Après l'échec de l'implantation d'un entrepôt Amazon à Montbert au sud de Nantes, Christelle Morançais, la présidente de la région des Pays de La Loire, cherche un terrain d'au moins 18 hectares dans la Sarthe pour installer le site du géant américain. L'opposition dénonce un projet archaïque.
Amazon, entre attraction pour les uns et répulsion pour les autres. Il y a d'abord eu une tentative d'implantation à Montbert au sud de Nantes menée dans la plus grande discrétion, tant par les élus locaux que de la part de la multinationale, et finalement abandonnée devant les oppositions suscitées.
Cette fois ci, c'est la présidente du conseil régional des Pays de la Loire qui tente de réussir une implantation dans le grand ouest, et tant qu'à faire, dans son département d'origine.
À Montbert, le dossier avait tout pour réussir pour les élus LR de la communauté de communes qui voyaient déjà l'entrepôt construit sur une friche en attente d'utilisation. C'était sans compter sur les réseaux altermondialistes, prompts à se mobiliser, et sans doute galvanisés par l'abandon du projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes.
Nombre des emplois contre qualité de l'emploi
Cette fois-ci, Christelle Morançais, la présidente du conseil régional des Pays de la Loire, joue la carte de la transparence, en se disant favorable à l'implantation de ce gigantesque entrepôt de 185 000 m² et 1500 emplois, tel qu'il était prévu initialement en Loire-Atlantique. Si elle se dit favorable à cette implantation, pour autant, elle ne dit rien de la possibilité d'y parvenir, ni sur sa localisation. Pas plus que de la réalité des contacts pris avec le géant américain du commerce en ligne.
De son point de vue, c'est la question de l'emploi qui importe. "Sur la Sarthe ou sur l'ensemble des départements de la région, je suis favorable à une implantation d'une plateforme Amazon, si ça ne se fait pas chez nous ce sera soit sur un département ou une région limitrophe ou aux frontières de notre pays. Derrière, ce sont 1500 emplois qui sont à la clé".
L'opposition au conseil régional ne voit pas comment elle pourrait argumenter différemment, en Loire-Atlantique ou en Sarthe, Amazon fait figure de repoussoir.
Nathalie Archain-Haudebourg, porte parole de la France Insoumise en Sarthe argumente : "On est en dehors de l'urgence écologique. La première chose, c'est la préservation des terres agricoles, la seconde c'est la préservation de l'emploi de proximité, local et de qualité. Et puis avoir un projet humain. Amazon respecte assez peu les conditions sociales, sans parler de l'évasion fiscale".
Au marché de Coulaines dans la banlieue du Mans, les avis sont partagés. "Grandes surfaces et surconsommation semblent désormais des figures du passé" dit une passante. Sur la question de l'emploi, "forcément, 1500 emplois, plus ceux qui ne manqueront pas d'apparaître alentours méritent qu'on s'y attarde" affirme un homme, tandis qu'un dernier pose la question : "de quelle qualité et niveau d'emploi s'agit-il ?"
En Sarthe ou en Mayenne
Et si l'atterrissage d'Amazon dans la Sarthe n'est pas réalisable, c'est le département voisin de la Mayenne qui veut aussi y croire. Yannick Bordes, le maire de Saint-Berthevin dans l'agglomération de Laval est prêt à défendre le projet. Mais là encore, les oppositions sont vives, à commencer par celle de Laval agglomération. Son président Florian Bercault (Divers gauche) "rejette sur le fond et sur la forme l'hypothèse de l'implantation d'Amazon". Et il ajoute, "on ne peut pas aller chercher une entreprise qui concurrence le commerce local", a t'il déclaré à nos confrères de Ouest-France.
Le député de la Mayenne, Guillaume Garot, tout autant opposé, fait valoir de son côté que "un emploi créé chez Amazon en détruit deux dans le commerce de proximité".
Le projet #Amazon à Montbert (44) abandonné : un soulagement pour tous ceux qui s’étaient mobilisés pour défendre l’emploi local dans les commerces de centre-villes.
— Guillaume GAROT (@guillaumegarot) October 25, 2021
Rappelons-le : 1 emploi créé chez Amazon ➡️ 2 emplois détruits dans commerces proximité. https://t.co/vjFxxrCtCL
Attraction, répulsion, ou simplement rationalité. La possibilité d'accueillir un entrepôt Amazon XXL dans les Pays de la Loire sera peut-être arbitrée par un maire. Car ce sont les maires qui délivrent les permis de construire, et jusqu'à présent, peu d'entre eux se sont montrés favorables dans les communes ou agglomérations réunissant, accès routiers adaptés, et bassin d'emploi adéquat.