Par "affection" et aussi un peu par "cupidité": le respectueux banquier suisse François Rouge a expliqué lundi à Marseille, avec courtoisie et souvent humour, comment il s'était retrouvé embarqué dans le "fiasco" du cercle de jeux parisien Concorde, au côté du principal prévenu, Paul Lantieri.
Décrit dans le dossier comme "un homme de chiffres et de méthode", à la "psycho-rigidité calviniste" selon ses propres termes, M. Rouge a livré devant le tribunal correctionnel un récit méticuleux des complexes montages financiers et dessous de l'affaire. Au moment des faits, il préside le conseil d'administration de la Banque de patrimoines privés (BPP) de Genève et a des intérêts dans une holding possédant six palaces en Suisse.
C'est dans le cadre de cette dernière activité que, début 2000, il fait plus ample connaissance avec Lantieri, "un garçon débrouille au vaste tissu relationnel", pour régler un litige. Les deux hommes s'associent très vite au sein de la société Sextius, constituée "dans un seul objectif", avancent les juges d'instruction, "celui de placer et dissimuler des fonds d'origine criminelle". Officiellement ils investissent dans la restauration. Ils rachètent "La Rotonde", à Aix-en-Provence, qui deviendra une brasserie courue, avant de jeter leur dévolu sur "Le Rich", attenant au cercle Concorde à Paris. Fermé en 1988 sur les Champs-Elysées, ce cercle avait été relancé rue Cadet, entre 2004 et 2006, par des proches de Lantieri avec le concours du patriarche Edmond Raffali, son ancien directeur. A chaque fois, Paul Lantieri, réapparu au premier jour du procès, le 27 mai, après six ans de cavale, se lance dans des travaux sans fin et "explose les budgets". "C'est un très bon chef de chantier et à la fin, il vous livre un établissement luxueux, de très belle qualité, mais entre les deux, il y a un problème arithmétique", raconte l'élégant banquier de 52 ans, se souvenant par exemple d'une "cheminée faite à la feuille d'or blanc".
François Rouge victime d'harcèlement affectif
Inlassablement, François Rouge cède aux sollicitations de son ami. "Vous êtes un banquier très compétent et rigoureux, et on vous retrouve dans un cercle de jeux sans aucune garantie et des projets qui partent dans tous les sens. On se demande pourquoi vous maintenez votre appui", lance la présidente, Christine Mée,sceptique. "Par affection réciproque. Je