Les leaders du Vendée Globe sont entrés dans la zone des glaces, propice aux mauvaises rencontres avec les icebergs. La zone d'exclusion antarctique sert à protéger les skippers d’une éventuelle collision avec les glaces. La zone est surveillée de près par deux satellites et ajustée si besoin.
Tous les marins le savent, les mers du sud demandent une vigilance accrue du fait de la dérive des icebergs. Pour éviter qu'ils ne s'approchent trop près des glaces, les skippers du Vendée Globe sont dans l'obligation de respecter l'interdiction d'entrer dans la zone d'exclusion antarctique (ZEA).
Comme une glissière de sécurité, ils doivent laisser la ZEA sur leur droite tout au long de leur descente dans les latitudes du grand sud. C'est un enjeu de sécurité.
Hubert LemonnierDirecteur de course du Vendée Globe
Le suivi et la détection des icebergs par imagerie satellite est assuré par la société française CLS (Collecte Localisation Satellites), basée à Toulouse, et filiale du CNES, le Centre National d'Études Spatiales.
"On utilise deux satellites, le satellite européen Sentinel-1A du programme Copernicus, qui nous offre un balayage de quasiment tout l'océan Austral avec une très bonne résolution. Et le satellite canadien Radarsat-2, qui nous permet de programmer des images en urgence quand on veut recontrôler une zone juste devant les bateaux, comme on l'a fait pour contrôler la zone devant les leaders", explique Franck Mercier, ingénieur à CLS et responsable du projet Vendée Globe.
Grâce à ces moyens technologiques, CLS parvient à détecter des icebergs de 80 mètres de long. "L'exemple que je donne aux skippers, c'est qu'on est capable de détecter un iceberg de la taille de Fort Boyard : 80 mètres de long, 20 mètres de large, 20 mètres de haut", détaille l'ingénieur. Mais "le risque zéro n'existe pas".
Un iceberg de 80 mètres de long, quand il se disloque, ça fait des milliers d'icebergs de quelques mètres cubes qui peuvent être dangereux pour les bateaux. Ceux-là, on n'est pas capable de les détecter par imagerie satellite.
Franck MercierIngénieur à CLS
"Il faut rafraîchir régulièrement la zone d'exclusion"
Mouvante par définition, la zone d'exclusion a été définie une première fois début septembre. Elle est fixée devant le leader de la course. Et pour des raisons d'équité sportive, cette zone d'exclusion reste la même pour le leader et pour le dernier, sauf dans le cas où des icebergs sont détectés.
La zone a été modifiée à deux reprises depuis le départ de la course. "On l'a fait évoluer lorsque nous prenons des nouvelles images devant les leaders. Il faut conserver une marge de sécurité de 30 degrés, cela nous permet d'ajuster du mieux possible cette zone, pour diminuer le risque des icebergs et pour laisser aux skippers une marge de manœuvre importante par rapport au système météo. Parce que s'ils se retrouvaient bloqués par la zone d'exclusion sous un système météo un peu compliqué, ça pourrait devenir dangereux", précise Franck Mercier.
Grâce à cette surveillance quotidienne par satellite, les scientifiques peuvent anticiper les trajectoires des icebergs. "L'idée, c'est toujours d'avoir un temps d'avance sur la dérive des icebergs".
Le reportage de Mathieu Guillerot, Quentin Carudel, Valentin Boulay, Damien Raveleau et Mariano Zadunaisky
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