"Si on saisit un téléphone portable le matin, ils s'en font livrer un autre le soir". Quelle utilité pour les "opérations place nette" dans les prisons ?

Environ 700 détenus peuplent la maison d'arrêt de Grasse. Téléphones portables, drogue, armes blanches... À la lumière de cette situation, le syndicat FO Justice, majoritaire dans cet établissement, analyse le projet de "nettoyage des prisons" du nouveau Garde des Sceaux, Gérald Darmanin.

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Invité du 20 H de TF1 ce 26 décembre, Gérald Darmanin, fraîchement nommé ministre de la Justice, a détaillé son plan d'action pour un système carcéral plus performant.

Parmi ses annonces, le Garde des Sceaux veut que soient menées dans les établissements pénitentiaires des "opérations place nette", à l'image de celles qu'il a ordonnées contre le trafic de drogue dans les quartiers sensibles lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Plusieurs d'entre elles avaient d'ailleurs été menées à Nice, ou encore dans le Var.

Téléphones, drogue et couteaux en céramique

À la maison d'arrêt de Grasse (Alpes-Maritimes), le syndicat majoritaire chez les gardiens de prison, FO Justice, ne peut que se féliciter de la perspective de ces opérations "place nette". Tout en notant que de tels "grands nettoyages" étaient menés jusqu'à il y a environ une dizaine d'années avant d'être abandonnés.

"On appelait ça des fouilles générales", se souvient Hervé Ségaud. Le secrétaire général adjoint du bureau national FO Justice a fait toute sa carrière à Grasse. "On arrivait à plusieurs centaines de gardiens dans l'établissement, on sortait tous les détenus en promenade, et on fouillait absolument tout. Et là, on trouvait des choses ! Aujourd'hui par manque de moyens, on ne réalise plus que des fouilles sectorielles, ce qui n'est pas du tout la même chose." 

La maison d'arrêt de Grasse, construite en 1992 pour une capacité de 574 places, abrite environ 700 détenus. Des personnes en détention provisoire, en attente de jugement ou condamnées à des peines n'excédant pas deux ans.

Des livraisons par drone

Le représentant syndical nous le confirme : comme dans les autres prisons de France, bon nombre de détenus grassois ont un téléphone portable (évidemment interdit). "On trouve aussi de la drogue. Des armes blanches, à savoir des couteaux en céramique, qui ne sonnent pas dans les différents portiques de sécurité."

Comment les détenus se procurent-ils cette marchandise ? "Il existe des services de livraison par drone", explique Hervé Ségaud.

Les détenus se font livrer directement à la fenêtre de leur cellule. Si on saisit un téléphone le matin, ils s'en font livrer un autre le soir. Téléphone, drogue, ou encore de la nourriture, comme de la viande fraiche qu'on ne trouve pas en prison pour des questions d'hygiène".

Hervé Ségaud, secrétaire adjoint FO Justice

à France 3 Côte d'Azur

On parle beaucoup de systèmes de brouillage, arme visiblement bien faible dans cette guerre des livraisons. "À Grasse, des brouilleurs de drones ont été installés. Ils ont été efficaces dans un premier temps, mais ils ont vite été dépassés technologiquement. Aujourd'hui des drones arrivent à passer. Pour les brouilleurs de téléphonie mobile, c'est la même chose. On a rapidement un temps de retard. On s'équipe en brouilleurs 4G quand la 5G arrive".

À la lumière de cette situation, on comprend l'intérêt d'opérations "place nette". "À condition d'y mettre les moyens", précise Hervé Ségaud, "sinon très rapidement, on retrouvera les mêmes choses dans les cellules."

Sollicitée, l'administration pénitentiaire a précisé qu'aucun directeur de prison ne s'exprimerait après le ministre.

 À LIRE AUSSI : Lutte contre le trafic de drogue : "Il faut imaginer des opérations 'place nette' dans les prisons, affirme Gérald Darmanin

Création de prisons "à taille humaine"

Autre volet du projet présenté par le ministre Gérald Darmanin, la création en France de prisons spécifiques, de plus petite taille, dédiées aux peines courtes. 

FO Justice, par la voix de son secrétaire adjoint, affirme revendiquer depuis 2018 des "établissements différenciés, à sécurité moindre, pour des profils adaptés, courtes peines et détenus non dangereux. Tout en conservant en parallèle des établissements de haute sécurité", détaille Hervé Ségaud. "Ce qui est sûr, c'est que face à la surpopulation carcérale, il faut construire !"

Il y a seulement dix jours, le maire de Grasse, Jérôme Viaud, défendait dans une tribune le projet d'extension de la maison d'arrêt sur sa commune. Impossible de savoir pour l'instant si le choix gouvernemental de créer des établissements de petite taille ira à l'encontre d'un tel projet local.

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