Au moins trois familles de résidents de l'Ehpad Les Restanques de Biot ont alerté la direction, l'ARS et le maire quant au traitement réservé à leurs parents dans l'établissement. La direction répond.
C'est un bâtiment moderne, situé dans la petite commune de Biot (Alpes-Maritimes). 80 résidents vivent dans cet Ehpad privé, géré par une association.
La mère de Gisèle Chevallier et Sylvie Tourtour y séjourne depuis un peu plus de sept ans. À 92 ans, elle souffre de la maladie d'Alzheimer. Les deux sœurs font partie des trois familles qui dénoncent aujourd'hui le traitement qui serait réservé à leur maman.
"Nous avons constaté une dégradation qui a commencé un peu avant le Covid", nous explique Sylvie Tourtour. "Ma sœur avait alerté sur une anomalie dans la voix de notre mère. Nous n'avons pas été écoutées, ça s'est soldé par une hospitalisation en urgence. C'était la première alerte. Puis ça s'est dégradé petit à petit. Et plus récemment, notre mère est tombée trois fois en l'espace de 10 jours, avec à nouveau une hospitalisation grave. Nous avons également constaté une importante perte de poids. Elle ne fait plus que 42 kg, contre 46 au début de l'année".
Les deux sœurs ont alerté la nouvelle direction arrivée en octobre 2024. Mais selon elles, le discours "compréhensif" n'a pas été suivi de changement dans la prise en charge et la surveillance de leur mère.
Le personnel n'est pas suffisant. Le personnel n'est pas compétent. Il y a des choses qu'on ne peut pas occulter !
Sylvie Tourtour, fille d'une résidenteà France 3 Côte d'Azur
Alertée, la commune demande un audit
Comme elles, au moins deux autres familles de résidents ont alerté la direction quant à de supposés manquements dans la prise en charge de leurs parents : elles auraient constaté des défauts d'hygiène, des rations alimentaires insuffisantes. L'un des pensionnaires, admis dans l'établissement en bonne santé à l'âge de 99 ans, serait décédé à peine un mois plus tard d'une infection urinaire.
Les familles ont alerté l'Agence Régionale de Santé (ARS), tout comme le maire LR de Biot, Jean-Pierre Dermit. Ce dernier a demandé qu'un audit de la maison de retraite soit réalisé.
La direction de l'Ehpad a accepté de répondre aux accusations qui lui sont faites, réagissant au terme de "maltraitance" :
Un Ehpad est un établissement agréé et très encadré. On peut avoir des difficultés à satisfaire tout le monde, mais on ne peut pas concevoir ce genre de choses.", répond Eric Aielo, président de l'association gestionnaire des Restanques de Biot.
Eric Aielo, président de l'association gestionnaire des Restanques de Biotà France 3 Côte d'Azur
"Un Ehpad est un établissement agréé et très encadré. On peut avoir des difficultés à satisfaire tout le monde, mais on ne peut pas concevoir ce genre de choses", répond Eric Aielo, président de l'association gestionnaire des Restanques de Biot. "Comme toute la profession, nous avons du mal à recruter, notamment des personnes en CDI".
Sur les accusations de défaut d'hygiène, il s'explique : "Nous avons changé le protocole de couches. Nous devons adapter l'équipement au degré de dépendance des résidents, même si pour eux ça peut être moins confortable".
De prochaines annonces aux familles
À l'intérieur de l'Ehpad où nous avons été autorisés à entrer, nos journalistes Florine Ebbhah et Ali Benbournane ont rencontré deux époux de pensionnaires se disant satisfaits de la prise en charge de leurs épouses. Parmi eux, Manuel Juan, dont la femme Josiane, atteinte de la maladie d'Alzheimer, séjourne aux Restanques depuis quatre ans. Il lui rend visite chaque jour.
"Le personnel est dévoué à un tel point !" s'exclame Manuel Juan. "Je suis même étonné qu'il puisse tenir aussi longtemps.
Il peut arriver qu'il y ait des petites difficultés parce que les aides soignantes sont débordées. Je ne suis pas là pour peindre le tableau en blanc. Mais le mot "maltraitance" m'a beaucoup choqué.
Manuel Juan, époux d'une résidenteà France 3 Côte d'Azur
Ce samedi, un CVS, Conseil de la vie social prévu de longue date doit réunir la direction, les familles et les médecins. "Nous annoncerons que dès la mi-février, notre équipe d'infirmiers et de soignants devrait être au complet. Avec des agents en CDI, et non plus en vacations", affirme le président de l'association, Eric Aielo. Dans l'espoir que cette annonce soit de nature à rassurer les familles.
Nous ne disposons à cette heure pas d'informations sur la tenue d'un nouvel audit au sein de l'établissement, le dernier ayant été réalisé au mois de mai dernier.