Total met 1 millard d'euros sur la table pour racheter Saft. Le pétrolier a annoncé hier son rapprochement avec le groupe de batteries high-tech. Les 550 salariés de Poitiers se montrent plutôt optimistes mais s'interrogent sur la stratégie du groupe.
Le géant des hydrocarbures Total a annoncé hier dans un communiqué une offre de rachat pour prendre le contrôle de la Saft, leader mondial des batteries de haute technologie. Le Conseil de surveillance de Saft Groupe a approuvé à l’unanimité le projet de rapprochement avec Total, "conforme à l’intérêt de la société, de ses actionnaires et de ses salariés"."On est un peu surpris par cette vente", raconte Gilles Fouqueteau, délégué CFDT, syndicat majoritaire à Poitiers. "Nous n'avions pas eu vent d'un projet en discussion". Le syndicaliste se montre néanmoins plutôt optimiste : Total est un groupe français et n'est pas un concurrent direct de la Saft. Le risque d'une "mutualisation des moyens", souvent coûteuse en terme d'emplois, s'éloigne.
Le tournant des renouvelables de Total
"L’adossement de Saft Groupe à Total permettra à Saft de devenir le fer de lance du Groupe dans le secteur du stockage d’électricité", promet Patrick Pouyanné, PDG de Total, dans un communiqué de presse. Le pétrolier a précédemment racheté l'américain SunPower, spécialisé dans l'énergie solaire. L'acquisition de Saft participerait donc d'une diversification des activités du groupe français, qui met ainsi le pied dans les renouvelables.Ce début de stratégie rassure également la CGT. "Mais la production des batteries dédiées aux panneaux solaires ne représentent que 5% de notre production : nous agissons aussi dans la défense ou le spatial. Il ne faudrait pas qu'on morcelle notre activité", prévient Philippe Chaffaud, délégué syndical à Poitiers.
"Nous restons très attentifs : 25 emplois ont été délocalisés en République Tchèque l'an passé. 60 ont été supprimés sur le site de Poitiers depuis 2008", poursuit-il.
Les salariés y verront plus claire dans quelques semaines : un comité central d'entreprise doit se tenir début juin. Des informations complémentaires sur la stratégie envisagée par le nouvel actionnaire leur seront communiquées.
Pour convaincre les actionnaires de Saft, le groupe Total a consenti une "prime de contrôle substantielle" de 38,3% sur la valeur des actions Saft à la clôture, vendredi. En tout, le pétrolier va donc débourser près d’un milliard d’euros pour une société qui en valait 673 millions en bourse avant l’annonce de son rachat.