Face à la précarité étudiante, des solutions comme la colocation solidaire ou intergénérationnelle permettent d’accéder à des logements abordables tout en favorisant entraide et lien social. Reportage auprès de deux étudiants de la Côte d'Azur, Maël et Élodie.
Pour surmonter la flambée du prix des loyers et la stagnation des aides étudiantes, des alternatives se dessinent pour pallier la précarité croissante des jeunes. Qu’il s’agisse de colocation solidaire ou intergénérationnelle, ces modèles émergents offrent des solutions concrètes aux difficultés rencontrées par les étudiants.
Maël : un loyer réduit en échange de bénévolat
À 23 ans, Maël, étudiant à Nice, a opté pour le logement solidaire. Grâce à une association locale, il occupe un appartement partagé pour un loyer modique de 145 euros par mois, hors APL. En contrepartie, il s’engage à réaliser 20 heures de bénévolat mensuel, notamment dans des activités comme le soutien scolaire ou l’entretien d’un jardin collectif.
À LIRE AUSSI > Nice, 6ᵉ ville de France la plus chère pour le logement étudiant selon un syndicat étudiant
Avec un loyer bien en deçà de la moyenne niçoise - où un studio oscille entre 600 et 800 euros - Maël peut se consacrer à ses études sans cumuler les petits emplois. Ce concept de logement solidaire connaît une expansion notable dans les grandes métropoles, où la crise du logement touche particulièrement les étudiants.
Élodie : une colocation intergénérationnelle à tarif réduit
À Cannes la Bocca, Élodie, 19 ans, partage son quotidien avec Marie-Noëlle, une pharmacienne retraitée. Ce modèle de colocation intergénérationnelle repose sur un principe simple : Élodie bénéficie d’un loyer réduit à 200 euros par mois, aides comprises, en échange de sa présence. "C’est un super compromis : j’ai quelqu’un avec qui discuter le soir, et au niveau du prix j'y gagne beaucoup", confie-t-elle.
À LIRE AUSSI > De Saint-Brieuc à Marseille, 1200 km à vélo pour aider les étudiants en précarité alimentaire
Pour Marie-Noëlle, cet arrangement va bien au-delà du volet financier et répond aussi à un besoin de compagnie. Des initiatives comme celles portées par l’association Ensemble2Générations gagnent en popularité en France.
Elles permettent non seulement aux étudiants d’accéder à des logements abordables, mais contribuent aussi à briser l’isolement des personnes âgées.
Un symptôme alarmant de la précarité étudiante
D’après un rapport de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE), ces dispositifs se révèlent particulièrement pertinents dans les régions où le coût de la vie dépasse largement les ressources des étudiants. Dans les grandes agglomérations, la hausse exponentielle des loyers fragilise davantage cet équilibre déjà précaire.
Les logements étudiants traditionnels, comme ceux proposés par le CROUS, demeurent largement insuffisants : en 2022, le réseau ne comptait que 175 000 places pour quasiment trois millions d’étudiants en France.
Par ailleurs, la réduction des APL depuis 2017 a encore accentué les difficultés, notamment dans les zones où les loyers excèdent largement le budget moyen d’un étudiant : le logement demeure toujours leur premier poste de dépense.