Malgré un score net en faveur de Patrick Mennucci, la réconciliation au sein du Part Socialiste marseillais apparaît nécessaire pour détrôner le maire de Marseille aux prochaines municipales. Mais après cette primaire à couteaux tirés, le rapprochement ne semble pas pour maintenant.
Malgré une mobilisation populaire importante et un score net en faveur de Patrick Mennucci, la réconciliation au sein du PS marseillais, indispensable pour remporter les municipales face à l'UMP Jean-Claude Gaudin, s'annonce complexe.
"Nous avons réussi, sur deux week-ends, à mobiliser 30.000 Marseillais qui ont envie de changement", s'est félicité lundi le député, arrivé en tête avec 57,16% des voix. A l'unisson, les responsables du PS ont salué une affluence représentant près du tiers des votes socialistes aux municipales de 2008.
Le scrutin du second tour s'est de plus mieux déroulé que celui du premier tour, "dans des conditions de grande régularité", selon le président de la Haute autorité pour les primaires, Jean-Pierre Mignard. De fait, il n'a jamais été contesté.
Ce succès populaire et comptable ne peut cependant cacher le lourd travail de rassemblement, de plaies à panser, qui attendent le vainqueur, après les mots violents échangés dans l'entre-deux-tours et l'amertume manifestée par la perdante, encore loin d'être dissipée.
De nombreux militants espèrent aujourd'hui l'apaisement entre les deux camps.
Des mots durs
Car l'ambiance était électrique dimanche soir au siège de la fédération des Bouches-du-Rhône : la perdante du deuxième tour, la sénatrice Samia Ghali, qui récolte 42,84% dessuffrages, a fait le service minimum.
Certes, elle figurait sur la tant attendue "photo de famille", à laquelle seule la ministre Marie-Arlette Carlotti, grande perdante du premier tour, n'a pas participé, prétextant des obligations ministérielles.
Certes, elle n'a pas mis sa menace à exécution, elle qui samedi encore avait laissé planer le doute sur son avenir au PS, et, partant, sur une candidature dissidente.
Mais, arrivée au siège sans faire de déclaration, elle a arboré un masque toute la soirée, et maintenu un écart minimum de 40 centimètres entre elle et les autres candidats, malgré les demandes pressantes du vainqueur.
Lors de son discours, Patrick Mennucci a dû faire face à un groupe de soutien de la sénatrice qui a scandé son nom, tentant de couvrir la grosse voix du député, qui prit alors le parti de lafaire applaudir.
Un peu plus tôt, à son QG de campagne, l'élue des quartiers nord avait eu des mots durs pour à peu près tout le monde.
"Il faut ce soir reconnaître la victoire, pas d'un seul homme, mais de cinq candidats plus le gouvernement", avait-elle déclaré, avant de laisser siffler ledit gouvernement par la foule, s'attirant les foudres du président socialiste de la Région Paca, Michel Vauzelle, qui a qualifié ses déclarations d'"absolument scandaleuses".
De nouveau ce lundi, Patrick Mennucci s'est donc attelé à tendre une main à sa rivale malheureuse. Samia Ghali "a parfaitement sa place au premier rang" avec lui, "tout
comme les autres candidats" battus au premier tour, et il lui propose même "le poste qu'elle choisira" .
"La grandeur d'un homme ou d'une femme politique, c'est de mener son combat politique et, quand les urnes ont parlé, de venir parler avec l'autre camp"
explique-t-il.
Dans les rangs de socialistes locaux, le soulagement était malgré tout perceptible.
"Hier soir il fallait réussir le rassemblement. L'essentiel a été préservé. Maintenant il faut que "la mousse redescende", soufflait lundi matin un proche de l'un des candidats éliminés au premier tour.
Une "formidable militante"
"Samia n'a pas perdu non plus. Elle prend une surface nationale indéniable. D'un point de vue personnel, elle a même tout gagné", estimait-il également, espérant que celle-ci finirait par s'en rendre compte.Même tonalité chez le député Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale : "Ils s'entendront, ca va prendre trois semaines, un mois, mais ils s'entendront" prédisait-il, évoquant la "formidable militante" qu'est Samia Ghali.
Malgré les difficultés dans son propre camp, Patrick Mennucci ambitionne de rassembler au-delà : il a déjà lancé une ligne en direction d'Europe Ecologie Les Verts (EELV)
lundi.
En face, Jean-Claude Gaudin, à la mairie depuis 1995 et candidat très probable à sa propre succession, est resté plutôt discret lors de cette primaire. Mais dès dimanche soir il dégainait un communiqué, se disant "consterné par le triste spectacle" de l'entre-deux-tours des primaires, signe que la campagne a désormais démarré.
"Chassez le naturel, il revient au galop !", a jugé pour sa part, Stéphane Ravier, tête du liste d'un Front national qui se frotte déjà les mains de "ces querelles d'ego".