L'aéroport international de Nice Côte d'Azur est situé à côté d'une zone protégée dite Natura 2000 où nichent beaucoup d'espèces d'oiseaux. Comment éviter une collision avec un avion alors que leur nombre grandit ? Comment protéger les oiseaux de ces nuisances ? Les élus écologistes posent des questions.
Le 29 décembre 2024, un vol de la compagnie Jeju Air s'est crashé en Corée du Sud faisant 179 morts sur les 181 passagers. L'une des hypothèses avancée serait la collision avec un oiseau. La thèse semble depuis se confirmer.
Dans ce contexte, la conseillère écologiste sans étiquette à la ville de Nice, Hélène Granouillac, pose des questions sur les dispositifs en place dans le deuxième aéroport de France en termes de trafic.
Par voie de presse, elle s'interroge sur les solutions à disposition de l'aéroport Nice Côte d'Azur pour éviter tout accident majeur : "c'est un double enjeu, d'une part, nous sommes à l'embouchure du Var en zone Natura 2000 avec des espèces protégées qui viennent nidifier et de l'autre, on a un aéroport international qui veut s'agrandir encore avec l'extension du Terminal 2 qui pose un problème."
Pour l'élue, pas question d'arrêter le trafic aérien, mais plutôt de stabiliser le nombre de vols : "nous ne sommes pas contre les avions bien sûr, nous nous alignons juste sur les préconisations du GIEC qui vise à équilibrer le trafic pour ne pas être dans une expansion démesurée. Pour nous, il faut éviter le sur-tourisme et arrêter de vouloir à tout prix faire venir les touristes, notamment avec des campagnes agressives de publicités à destination des pays asiatiques".
La zone Natura 2000 est en bout de piste :
Fréquentation en hausse
La fréquentation de l'aéroport est en hausse, elle a même dépassé le nombre de passagers enregistré en 2019 (avant la pandémie de Covid) qui était une année exceptionnelle. Avec 14,8 millions de passagers, le taux de remplissage des avions s'élève à 81,2%. Le nombre de vols, lui reste stable (109.455 mouvements d'avions commerciaux en 2024).
En 2024, 122 destinations étaient accessibles depuis Nice.
Avec l'extension, il pourrait accueillir plus 21 millions de voyageurs, ce qui représenterait en moyenne 75 vols supplémentaires par jour. Suite à un recours déposé à Marseille, la justice avait demandé une étude complémentaire.
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Cette étude sortie en novembre 2024 n'irait pas dans le sens des écologistes, car les avancées technologiques réduiraient les risques de nuisances et de pollution.
Selon l'AFP, l'étude conclut à un "impact limité".
Des systèmes fixes d'effarouchement
La direction de l'aéroport a donné à France 3 les détails de son dispositif : "nous avons une équipe mobile qui est présente 30 minutes avant le levée du soleil et jusqu'à 30 minutes après le coucher du soleil pour veiller à ce que les oiseaux ne gênent pas le trafic aérien" explique le porte-parole Aymeric Staub.
L'équipe mobile dispose de différents systèmes, à savoir huit effaroucheurs qui émettent des cris de prédateurs pour faire fuir les oiseaux. Sur leur véhicule, ils ont aussi des haut-parleurs pour diffuser en fonction de l'espèce un bruit adapté. Les agents ont un permis de chasse et une connaissance des différentes espèces pour adapter la réponse. En cas de vols conséquents d'oiseaux comme avec les étourneaux, ils peuvent utiliser des moyens pyrotechniques pour faire des détonations puissantes.
Sur Nice nous n'avons jamais rencontré de problèmes graves, en cas de collision le commandant de bord peut prendre la décision de faire demi-tour pour faire une inspection technique de l'appareil et ainsi lever tout doute.
Aymeric Staub, porte-parole de l'aéroport Nice Côte d'Azurà France 3 Côte d'Azur
Selon le porte-parole, le risque se situe vraiment sur la piste, au décollage : "nous avons une grande étendue de prairie, nous en sommes d'ailleurs fiers et nous voulons juste préserver la sécurité des aéronefs en chassant ponctuellement les oiseaux de la trajectoire des avions."
Les agents possèdent des armes létales, pour, en dernier recours, agir si nécessaire, mais ce serait plus dans le cas d'animaux plus gros comme un renard par exemple.
L'aéroport Nice Côte d'Azur s'étend sur 375 hectares dont 85 hectares d'espaces verts. Les écologistes rappellent : "Nous demandons le respect de la Charte de Bonne Conduite Environnementale de l’aéroport de Nice-Côte d’Azur"
Du côté de l'aéroport, le porte-parole tient à rappeler que le groupe adhère à une association spécialisée nommée Aérobiodiversité qui recense et évalue les espaces verts des aéroports pour lister les espèces de faunes et de flores présentes.
Sur la description du site, on peut ainsi y lire : "Aussi bien dans la plateforme que dans ses alentours, nous pouvons observer des espèces dites limicoles tel que le Chevalier aboyeur (Tringa nebularia), des rapaces comme le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) ou encore des passereaux avec l’Alouette des champs (Alauda arvensis). La biodiversité végétale n’est pas en reste puisque la Dame de onze heures (Ornithogalum umbellatum) vous accueille épanouie en fin de matinée entourée de doux effluves émis par les parterres de thym (Thymus vulgaris).
La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) explique que le risque dépend surtout de l'espèce, certaines sont plus sensibles au risque de collision que d'autres surtout chez les juvéniles. Pour l'association, le problème réside davantage dans l'artificialisation des sols par ailleurs qui empêchent les oiseaux de trouver des habitats sûrs que dans la présence des avions.
Si toutes les précautions sont prises au niveau de la sécurité des passagers, l'équilibre est fragile pour la préservation de la biodiversité et la protection des oiseaux.