En France, le dépistage organisé du cancer du sein est recommandé tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans, avec remboursement intégral. Au-delà de 74 ans, la décision de poursuivre les examens revient aux patientes et à leurs médecins, soulevant des questions sur de potentielles inégalités de santé.
Dans l'hexagone, le dépistage organisé du cancer du sein s’arrête après 74 ans. Jusqu’à cet âge, un dépistage est fortement conseillé tous les deux ans : il est entièrement remboursé par la Sécurité sociale.
Après 74 ans, le suivi devient individualisé et se fait via le médecin traitant.
Ce choix repose sur des considérations médicales et économiques. Cette marginalisation des campagnes officielles de dépistage créé-t-elle des inégalités de santé ? On vous explique.
Une mammographie gratuite est proposée tous les deux ans aux femmes âgées de 50 à 74 ans. Si l’âge minimal pourrait être abaissé prochainement dans la loi, il n’en est pas question pour l’âge maximal. Après 74 ans, les examens ne sont plus systématiquement pris en charge et doivent être réalisés sur prescription médicale.
Cette situation laisse de nombreuses patientes dans l’incertitude, comme le souligne Huguette, 89 ans. "C’était il y a quelques années. Je m’inquiétais, car je ressentais une douleur dans la poitrine, une petite gêne, comme un point" raconte-t-elle.
Ayant des antécédents familiaux ("ma mère a eu un cancer du sein"), Huguette préfère prendre les devants : elle prend rendez-vous chez son médecin traitant, insiste et obtient une ordonnance pour un rendez-vous.
Si je n’avais pas fait ces démarches, je ne serais peut-être pas là pour vous en parler…
Huguette, 89 ansà France 3 Côte d'Azur
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74 ans : une limite d’âge sur quels fondements ?
Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), "le dépistage radiologique du cancer du sein des femmes âgées de plus de 74 ans n’est pas recommandé de manière systématique. La décision d’une mammographie est faite au cas par cas, en fonction de l’examen clinique et des antécédents personnels ou familiaux de la femme" (HAS, 2015).
Dans cette décision de limiter l’âge du dépistage, plusieurs facteurs entrent en jeu, comme le risque de surdiagnostic (le dépistage de tumeurs malignes qui seraient restées latentes et asymptomatiques) ou les risques liés aux traitements.
"Cette tranche d'âge de 50-74 ans est la période où la fréquence d'avoir un cancer du sein est la plus importante, explique Charline Pieux, chargée de prévention à la Ligue contre le Cancer dans les Alpes-Maritimes.
Des cancers peuvent quand même se développer après 74 ans, notamment en cas d’antécédents familiaux, mais il est alors à la charge du médecin traitant d’informer sa patiente sur cette question."
Si l’augmentation de l’espérance de vie et les progrès médicaux ont changé la donne, le taux de surdiagnostic reste significatif après 75 ans. Chez les femmes de 75 à 84 ans, celui-ci est estimé à 47%, et il atteint 54% chez les plus de 85 ans.
"C'est aussi une question de coût pour l'assurance maladie", analyse Charline Pieux.
Pour prévenir la maladie, les professionnels conseillent un suivi plus individualisé. "Ce qui est important après 74 ans, c'est la palpation par un professionnel de santé, ainsi que l'autopalpation."
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L’autopalpation, comment ça marche ?
L'autopalpation mammaire est une technique d'auto-examen que les femmes peuvent pratiquer mensuellement à partir de 25 ans pour détecter d'éventuelles anomalies dans leurs seins. Cela consiste en une observation visuelle et une palpation minutieuse des seins, idéalement quelques jours après les règles.
Bien qu'elle ne remplace pas les examens médicaux professionnels comme la mammographie, l'autopalpation permet aux femmes de mieux connaître leur poitrine et de repérer rapidement tout changement suspect. En cas d'anomalie détectée, une consultation médicale rapide est recommandée.
Rougeurs, écoulements, creux qui se forment... Il y a beaucoup de signes d'alerte et il est important de les connaître.
Charline Pieux, chargée de prévention Ligue contre le Cancer Alpes-Maritimesà France 3 Côte d'Azur
Cette professionnelle insiste également sur la nécessité pour toutes les femmes de se faire dépister au plus tôt.
Aujourd’hui, seule la moitié des près de 11 millions de femmes éligibles au programme de dépistage organisé du cancer y participent. L'année dernière, moins d’une femme sur deux de 50 à 74 ans a réalisé cet examen.