.
Un laboratoire indépendant a mesuré, dans l'eau du robinet, la présence de 29 substances, parmi lesquelles le TFA, qui n'était jusqu'alors pas recherché. Si les deux organismes s'attendaient à détecter des polluants, ils ont été surpris par la très forte présence de ce résidu, présent dans 24 prélèvements sur les 30 villes testées.
"Nous avons trouvé des niveaux bien supérieurs d'ailleurs à tous les autres PFAS, auxquels nous ne nous attendions pas dans l'eau du robinet en France"
François VeillerettePorte-parole de l'ONG Générations Futures
S'il n'est pas le plus dangereux des PFAS, le TFA est une molécule recensée dans 45 références de pesticides utilisés en Europe, comme le Flufénacet, un herbicide reconnu en septembre 2024 comme un perturbateur endocrinien par l'autorité européenne de sécurité des aliments, et susceptible de favoriser certains cancers ou des maladies thyroïdiennes.
Une seconde étude montre de fortes concentrations de TFA
Pour l'instant, le TFA ne fait pas partie des 20 molécules mesurées dans le cadre de la directive européenne sur l'eau potable.
Mais d'autres pays européens ayant commencé à mener des études, ce résidu de pesticide a aussi retenu l'attention du laboratoire Eurofins, qui publiait également ce jeudi 23 janvier le résultat de ses recherches, menées grâce à des employés qui ont prélevé chez eux de l'eau du robinet.
Cette seconde étude met en évidence la présence massive de TFA dans l'eau du robinet de cinq communes des Pays de la Loire. Entre 1 200 et 2 700 nanogrammes par litre mesurés à Nantes (44), Sucé-sur-Erdre (44), Haute-Goulaine (44), Auzay (85) et les Sables-d'Olonne (85).
L'eau est officiellement conforme à la consommation
Là encore, les seuils de TFA sont entre 12 et 27 fois supérieurs à ce qui est autorisé pour les métabolites de pesticides. Pour autant, l'eau est officiellement conforme à la consommation. Les 20 molécules testées dans le cadre de la directive européenne sont mesurées dans des teneurs entre 1 et 2 nanogrammes par litre d'eau potable.
Pour François Veillerette, de Générations Futures, "cela nous montre que la norme actuellement utilisée en France pour les PFAS dans l'eau de robinet n'est pas suffisamment protectrice. Le TFA n'est pas du tout recherché, alors qu'il s'agit du PFAS le plus utilisé, celui que l'on retrouve en plus grande quantité."
Si l'étude d'Eurofins relève d'une simple curiosité scientifique, les analyses commandées par l'UFC Que Choisir et Générations Futures visent à alerter sur cette présence massive d'un polluant jusqu'alors invisible.
Maintenant, c'est aux autorités officielles de mettre en place une recherche systématique de tous les PFAS, y compris le TFA, sur l'ensemble du territoire
François VeillerettePorte-parole de Générations Futures
Les deux organismes souhaitent aussi que de nouvelles normes soient définis, en abaissant les seuils tolérés pour la présence de pesticide.
Les demandes comportent aussi l'arrêt de l'utilisation des pesticides ou des substances industrielles générant ces polluants éternels, afin que ces derniers cessent de s'accumuler dans l'environnement et de contaminer l'eau potable.
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