Dans toute l'Europe, le mois de janvier est la période où la gourmandise est à l'honneur. Dans les familles, entre amis, il est de coutume de se réunir autour d'un gâteau des Rois dont les versions diffèrent selon les pays. Savez-vous que la fête de l’Épiphanie vient du grec “epiphaneia” qui signifie “apparition” et qu'en Grèce ainsi que dans toute la diaspora, on déguste la Vassilopita ?
"Le 8 février à 14H30, l'Association de la communauté grecque des Alpes maritimes vous invite, à la Maison des Associations de Nice, Place Garibaldi, à partager la Vassilopita !"
Sur les réseaux sociaux, sur les panneaux d’affichage, la nouvelle se répand et Saint-Basile attend ! La communauté grecque est forte de plus de 450 familles entre Menton et Vallauris et pour rien au monde cette tradition millénaire ne saurait être passée sous silence. Elle est l’occasion rêvée de présenter les nombreuses activités offertes par une Association crée en 2006 parmi les plus dynamiques de la région.
La Vassilopita et Saint-Basile
Dans sous les foyers grecs, depuis des siècles, elle est préparée en l’honneur de Saint-Basile, évêque de Césarée.
"Pour Noël, nous faisons deux sortes de gâteaux, le melomacarona et le kourabiedes," explique Catherine Hadjopoulou, Présidente de l'Association de la communauté grecque des Alpes-Maritimes. "Mais, dès le 31 décembre au soir, tout le monde célèbre la Saint-Basile qui a chez les Grecs, une place importante puisqu’il est l'équivalent de Père Noël. Et avec ce saint, arrive une sorte de brioche avec de nombreuses variantes, la Vassilopita, mais l'idée principale est qu'il y a une pièce cachée à l'intérieur. On partage le gâteau avec une découpe particulière et le 8 février, c'est exactement ce que l'on va faire."
Traditionnellement, c'est tout d’abord le chef de famille qui coupe la Vassilopita en quatre grands morceaux en faisant le symbole d’une croix. Ensuite, il faut découper autant de morceaux que de convives dans la maison, plus quatre morceaux : pour le Christ, la Vierge Marie, Aghios Vassilis (St Basile) et un pauvre.
Vassilopita vient de “pita”, en l'occurrence "gâteau", et de “Vassilis” ou Basile, en l’honneur de Saint-Basile, théologien du 4ᵉ siècle en Cappadoce (région historique d'Asie Mineure située dans l'actuelle Turquie) connu pour sa générosité puisqu'il aidait les plus nécessiteux en dissimulant des pièces d’or dans des pains.
C’est en son souvenir que les enfants grecs reçoivent leurs cadeaux de Noël portés par le Saint, le 31 décembre au soir, veille de la Saint-Basile, dans la tradition orthodoxe. "C'est un Saint considéré comme un grand intellectuel et qui est souvent d'ailleurs représenté avec un livre dans les bras. Les semaines qui suivent les Grecs partagent la Vassilopita et chacun apporte des boissons, de la nourriture salée et sucrée pour se rencontrer. Il y aura donc de grandes Vassilopita. Nous présenterons deux pièces de théâtre, des chants de Noël et des chants grecs par une chorale, des ateliers de costumes typiques et de la musique grecque avec des danses."
Porte-bonheur augurant santé et chance
La traditionnelle Vassilopita à Athènes serait plutôt la Vassilopita “politiki”, de Constantinople, peut-être la plus fidèle à la recette séculaire, gardée et ramenée par le peuple grec réfugié de l’actuelle Turquie en 1922. C'est une pâte briochée, parfumée aux zestes d’orange et aux épices très particulières, le mahlepi et la mastiha, que l’on retrouve dans le “tsoureki”, brioche des Pâques orthodoxes.
Cette tradition remonte à l’Antiquité. Les Grecs avaient alors pour pratique de dédier des pains à Déméter (déesse de la fertilité et des moissons) ou à d’autres dieux ou démons dont ils cherchaient à s’attirer les faveurs. De même, lors des Saturnales grecques ou romaines, une monnaie cachée dans un gâteau était signe de chance pour celui qui la trouvait devenant ainsi le “roi de la fête.
La Vassilopita est un porte-bonheur augurant santé et chance. Le "flouri", la pièce dissimulée dans chacune, emballée dans un peu de papier argent, annonce bénédictions, chance et bonheur tout au long de la nouvelle année à la personne qui la trouve dans sa part de pita.
L'Association de la communauté grecque des Alpes-Maritimes
Un groupe de Grecs qui habite entre Menton et Vallauris ont fait, il y a bientôt 20 ans, le constat qu’en dehors des associations cultuelles orthodoxes, il n’y avait pas d'instance qui représentait la communauté sous ses aspects culturels pour promouvoir la langue et la culture comme il en existe en Principauté de Monaco et à Marseille.
"Une 1ʳᵉ vague d’immigration est arrivée après la Seconde Guerre Mondiale à la suite de la guerre civile. Ce sont essentiellement des jeunes intellectuels et artistes grecs menacés qui sont venus. Les étudiants ont obtenu des bourses pour faire ou continuer leurs études en France. Un documentaire, "Le voyage de Mataroa" raconte l’histoire d’un bateau en décembre 1945 qui a emmené les artistes et intellectuels en Italie pour qu'ils puissent ensuite rejoindre Paris" raconte Catherine Hadjopoulou.
C'est ce lien historique avec des artistes et des intellectuels qui fait que depuis deux ans l'enseignement de la langue grec est enseigne par le théâtre. C'est une nouvelle méthode d'enseignement qui permet une bonne articulation et une plus grande liberté.
L'association propose chorale, danses, ateliers de créations de costumes, atelier de musique. 25 euros pour adhérer et ensuite toutes les activités sont gratuites !
Catherine Hadjopoulou est historienne, conservateur en chef des bibliothèques et spécialiste de grecque langue étrangère (moderne): "J'ai travaillé à l'université de Nice et nous avons mis en place depuis 2 ans un enseignement de grec et de culture grecque (architecte sociologie théâtre littérature histoire géographie ...) avec diplôme universitaire sur ces deux axes et Costa-Gavras a accepté d'être le parrain de ce diplôme de l'Université de Nice... C'est la seule formation à distance qui existe en France où les cours sont en ligne avec des supports."
Mais l'Association ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Grâce à son impulsion, l'Université a désormais un centre de certification de langue grec dont l'examen a lieu 1 fois par an. La communauté a effectué ce travail en collaborant avec tous les partenaires possibles comme le Festival de courts métrages grecs, la Municipalité de Nice et l'association Héliotrope. Il y a 2 ans, une réalisatrice grecque a remporté le 1ᵉʳ prix et naturellement les partenaires ont mis le "Cap sur la Grèce" en octobre dernier avec le département de cinéma de Thessalonique.
Quant au Festival du court métrage grec; il est attendu comme chaque année au printemps, en avril en collaboration avec le Festival de Drama en Macédoine.