Le tube "YMCA" chanté lors de l'investiture de Donald Trump. Savez-vous que l'un des coproducteurs des Village People est enterré dans les Alpes-Maritimes ?

Les cendres du Français Jacques Morali sont entreposées dans la tombe de la famille Bosco. France 3 Côte d'Azur a pu contacter plusieurs membres de la famille Morali/Bosco. Mais étonnamment, alors que "YMCA" se voulait être un hymne gay, Serge Morali n'y voit aucune polémique à ce que Donald Trump utilise l'oeuvre de son frère Jacques, bien au contraire.

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Il n'y a pas qu'au Père-Lachaise que l'on peut trouver des tombes de grands noms. À Vence (Alpes-Maritimes), dans le cimetière du centre, repose l'un des cofondateurs du groupe de musique disco "Village People", mondialement connu pour leur tube "YMCA", et dont les membres performeront lors de la cérémonie d'investiture de Donald Trump ce lundi 20 janvier.

Il s'agit de Jacques Morali, un auteur-compositeur français né en 1947. Il a passé une large partie de sa vie et l'essentiel de sa carrière aux États-Unis, co-composant pour des stars comme Dalida, avec qui "il était très ami", ou Régine par exemple.

Mais ce que l'on sait moins, c'est que Jacques Morali a passé son enfance dans les Alpes-Maritimes, à Vence.

La mère de Jacques Morali et de son grand frère Serge est arrivée à Vence "et s'est mariée quelques années plus tard avec Monsieur Bosco, qui tenait une grande épicerie dans la commune, La Marseillaise", racontent avec fierté à 87 ans Pierra Bosco, mariée Bellucci, et sa fille Rossana. Pierra est la nièce de Monsieur Bosco, le beau-père de Jacques Morali.

Jacques Morali, accompagné de sa mère et de son beau-père, dans l'épicerie de Vence. © Pierra Bellucci

Conservatoire de Cannes

"Ils vivaient tous ensemble", raconte Rossanna, qui parle d'une "famille de cœur". "C’est à Vence qu’il a appris à jouer de l’orgue et du piano, quand il avait 8-9 ans", tout au long de son cursus primaire.

Cet apprentissage a amené Jacques Morali à avoir "une vraie relation avec Vence", confirme aujourd'hui son grand frère Serge Morali. Preuve de son envie de musique, ce dernier se souvient que, vers l'âge de 14 ans au début des années 1960, "il est allé tout seul au conservatoire de Cannes passer un concours, en prenant l'autobus. Ma mère n'était pas au courant et il a gagné un prix au conservatoire et un article dans le journal !"

Départ à Paris, puis aux États-Unis

Finalement, en 1962, les Morali "sont tous partis vivre à Paris", se souvient encore Pierra. Jacques commence à composer, notamment pour le cabaret du Crazy Horse. Puis vient le temps du départ vers l'Amérique, à Philadelphie, peu de temps après avoir rencontré le producteur Henri Belolo.

Le succès a suivi, et "Village People" en est l'un des plus gros. "Tantine prenait souvent le Concorde pour le rejoindre aux États-Unis", se remémore Rossana Bellucci, dont la famille est restée très proche des Morali malgré la distance.

Malgré tout, Pierra Bellucci se rappelle que, par la suite, "Jacques était tout de même beaucoup avec sa maman, à Neuilly". Elle-même y avait été invitée à plusieurs reprises, se souvenant de "tous les disques d'or affichés". Par le passé, "il nous avait même offert la chance d’aller voir son spectacle au Crazy Horse", rajoute-t-elle avec fierté.

Retour à Vence et victime du Sida

Ce bonheur ne durera malheureusement pas longtemps. Au milieu des années 1980, après avoir composé des dizaines de titres, comme "I Love America" pour Patrick Juvet, Jacques Morali, qui ne cachait pas son homosexualité, est contaminé par le VIH, l'affaiblissant d'année en année.

Il prend alors la décision de retourner à Vence quelque temps, ce qu'il fera à deux reprises. "Quand il a su qu'il était condamné, il m'a dit que, vraiment, il gardait de nombreux bons souvenirs de son enfance ici".

Il m’a dit : 'mes meilleurs souvenirs, c’est quand j’ai appris l’orgue à l’église de Vence !'

Pierra Bellucci, nièce du père de Jacques Morali

à France 3 Côte d'Azur

Jacques Morali avec sa "famille de coeur", M. et Mme Bellucci, en 1990 à Vence. © Pierra Bellucci

Finalement, Jacques Morali décède à Neuilly en 1991, à l'âge de 44 ans seulement. Sa mère, avec qui il conservait un lien très fort, a gardé chez elle ses cendres jusqu'à son propre décès, en 1997.

"Quand la mère de Jacques est morte, ils ont ramené ses cendres à lui aussi", relate Pierra Bellucci, pour les disperser tous les deux autour de la tombe des Bosco, leur seconde famille.

Voilà qui explique pourquoi on peut toujours apercevoir, dans le cimetière de Vence sur la tombe des Bosco, une plaque en la mémoire de Jacques, déposée par son frère. Une plaque qui indique une mort à 47 ans, au lieu de 44, mais Serge Morali lui-même reconnaît aujourd'hui s'être "sûrement trompé de date en la faisant".

Jacques Morali repose au cimetière de Vence depuis le décès de sa mère en 1997. © Rossana Bellucci

"Trump a plutôt bien compris" Jacques Morali, selon son frère

Les co-créations de Jacques Morali, "Village People" et son tube "YMCA", sont récemment revenues dans l'actualité, après que Donald Trump en a fait son hymne. Mais la récupération de l'œuvre de son frère par le nouveau président américain ne semble pas déranger particulièrement Serge, qui dispose "toujours des droits, aujourd'hui, en tant que compositeur". Au contraire.

Je pense que Trump a plutôt bien compris que Jacques Morali a voulu un groupe qui représente l'Amérique.

Serge Morali, frère de Jacques Morali

à France 3 Côte d'Azur

Plutôt que l'imagerie homosexuelle renvoyée par le groupe Village People, Serge Morali y voit "une représentation de l'Amérique" que son frère adorait, avec pour preuve "le titre I Love America qu'il a fait avec Patrick Juvet", selon lui. Il se félicite d'ailleurs régulièrement de cette récupération du travail de son frère par Donald Trump sur les réseaux sociaux.

Aujourd'hui, Serge Morali recherche "un ou une écrivaine pour raconter la vie du roi du disco", "la vie de mon frère depuis Vence jusqu'à la fin, qui est très triste". Il envisage déjà comme titre : "Il était une fois le roi du disco".

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