Le cofondateur de Bygmalion Bastien Millot est ressorti libre de sa garde à vue ce vendredi dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de favoritisme à la mairie de Menton (06), de même que le député-maire de la ville Jean-Claude Guibal convoqué en audition libre.
"J'ai été placé en garde à vue de 10H15 à 12H15, ça vous montre le volume du dossier et mon implication", a-t-il commenté à l'AFP après sa sortie de la caserne, où il avait été entendu à Nice.L'ancien président de Bygmalion, aujourd'hui avocat, a précisé qu'il n'avait "pas réalisé" personnellement "la prestation de la mairie de Menton" au centre de l'enquête.
"C'est un dossier pour un montant de 15.000 euros. Si la société ne s'appelait pas Bygmalion on n' en parlerait même pas", a commenté M. Millot. "Il faut faire attention aux emballements médiatiques autour d'un nom devenu un nom générique pour l'UMP. Il ne faut pas mélanger toutes les affaires et tous les protagonistes", a-t-il ajouté.
Reportage :BRIGNAND Didier et CERULLI Frédéric :
Le député-maire UMP de Menton Jean-Claude Guibal, également entendu vendredi dans le cadre de cette enquête, est sorti peu après M. Millot sans faire de déclaration, a constaté un photographe de l'AFP. En sa qualité de député, M. Guibal avait été convoqué en audition libre.
La veille deux autres protagonistes du dossier avaient déjà été entendus par les enquêteurs durant quelques heures: l'ex-vice-président de l'UMP Guillaume Peltier et le patron de Bygmalion Guy Alvès. A leur sortie de garde à vue, dans l'après-midi de jeudi, aucune charge n'avait été retenue contre les deux hommes.
Une plainte pour délit de favoritisme et prise illégale d'intérêts avait été déposée le 18 décembre 2012 après la décision du député-maire UMP de Menton, M. Guibal, de commander un "audit de communication accompagné de recommandations stratégiques" à Bygmalion et de demander une "évaluation", un "accompagnement" et un "suivi des politiques publiques municipales" à Com1+, une société spécialisée dans le conseil en relations publiques et la communication fondée par M. Peltier.
Via un communiqué diffusé jeudi, M. Guibal s'était dit "serein" quant à l'enquête en cours, se contentant de souligner qu'il n'avait "pas de commentaire à faire, sinon que les enquêteurs font leur travail. Et qu'ils ont à le faire, une fois encore, à la suite d'une plainte déposée par les mêmes opposants politiques, élus PS de notre ville".
Pascale Gérard, élue de l'opposition municipale PS et vice-présidente de la région PACA, et Renaud Marson, délégué de l'association de lutte anticorruption Anticor dans les Alpes-Maritimes, également encarté PS, sont tous deux à l'origine de l'alerte lancée sur les soupçons de favoritisme et de prise illégale d'intérêts. En additionnant les contrats décrochés par les deux entreprises, le seuil maximal de 15.000 euros, au-delà duquel un appel d'offres est obligatoire, était dépassé.
Bygmalion et Com1+ sont donc soupçonnées de s'être arrangées pour découper le marché en deux parts afin de ne pas dépasser ce seuil, avec l'aval présumé du maire.
Des perquisitions avaient eu lieu au printemps dernier dans le cadre de cette enquête au siège de Bygmalion à Paris, à la mairie de Menton, et au domicile de M. Peltier.