Après avoir relevé des "potentielles irrégularités" dans les procédures d'attribution des plages privées, le préfet annonce avoir saisi le juge administratif. Il demande à la mairie de résilier les délégations de service public des plages qui ont ouvert l'été dernier.
C'est un nouvel épisode dans le feuilleton de l'attribution des plages privées de Menton qui dure depuis de nombreux mois. La préfecture des Alpes-Maritimes vient de saisir le tribunal administratif de Nice pour demander "la suspension et l'annulation" des contrats de délégation de service public attribués par la mairie.
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Les services de l'État demandent à la justice de se prononcer sur "7 sous-traités d'exploitation", c'est-à-dire l'intégralité des plages privées qui ont ouvert l'été dernier sur la nouvelle Promenade de la Mer. Les deux derniers lots de plage, qui n'ont pas ouvert en 2024 suite à des procédures judiciaires, ont depuis été attribués par la mairie.
"Potentielles irrégularités"
"En mai 2024, la préfecture des Alpes-Maritimes a reçu, au titre du contrôle de légalité, 7 sous-traités d'exploitation de lots de plage concernant la plage des Sablettes à Menton", explique la préfecture, sollicitée par France 3 Côte d'Azur.
Dans le cadre du contrôle de légalité, les services de la préfecture ont relevé de potentielles irrégularités dans les procédures d'attribution de ces contrats et ont demandé à la mairie de Menton de les résilier dans le cadre d'un recours gracieux.
Préfecture des Alpes-Maritimesà France 3 Côte d'Azur
La préfecture indique que plusieurs échanges ont alors eu lieu avec la mairie. Mais, "en l'absence de résiliation, le préfet a saisi le tribunal administratif de Nice pour demander la suspension et l'annulation de ces contrats".
Contactée ce vendredi soir, la mairie de Menton n'a pas donné suite à notre demande d'interview.
Conséquences pour les plagistes
Si le tribunal admnistratif va dans le sens de la préfecture, quelles seront les conséquences pour les plagistes, qui ont engagé de lourds investissements pour pouvoir accueillir des touristes durant la dernière saison estivale ?
"C'est comme si, demain, vous n'aviez pas de bail pour rentrer chez vous", illustre Cédric Monteiro, conseiller municipal d'opposition. "Car la concession doit être validée par l'État."
En apprenant la nouvelle, Rocco Loisi, le président du syndicat des plagistes, est abattu. "On n'a pas ouvert les plages sans droit ni titre car on a eu l'autorisation du maire pour exploiter les lots en attendant le retour de la préfecture", affirme-t-il.
Si les contrats sont annulés, c'est une situation gravissime ! Il faudra qu'on engage des procédures parce qu'on ne peut pas jeter 6 à 700.000€ d'investissements à la poubelle !
Rocco Loisi, président du syndicat des plagistesà France 3 Côte d'Azur
La préfecture envisage une audience dans le courant du mois de février. "Dans cet intervalle, les discussions entre la préfecture et la mairie se poursuivent", conclut-elle.