Au moulin d'Opio dans les Alpes-Maritimes, la tradition séculaire de production d'huile d'olive perdure, attirant des milliers de particuliers qui viennent faire presser leurs olives. Ce lieu emblématique, récemment sauvé de la vente privée par la communauté d'agglomération, incarne un savoir-faire local précieux et un patrimoine que les autorités locales s'efforcent de préserver.
Grand soleil, odeur enivrante d’huile d’olive… Dans le village d’Opio, cette agréable journée de janvier nous ferait presque oublier l’hiver.
Aujourd’hui, le moulin s’anime au rythme des allées et venues des visiteurs, entre énormes sacs remplis d’olives et récipients destinés à récupérer le fruit de leur récolte.
Parmi les visiteurs du jour, JB, le regard rieur et enfantin malgré ses 84 ans. "Moi, je suis né dans les oliviers" raconte-t-il fièrement. Il est venu chercher une toute petite récolte, pas plus de deux litres.
Ce qui fait plaisir, c’est d’avoir SON huile. À la maison, on ne cuisine qu’avec cette huile !
JB, habitué du moulin d'Opio
Cette année, plus de 450 tonnes d’olives ont franchi les portes du moulin, apportées par près de 2 500 particuliers. Dans "le pays", comme on l’appelle ici, apporter ses olives pour ensuite en récupérer l’huile est ancré dans les mœurs.
Un jeune adulte arrive justement, l’air beaucoup moins assuré que JB mais les bras chargés de sacs d’olives. "Je ne sais pas si elles vont être acceptées", lance-t-il, amusé.
L’équipe du Moulin passe la main dans les sacs et observe. "Ah non, celles-là, ce ne sera pas possible, elles sont pourries !" lui annonce-t-on.
La moitié seulement de sa cueillette aura passé le test et pourra bientôt se retrouver dans son assiette. "Je dois avouer que cette année, j’ai fait ça de manière très amateur. Mais il faut bien commencer... Je reviendrai l’année prochaine, c’est sûr !"
Une tradition à défendre
Plus qu'un simple lieu de production, le moulin d’Opio est aussi un symbole. Après avoir appartenu pendant plus d’un siècle à la famille Michel, il a été sauvé de la vente privée par la communauté d’agglomération de Sophia-Antipolis (CASA).
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Pour 3,8 millions d’euros, la CASA a racheté ce patrimoine du XVe siècle afin de préserver un savoir-faire local ancestral. "Ce bâtiment est patrimonial" souligne le maire Thierry Occelli.
Notre objectif principal, c’est le moulin. Mais on veut aussi imaginer un projet plus ambitieux autour de ce lieu. Tout le monde y est attaché, et nous les premiers.
Thierry Occelli, maire d'Opio et vice-président de la Communauté d'Agglomération Sophia Antipolis (CASA)
Cette année, les tarifs de production sont plus élevés qu'auparavant : un peu plus d'un euro le kilo contre "28 centimes en Italie" nous précise un client. Ce choix est assumé par la mairie d’Opio.
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"On a dû tout organiser en un mois pour ne pas perdre la saison. Il a fallu vite s'organiser pour trouver des gens afin de faire marcher les machines. Et quand on voit les chiffres, je crois bien que le challenge est réussi."
La magie de l’huile qui coule
Derrière les machines, Jérôme, membre de l’équipe, regarde le filet doré s’écouler. "Les gens voient couler l’huile d’olive et ça a quelque chose de magique", murmure-t-il. Une magie nourrie par un geste ancestral qui a traversé les générations. À l’accueil, Rémy prévient quant à lui les visiteurs : "Vous faites bien d’être venus aujourd’hui, demain ça va être la cohue !"
Le moulin est plus vivant que jamais. Demain samedi 18 janvier, il s'agira du dernier jour pour venir chercher son huile d'olive.