Après un non-lieu puis un renvoi devant le Tribunal correctionnel, le guide comparaissait pour homicide involontaire ce lundi 27 janvier 2025. L'avalanche du 2 mars 2018 avait fait 4 morts et une blessée. Deux ans de prison avec sursis ont été requis à son encontre.
Deux années de prison avec sursis ont été requises contre le guide de haute montagne jugé à Nice, ainsi qu'une interdiction d'exercer son activité pendant une durée déterminée. Retour sur ces faits qualifiés d'homicide involontaire et ayant fait quatre morts.
Une sortie malgré les risques
De la neige fraîche en grande quantité, une neige lourde qui repose sur une couche plus ancienne, plus froide, ces conditions sont favorables à l'avalanche.
En mars 2018, c'est ce qui s'est passé à Entraunes. Le risque avalanche est de 4 sur 5. Dans la matinée, un guide expérimenté, part avec un groupe de cinq skieurs. Il les connaît bien, ils conviennent ensemble de partir malgré les risques de quitter le gîte Ferran. Sur le secteur d'Estenc, près du col de la Cayolle, à 2 326 mètres d'altitude. En pleine nature, le guide se sépare du groupe pour vérifier justement la stabilité du manteau neigeux. À 10 h 30, une première avalanche d'une trentaine de mètres balaye alors ses clients restés derrière.
Il aurait expliqué en garde à vue que le temps qu'il se retourne, une seconde avalanche se serait déclenchée et l'aurait enseveli. Il aurait mis trois quarts d'heure à se dégager en "nageant" dans la neige avant qu'elle ne se tasse.
Une fois dégagé, le guide a pu venir au secours d'une des skieuses qui n'avait pas la tête dans la neige et constate le décès de quatre autres personnes.
Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre lors de l'enquête en 2018 puis lors de sa clôture en 2020, expliquait : "on est avec un guide qui a préparé sa course de longue date avec ses clients. L'enquête doit déterminer si la décision qu'il a prise était ou pas conforme "
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Le guide a pu alerter les secours à la mi-journée, les forces de l'ordre et de secours parviennent à accéder au lieu du drame. Les quatre victimes âgées de 40 à 66 ans sont décédées ensevelies sous la neige (plus d'un mètre). Au terme de l'enquête, le non-lieu est prononcé, le guide Lionel.C mis hors de cause. À l'époque, il se disait "profondément meurtri" mais se défendait d'une quelconque imprudence.
Selon le procureur, les éléments "ne permettent pas de faire la part entre une cause qui serait la résultante du passage des skieurs en contrebas, qui serait une cause humaine et un déclenchement spontané, puisque déjà dans ce versant-là, il avait été constaté antérieurement des déclenchements spontanés d'avalanche".
Le père d'une victime fait appel
L'avocat d'une des victimes interjette appel auprès de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Pour le père d'un des skieuses, les rapports d'enquêtes montrent qu'il y a eu négligence, notamment par l'absence de dispositif de recherche de victime d'avalanche (ARVA) et le fait même de sortir malgré le risque.
De côté de l'avocat du guide, il reconnaîtrait des erreurs, mais pas des fautes. Le guide aurait analysé la situation en fonction des informations à sa disposition.
Les familles obtiennent de la cour d'appel un nouveau procès. Le guide est mis en examen en 2022 et renvoyé en correctionnelle en 2023.
Le guide comparait pour homicide involontaire ce lundi 27 janvier 2025.