C'est l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron, le service sanitaire a été présenté ce lundi à Angers par les ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal. 47000 étudiants seraient concernés dès la rentrée 2018 et des expérimentations menées à Angers
Les futurs médecins, sages-femmes ou encore infirmiers au service de la prévention dans les écoles, les Ehpad ou les prisons, le gouvernement a précisé lundi les contours du "service sanitaire", promesse de campagne d'Emmanuel Macron, qui concernera 47.000 étudiants dès la rentrée 2018.
C'est à Angers que les ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal, ont détaillé la réforme, "première en Europe", en s'appuyant sur les recommandations d'un rapport du professeur Loïc Vaillant.
Un jeune sur quatre fumant quotidiennement en 2017, une obésité qui touche 3,5 % des enfants et s'avère 4,5 fois plus fréquente chez les enfants d'ouvriers que chez les enfants de cadres, 80% d'adultes sédentaires... "La fréquence des comportements à risque reste élevée en France", particulièrement "chez les jeunes et parmi les publics les plus fragiles socialement", relèvent les deux ministres dans un dossier de presse.
Pilier de la stratégie nationale de santé, la prévention vise à changer la donne pour lutter contre la morbidité évitable et des "coûts sociaux considérables" : 20,4 milliards d'euros pour l'obésité, 15 milliards pour l'alcool et 26,6 milliards pour le tabac. C'est dans ce contexte que tous les étudiants en médecine, maïeutique, pharmacie, soins dentaires et infirmiers, et kinésithérapie, soit 47.000 personnes par an, devront conduire, dès la rentrée, des missions de prévention "obligatoires" à l'obtention de leur diplôme, pour une durée de trois mois, de manière continue ou non, et sans rallonger la durée de leur cursus.
A partir de 2019, le dispositif doit être étendu à l'ensemble des filières en santé (ergothérapie, orthophonie, etc), portant le total des troupes à 50.000 "ambassadeurs de santé" par an. Animer des ateliers pour apprendre aux enfants les bienfaits d'une bonne alimentation et de l'activité physique, prévenir les addictions (alcool, tabac, etc) chez les ados ou encore parler sexualité et contraception dans les universités... Cinq thèmes "prioritaires" mais non "exclusifs" d'intervention ont pour l'heure été retenus, selon Mme Buzyn.
Dès le mois de mars, des expérimentations seront lancées dans des "territoires précurseurs" : Angers, Clermont-Ferrand, Caen et Dunkerque.
A Angers, de futurs médecins sont ainsi déjà intervenus, en binôme avec des étudiants pharmaciens ou infirmiers, dans des collèges et lycées de zones sensibles, où un renoncement aux soins "plus important que la moyenne nationale" est "associé à de moins bons indicateurs de santé", selon le rapport du Pr Vaillant.
Une expérience qui répond aux ambitions du service sanitaire, censé favoriser la collaboration entre professionnels tout en luttant contre les inégalités territoriales d'accès aux soins.
Aucune rémunération n'est prévue pour ce nouveau module, mais "les frais de déplacement seront pris en charge par l'État", promet le gouvernement, sans en préciser le coût. Dans son rapport, le Pr Vaillant fournit une "estimation très fruste" à 6,75 millions d'euros. Seul financement précisé par le gouvernement, une dotation de 400.000 euros pour "un dispositif d'évaluation embarquée" qui permettra "de recueillir nationalement les informations" sur le service sanitaire et "ses impacts".
Contacté par l'AFP, le président de l'Anemf (étudiants en médecine), Yanis Merad, "salue un plan ambitieux" face au "manque cruel de formation à la prévention" dont souffrent selon lui les étudiants en santé. Attention toutefois à ne pas "bâcler" la réforme, une "opportunité pédagogique avant tout" prévient-il, "vigilant" quant au "calendrier" proposé et aux moyens alloués en termes d'encadrement.
Le service sanitaire n'a pas vocation à "se substituer" aux actions et acteurs déjà impliqués dans le domaine de la prévention, assure Mme Buzyn, ni à "pallier" les difficultés rencontrées dans les déserts médicaux. Mais l'initiative pourrait s'avérer bienvenue dans les écoles, en pleine crise de la médecine scolaire... De son côté, Saphia Guereschi, du SNICS-FSU, regrette que son syndicat, qui représente plus de 64% des infirmières de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur, n'ait pas encore été "consulté".