Depuis décembre 2011 et son entrée dans le capital de l'AS Monaco, le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev construit un club dont l'ambition est de devenir l'égal des meilleurs européens et qui entame une saison où il tentera de déloger son grand rival, le PSG.
Si les Parisiens ont buté vendredi sur Reims (2-2) pour l'ouverture de la L1, l'ASM se voit proposer une chance de s'installer d'emblée aux avant-postes en recevant
Lorient ce dimanche.
2011, exsangue financièrement
Durant l'automne 2011, l'AS Monaco, au fond du trou en L2, est exsangue financièrement. Le gouvernement et le Palais recherchent depuis des mois une solution permettant d'assurer la pérennité d'un club, qui n'a lieu d'être que s'il reste une vitrine rayonnante de la Principauté. Après différentes tentatives infructueuses de tours de table locaux, le prince Albert acte, à contrecoeur, la perte de contrôle du club. Pour la première fois de son histoire, il s'ouvrira à plus de 50% à des capitaux étrangers.Willy De Bruyn, homme d'affaire belge, administrateur de la SBM (société étatique monégasque gérant casinos et hôtels luxueux) et proche de Rybolovlev à Monaco, soumet alors le nom du milliardaire aux plus hautes instances de l'Etat.
Le Russe, qui vient de s'installer à la Belle Epoque (ancienne demeure du banquier Edmond Safra, où il décéda en 1999 dans un incendie) et qui entend déplacer sa société mère en Principauté, rachète, par l'intermédiaire de sa structure MSI, 66% des parts du club pour un euro symbolique.
Investir au moins 100 millions d'euros sur quatre ans
Passionné de football, Rybolovlev, qui n'avait pu investir à Manchester United, s'offre un grand nom du football français et une porte d'entrée en Principauté. Il s'engage à investir un minimum de cent millions d'euros sur quatre ans.Aujourd'hui, le siège de sa société Rigmora Holdings Limited est basée à Monaco. Elle y emploie plus de vingt personnes, dont beaucoup d'anciens cadres d'Uralkali, géant mondial des engrais potassiques dont il possédait 65% et dont la vente l'a rendu richissime. Au club sont alors engagés le Norvégien Tor-Kristian Karlsen, directeur sportif, et le Belge Filips Dhondt, directeur général. Au conseil d'administration siègent six membres de MSI sur neuf (dont l'avocate Tetiana Bersheda, de Bruyn ou la propre fille de Rybolovlev).
Etat d'urgence
Mais une fois l'état d'urgence passé et l'assurance d'un retour en L1 acquise, Rybolovlev demande d'accélérer la réorganisation. Karlsen est débarqué au profit de Vadim Vasilyev, nommé conseiller en janvier 2013, puis vice-président en mars. - Campos, patron sportif - Ex-directeur des exportations d'Uralkali, il est une personne de confiance deRybolovlev. En s'appuyant sur l'agent portugais Jorge Mendez, Vasilyev permet au club de changer de statut.
Chacun garde en mémoire les 166 millions d'euros investis en transferts l'été dernier. Falcao, Moutinho, Rodriguez et Carvalho ont pour agent Mendez, comme la dernière recrue, le jeune Portugais Silva. De plus, Mendez recommande le Portugais Luis Campos, devenu depuis directeur technique du club.
Faire fructifier la valeur "joueur"
Depuis un an, ce dernier restructure le domaine sportif. Il a mission de faire fructifier la valeur "joueurs" et de demeurer performant. Il a permis d'enrôler le nouvel entraîneur Leonardo Jardim et le nouveau directeur du centre de formation Nicolas Weber. Campos dicte la politique sportive, avec l'agrément de Vasilyev et, en dernier ressort, de Rybolovlev.En délégant le côté sportif à Campos, Vasilyev a pu se pencher sur d'autres dossiers, tels que l'affaire concernant la localisation du siège social, où il a pu compter sur l'aide du Palais, opposé à un déménagement.
Un seul objectif: rivaliser avec le PSG
Vasilyev cherche aussi à développer le côté commercial du club. Ainsi, le Français Nicolas Holveck (ex-Nancy) a été nommé directeur général adjoint en septembre, le Néerlandais Henri van der Aat (ex-Ajax Amsterdam), directeur commercial et marketing, en avril. Ils font suite à l'Américain Brice Brundant (ex-Liverpool), directeur des ventes internationales ou encore à Bruno Skropeta (ex-Paris SG), directeur de la communication.Cette stratégie n'a qu'un seul objectif: rivaliser avec le Paris SG et respecter le fair-play financier au niveau européen.