Pour lutter contre la précarité menstruelle qui touche deux millions de femmes en France, la région PACA installe depuis un an des distributeurs de protections périodiques dans les lycées et universités. Depuis deux mois, le département équipe aussi les collèges.
En 2022, on lutte encore contre la précarité menstruelle.
L'enjeu est :
- financier (certaines femmes n'ont pas les moyens d'acheter des protections),
- médical (infections liées à une mauvaise protection hygiénique),
- éducatif (pour aller et suivre les cours, il faut une bonne protection)
- environnemental (produits durables).
Cela fait à peine un an que des distributeurs de protections hygiéniques sont installés dans les lycées et universités de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et deux mois dans les collèges des Alpes-Maritimes.
Un lancement largement annoncé à l'époque :
6 000 protections pour 133 collégiennes
Ce lundi 30 mai 2022, un distributeur a été installé dans le collège Auguste Blanqui à Puget-Théniers dans les Alpes-Maritimes. L'établissement compte 133 collégiennes sur 241 élèves, répartis en 10 classes.
Des ateliers de formations sont également prévus dans la moitié de ces classes (trois 6e et deux 5e).
Au total, 6 000 serviettes hygiéniques et tampons ont été livrés et mis dans un distributeur.
Un dispositif mis en place par le département des Alpes-Maritimes, l'Académie de Nice, l'association "Une voix pour elles", et deux associations chargées d'ateliers : le planning familial 06 et l'association française des centres de consultation conjugale 06.
Installation progressive dans les collèges
17 collèges devraient être équipés de distributeurs de protections périodiques sur les 92 que compte ce département.
Ce dispositif devrait bénéficier à 7 300 collégiens dont la moitié de filles. « Nous sommes dans le rôle de l’équipement de nos collèges qui est l’une de nos responsabilités », rapporte Charles Ange Ginésy, président du département des Alpes-Maritimes, à une équipe de journalistes de France 3 Côte d'Azur.
Ces jeunes filles découvrent à un moment une situation de leur vie qui peut être difficile et les jeunes garçons ne comprennent pas toujours l’absence des filles parfois. Il y a de l’accompagnement pédagogique par des équipes, par des associations, qui viennent expliquer cette étape de la vie pour que tout le monde comprenne.
Charles Ange Ginésy, président du département des Alpes-Maritimes
Voici la liste des collèges déjà équipés ou qui vont l'être dans les Alpes-Maritimes :
- Collège L’eau-vive à Breille-sur-Roya depuis le 8 avril
- Collège Louis-Nucéra à Nice depuis le 3 mai
- Collège Simon-Wiesenthal à Saint-Vallier-de-Thiery depuis le 6 mai
- Collège Paul-Langevin à Carros depuis le 23 mai
- Collège Ludovic-Bréa à Saint-Martin-du-Var depuis le 23 mai
- Collège Jean-Médecin à Sospel depuis le 24 mai
- Collège Jean-Baptiste Rusca à Saint-Dalmas-de-Tende depuis le 24 mai
- Collège Jean-Franco à Saint-Etienne-de-Tinée vers le 10 juin
- Collège Jean Salines à Rocquebillière
- Collège Saint-Blaise à Saint-Sauveur-sur-Trinité
- Collège Maurice Jaubert à Nice
- Collège Jules Romains à Nice
- Collège Simone Veil à Nice
- Collège Pablo Picasso à Vallauris
- Collège Les mûriers à Cannes
- Collège Fersen à Antibes.
Une voix pour elles
La distribution dans les collèges est opérée par l'association "Une voix pour elles" qui soutient les victimes de violences conjugales. Elle propose également des box solidaires hygiéniques pour les femmes et jeunes filles en situation de précarité.
Ce projet est "expérimental" rapporte la communication de l'association. "Nous avons commencé par les collèges dans les vallées comme la Roya, puis les collèges REP et REP+" précise l'association.
L'association met à disposition 10 serviettes, 5 tampons avec et 5 tampons sans applicateur par mois et par collégienne. Le tout est livré à l'infirmerie de chaque collège concerné.
Par exemple, pour l'établissement de Breil-sur-Roya, 3 600 protections périodiques ont été offertes en tout pour trois mois, à disposition de 60 collégiennes.
Ça parait fou. On se retrouve en 2022 à poser des distributeurs pour lutter contre la précarité menstruelle (...) Il y a le volet financier, le volet culturel parfois à prendre en compte. On vient répondre à un besoin.
Sabine Bodiroga, présidente de l'association « Une voix pour elles »
Ces protections sont certifiées en coton bio (label Gots), sans substances chimiques, et éthiques.
Sensibilisation des filles et des garçons
Pour Marie-Luce Rollin, de l'association française des centres de consultation conjugale 06 : « Le but n’est pas seulement de distribuer des serviettes mais aussi de sensibiliser les jeunes à toutes les problématiques autour des menstruations : inégalités, précarités, à savoir la difficulté pour les femmes à se fournir en protections périodiques dignes, qui ne soient pas des bouts de chiffons ou autre".
Il y a aussi un enjeu de déconstruction des tabous autour des menstruations qui est énorme car on est encore aujourd’hui face à des représentations complètement à côté de la plaque de ce que sont les menstruations et ce que ça implique pour les femmes dans leur quotidien. C’est extrêmement important que les filles et les garçons aient une connaissance juste de ce que c’est.
Marie-Luce Rollin, association française des centres de consultation conjugale 06
En collaboration avec le planning Familial, Marie-Luce Rollin met en place des ateliers d'abord en non-mixité "pour libérer la parole" puis ensemble "pour travailler sur les préjugés et fausses croyances autour des menstruations". "Ça fait une préparation qu’ils n’ont pas toujours dans leur famille", remarque-t-elle.
80 000 lycéennes en PACA
Les 80 000 lycéennes de la région PACA devraient avoir accès à des distributeurs de protections périodiques dans leurs établissements d'ici la fin de l'année 2022. Il s'agit d'un plan régional : « Les mêmes règles pour toutes ». L'expérimentation a commencé en 2021 avec une dizaine de lycées, ce qui représente environ 4 500 lycéennes.
Ce dispositif a commencé au lycée Ismaël Dauphin à Cavaillon, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, le 8 mars 2021. Les serviettes et tampons auxquels ont accès gratuitement les lycéennes depuis sont en coton bio éco-responsables.
29 distributeurs dans les universités
Le projet a également été lancé dans les universités, il y a un peu plus d'un an.
29 distributeurs ont été installés à ce jour dans les toilettes des cafétérias et restaurants CROUS Nice-Toulon, en collaboration avec l'université de Toulon, celle de Côte d'Azur, la Fédération des étudiants toulonnais (FEDET) et la Fédération des associations et corporations étudiantes des Alpes-Maritimes (FACE 06).
Ce réseau a été symboliquement inauguré le 8 mars 2021 à Nice et à la Garde. "Pas mal d'étudiantes veulent laisser la place à celles qui ont plus besoin" explique la communication du CROUS. Les étudiantes en situation de précarité menstruelle ont ainsi accès à des protections gratuites et respectueuses de l'environnement.
En 2022 encore, le département, la région, la préfecture et les associations tentent de venir à bout de la précarité menstruelle qui touche près de deux millions de femmes en France.