Les Pays de la Loire, avec en particulier le Sarthois Jean-Michel Bazire, ont fourni trois des six derniers vainqueurs de la plus grande course de trot attelé du monde. Cette année, le contingent normand semble un poil mieux armé pour briller ce dernier dimanche de janvier sur l'hippodrome de Paris-Vincennes. Quoique...
Créé en 1920 pour remercier l'aide américaine lors de la Première Guerre mondiale, le Prix d'Amérique est la course la plus prestigieuse de trot attelé dans le monde. Le rêve de chaque entraîneur, driver, éleveur et propriétaire.
Les 18 meilleurs trotteurs de France et d'Europe (les Américains ne viennent pas souvent) s'affronteront sur la piste cendrée de Vincennes, dimanche 26 janvier, à 16 heures.
Lancés à plus de 50 km/h, les chevaux parcourent les 2 700 mètres, la distance reine, en 3 minutes à peine. Le gagnant empoche un peu moins de 500 000 euros. La course offre au total 1 million d'euros partagés entre les sept premiers.
Normandie versus Pays de la Loire
La plupart des chevaux sont entraînés en Normandie, souvent dans l'Orne. Mais les Ligériens ne sont pas en reste. Après deux victoires des Bazire, Nicolas, le fils en 2022, Jean-Michel, le père en 2023, la Normandie a repris la couronne lors de la dernière édition avec le crack Idao de Tillard. Encore en lice cette année.
Pour participer, un trotteur doit terminer parmi les quatre premiers de l'une des quatre courses qualificatives. Il n'est d'ailleurs pas obligé de toutes les courir.
Les entraîneurs préfèrent faire l'impasse sur certaines courses préparatoires pour garder de la fraîcheur. Car ces courses, dites les "4B" (Prix de Bretagne, du Bourbonnais, de Bourgogne et de Belgique) sont espacées chacune de 15 jours.
Cette saison, pour le meeting d'hiver 2024-2025, les règles de qualification au Prix d'Amérique ont été modifiées. Avant, seuls les trois premiers décrochaient leur ticket. Cette règle permet la participation des chevaux les plus en forme cet hiver.
Deux autres tickets sont distribués pour des chevaux plus jeunes : le Prix Ténor de Baune et le Critérium Continental. Des épreuves classées Groupe I (le plus haut niveau des courses) et donc déjà des objectifs en soi.
Prix de Bretagne, le Mayennais Hussard du Landret ne tremble pas
Déjà vainqueur en 2023 de la première course qualificative, le champion de Benoit Robin, entraîné à Louvginé en Mayenne, remet le couvert un an plus tard, le 17 novembre. À deux mois de l'objectif, Hussard du Landret montre qu'il est déjà affûté.
Ce trotteur millionnaire a été élevé en Ille-et-Vilaine. C'est un pur produit de l'ouest. Il fera partie des chevaux en vue le jour J, même s'il a laissé des regrets dans les autres courses qualificatives. Certes, il les a courues sans pression, mais pas sans ambition et a été malheureux, gêné par un concurrent, dans le Prix de Bourgogne fin décembre.
Le Sarthois Hooker Berry, entraîné par Nicolas Bazire, le fils de Jean-Michel, vainqueur du Prix d'Amérique en 2023 avec le père au sulky, décroche son ticket en se classant 3ème.
Just Love You, la pépite de la famille Abrivard, installée à Bouloire dans la Sarthe, s'empare de la 4ème place. Elle sera également de la partie !
Prix du Bourbonnais, le driver vendéen Eric Raffin remet les pendules à l'heure
"L'autre jour, j'ai très mal drivé. Cela me tenait à cœur de le qualifier." Le meilleur driver français, originaire de Challans (Vendée) ne fait pas la même erreur deux fois de suite.
Eric Raffin avait terminé 6ᵉ avec Josh Power dans le "Bretagne". Un trotteur normand, leader de sa génération, qu'il apprenait à connaître ce jour-là, car il remplace son driver et entraîneur habituel, sur la touche cet hiver.
Lui n'est pas attendu à la fête, l'outsider Fakir de Mahey fait parler sa dureté pour résister après un énorme effort pour prendre la tête de la course. Il termine 4e. Ce trotteur d'âge est entraîné par Mathieu Mottier à Lassay-les-Châteaux (Mayenne).
Dans cette course, le vainqueur du dernier Prix d'Amérique, Idao de Tillard, considéré comme le meilleur trotteur européen actuel, déçoit ses preneurs. Sa candidature pour "l'Amérique" est incertaine.
Prix de Bourgogne, Idao de Tillard se réhabilite
C'est une course assez spéciale parmi les qualificatives, car c'est une course de vitesse. Elle sert à monter en condition. Et sur 2 100 mètres, le Normand Idao de Tillard montre qu'il est le patron.
Hussard du Landret, le Mayennais, est complètement ralenti dans le dernier tournant par un concurrent à la faute qui ne parvient pas à se retirer. À un mois de l'objectif final, il était prêt à en découdre, ne courant pas que pour entretenir sa condition.
Une autre Sarthoise de la famille Abrivard, Inmarosa, sera également malheureuse. Elle n'aura plus qu'une seule chance pour décrocher son ticket : le Prix de Belgique, disputé 15 jours avant la "belle".
Prix de Belgique, un billet in extremis pour l'Angevin Ideal Ligneries
Arrivé dans le Maine-et-Loire à l'été 2024, Ideal Ligneries est entraîné et piloté par Jean-Philippe Monclin. Un entraîneur de plus en plus en vue dans les programmes. Le cheval âgé de 7 ans prend une belle 2e place. La gagnante Iroise de la Noë a le même âge mais beaucoup moins de courses à son actif. Elle est toute neuve et a fait forte impression. Un cavalier seul.
Hooker Berry se montre encore redoutable et monte sur la dernière place du podium. En prenant un second billet, il laisse donc une chance supplémentaire à d'autres chevaux de courir le "Prix d'Am".
Une fois tous les tickets distribués, ce sont les chevaux les plus riches aux gains qui peuvent se qualifier et compléter la grille de départ. La Sarthoise Inmarosa, qui échoue ici à la 5e place, a justement profité d'un forfait dans la dernière semaine et arrache in extremis sa place. Elle tentera de faire mieux que l'an dernier (11e).
Prix Ténor de Baune, Just Love You n'a besoin de personne
Déjà qualifiée par sa place dans la première des "4B", la pépite sarthoise n'avait pas de pression pour décrocher son ticket. Elle s'impose brillamment face aux seuls chevaux de sa génération (les 5 ans qui en ont 6 après le passage à la nouvelle année) dans ce qui était son premier objectif de l'hiver. Car cette course n'est pas un tremplin, c'est avant tout un sommet doté de 240 000 euros d'allocations. Près de la moitié au gagnant.
L'histoire est d'autant plus belle que la pouliche est miraculée. Elle a survécu à un accident de camion en se rendant aux courses un an plus tôt. Dans cet accident, son partenaire Alexandre Abrivard a été lourdement blessé.
Critérium Continental, le Mayennais Mathieu Mottier conduit un autre de ses chevaux vers l'Amérique
Cette fois, ce sont les jeunes chevaux de quatre ans qui s'affrontent. Ils en auront 5 lors du Prix d'Amérique.
Keep Going, leader de sa génération, ne tremble pas pour briller dans cette course de vitesse labellisée Groupe I également. Il empoche le même chèque que sa voisine sarthoise et ouvre les portes du rêve à son entourage.
Rares sont les champions de 5 ans à briller dans le Prix d'Amérique, mais Mathieu Mottier, son driver-entraîneur l'a préféré à Fakir de Mahey. Il va donc s'installer à son sulky. C'est dire la confiance qu'il place en lui.
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