Située dans le centre historique de Grasse, le Moulin à lire est une bouquinerie qui regorge de milliers de livres. Mais après le décès du bouquiniste, la question de l'avenir de ce lieu chargé d'histoires se pose pour ses héritiers.
"Je ne peux pas reprendre, je ne veux pas reprendre. Je suis enseignante, j'aime mon métier. Je ne peux pas, c'est un véritable métier. Il faut s'y connaître, avoir des expertises. Il faut connaître la valeur de ces livres..."
Pour Clélia Attias, on l'a bien compris, le "Moulin à lire" était la caverne d'Ali Baba de son défunt mari Eric, décédé le 18 juillet 2023 de la maladie de Charcot.
Et il a laissé dans ce qui fut un moulin à huile des milliers d'œuvres. C'est en 2008 que ce professeur d'histoire ouvre ce lieu si particulier. Une surface de 200 m² et des livres partout, du sol au plafond. Son bureau est resté intact, mais partout ailleurs, les œuvres, essentiellement des dons et des achats en brocante, s'entassent. Le classement n'est pas banal, propre à Eric, qui se repérait parfaitement entre les rayonnages.
Les ouvrages sur la musique se trouvent sous le piano suspendu.
Ceux sur la religion sous les bras de Jésus et les romans policiers sous une pipe !
C'est un classement thématique. On a essayé non pas de faire attention aux éditions mais aux thèmes. Il y a le thème histoire, le thème philo, ethnographie ou encore policier...
Clélia Attias, veuve d'Eric Attias
Un cadeau... empoisonné ?
Comment faire vivre ce lieu ? Il y a des charges incompressibles, et Clélia a sa propre activité. Les livres ou les revues sont à vendre à tout petit prix, 5 euros pour les plus rares. Et pour la première fois de son histoire, la bouquinerie a accueilli cette semaine des comédiens pour une lecture de contes de Noël en famille. Le lieu mérite vraiment le détour et Clélia a rendez-vous à la mairie de Grasse pour évoquer son avenir. Elle a une proposition.
Notre idée serait de créer un tiers lieu, c'est-à-dire de demander à des associations grassoises qui seraient intéressées de venir dans cet espace mutualis. On pourrait créer des événements culturels...
Clélia Attias, veuve d'Eric Attias
En attendant, cette librairie extraordinaire actuellement peu fréquentée propose entre 60 000 et 80 000 ouvrages.
Et elle attend d'écrire de nouvelles belles pages de son histoire, pour le plaisir de tous.