Le patriarche et ses trois fils sont soupçonnés d'avoir fait entrer illégalement des jeunes filles marocaines en France. Ils les auraient contraintes à se prostituer pour rembourser leurs dettes. Les clients étaient recrutés dans un bar d'Orange tenu par la famille.
Le procès d'un ancien responsable de la mosquée d'Orange (Vaucluse) s'est ouvert jeudi devant le tribunal correctionnel de Carpentras avec trois de ses fils et une femme pour avoir organisé un réseau de proxénétisme adossé à une filière d'immigration clandestine depuis le Maroc entre 2007 et 2009.
A la barre du tribunal, tous les prévenus ont contesté vigoureusement les faits qui leur sont reprochés.
Il n'y a que des mensonges"
a regretté le patriarche, Abdelslam Bahiad, âgé de 58 ans.
Proxénétisme, blanchiment d'argent, aide au séjour irrégulier
Il était, depuis 1985, président de l'association "Lumière de Dieu", chargée de la gestion de la principale mosquée d'Orange lorsqu'il a été mis en examen et incarcéré en juin 2009 pour proxénétisme aggravé, non justification de ressources, blanchiment d'argent et aide au séjour irrégulier.
Ce dossier me dépasse"
a renchéri un de ses fils. Les délits de proxénétisme aggravé, non justification de ressources et blanchiment d'argent ont été retenus contre les trois frères, Niki, Omar et Abdelghafour, âgés aujourd'hui de 30 à 37 ans.
Une rabatteuse
Une femme, Drissia El Bouchti, âgée de 47 ans, suspectée d'être une "rabatteuse", est poursuivie pour proxénétisme, non justification de ressources et aide au séjour irrégulier. Les prévenus sont soupçonnés d'avoir fait entrer illégalement en France sept jeunes filles Marocaines en contrepartie d'un versement de plusieurs milliers d'euros. Les immigrées clandestines, qui comptaient obtenir leur régularisation, étaient ensuite contraintes à la prostitution pour rembourser leurs dettes.
Dans les appartements du père
Les clients étaient abordés dans le bar tenu par la famille Bahiad à Orange et les relations sexuelles tarifées se déroulaient dans les nombreux appartements que le père possédait dans la ville. L'enquête de la police judiciaire d'Avignon n'a retenu que sept victimes entre 2007 et 2009, mais le réseau aurait été actif depuis plus longtemps.
Ce système fonctionnait de manière efficace, rémunératrice et ancienne
a résumé le président Michel Célarès au début de l'instruction. Les réquisitions sont prévues en fin de journée.
Le prévenu a été condamné, le 18 avril, à six ans de prison pour proxénétisme aggravé par le tribunal correctionnel de Carpentras.