Le 3 février 2015, trois militaires en faction devant un centre communautaire juif ont été attaqués par Moussa Coulibaly, condamné en 2019 à 30 ans de réclusion criminelle. Un triste anniversaire qui s'inscrit dans un contexte d'augmentation des actes antisémites en France.
C'était il y a 10 ans. Moins d’un mois après les massacres de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier 2015, Moussa Coulibaly attaque avec un couteau trois militaires qui patrouillent dans le centre-ville de Nice, devant un immeuble qui abrite l'antenne locale du Consistoire juif, une association de bienfaisance et une radio associative juive, radio Shalom.
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L'un des militaires est blessé au visage et un autre au niveau de l'oeil après être venu en soutien à son collègue. L'assaillant est maîtrisé au sol par le troisième soldat. En garde à vue, Moussa Coulibaly, originaire de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, tout juste refoulé de Turquie, clame sa haine de la France, des policiers, des militaires et des juifs.
En décembre 2019, Moussa Coulibaly est condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour tentative d'assassinat mais aussi d'association de malfaiteurs terroriste pour avoir cherché à se rendre en Syrie et rejoindre le groupe djihadiste État islamique.
"On aurait pu vivre un scénario comme celui de la basilique"
Frank Benzaquen, président bénévole de Radio Shalom, repense avec effroi à cet événement : "On ne peut s'empêcher de se demander 'qu'est-ce qui aurait pu se passer sans la présence des militaires ?'. Si le terroriste avait eu accès à toutes les personnes présentes sur place. On aurait pu vivre un scénario comme celui de l'attentat de la basilique en 2020".
Les 10 ans de cet attentat viennent rappeler l'augmentation des actes antisémites en France à ce militant associatif : "Évidemment, cela ne fait que s'amplifier. Il y avait une crainte dans les années qui ont suivi cet attentat mais un paroxysme a été atteint avec le 7 octobre. J'interdis à mes enfants de porter des signes distinctifs religieux et je les incite à changer de nom de famille lorsqu'ils prennent un Uber", détaille Frank Benzaquen.
D'après les chiffres du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), 1570 actes antisémites ont été recensés en France pour l'année 2024. Si ces données restent stables entre 2023 et 2024, les chiffres sont en hausse par rapport à 2022.
La force du dialogue
Le président de Radio Shalom regrette un "climat délétère" mais garde foi au dialogue pour mettre fin aux haines et préjugés : "Si on veut casser la barrière du communautarisme, il faut trouver une brèche pour parler sans langue de bois des sujets qui fâchent souvent par ignorance comme Israël ou le sionisme. Il faut parler à tout le monde pour arriver à la paix".