Lors de son "Grand Forum des libertés" organisé ce mardi 21 janvier, l’UDR a dévoilé 30 mesures économiques. Fasciné par la politique du président argentin Milei et Elon Musk, Éric Ciotti veut s’attaquer à la bureaucratie, au millefeuille territorial, aux normes françaises et à la dépense publique. Un programme censé libérer la croissance.
Attention ça va faire mal ! Éric Ciotti rejoue "Massacre à la tronçonneuse" mais dans une version plus politique. Le président de l'UDR (Union de la Droite Républicaine) a commencé son discours lors du "Grand Forum des libertés" hier soir à la Maison de l'Amérique latine à Paris, armé de cette machine.
La tronçonneuse est restée posée sur une table à côté de lui, bien en évidence. Non pas pour bricoler mais pour symboliser de manière claire et forte la coupe dans les dépenses publiques.
La tronçonneuse apparaît également sur un autocollant distribué aux convives, ainsi que sur le programme. Un événement organisé par l’UDR que les internautes pouvaient suivre en direct sur X, le réseau social d'Elon Musk.
Une loi tronçonneuse
Éric Ciotti est "fasciné" par le nouveau président américain Donald Trump mais aussi par Javier Milei, le président argentin ultralibéral qui a mené campagne il y a un an tronçonneuse à la main. Son slogan ? "Afuera la bureaucratie !" (dehors la bureaucratie).
Face à lui, des parlementaires, des adhérents et des sympathisants du jeune parti de droite créé cet été à Levens (Alpes-Maritimes). L'UDR affiche un organigramme d'une trentaine de personnes et revendique 15.000 adhérents.
Éric Ciotti a présenté son programme de coupes dans la dépense publique. Des déclarations reprises sur son compte X ce mercredi 22 janvier : "L’UDR supprimera les ARS, dont la bureaucratie entrave la gestion de la santé, l’ADEME, qui impose des normes excessives aux entreprises, l’OFB, qui accable les agriculteurs, ou encore l’ARCOM, qui interfère avec la liberté des médias !"
L’UDR supprimera les ARS, dont la bureaucratie entrave la gestion de la santé, l’ADEME, qui impose des normes excessives aux entreprises, l’OFB, qui accable les agriculteurs, ou encore l’ARCOM, qui interfère avec la liberté des médias !#Grandforumdeslibertes pic.twitter.com/2UBhDK3nAH
— Eric Ciotti (@eciotti) January 21, 2025
Il détaille ainsi ce qu'il appelle sa "loi tronçonneuse". Son programme prévoit la suppression de 100.000 normes en 5 ans et de certaines collectivités :
- La suppression de 25 % des normes
- La suppression de 1/3 des agences
- La suppression des régions, des métropoles et des départements
Avec des objectifs chiffrés :
- Une baisse de la dépense publique de 120 milliards par an
- 600 milliards en 5 ans
- 4 % de croissance chaque année
Car ce "plan audacieux", dixit Éric Ciotti chez nos confrères de Sud-radio, est en fait une découpe tous azimuts :
Il faut tout revoir dans le mille-feuille territorial : entre les métropoles, les régions, les intercommunalités, les départements, toutes les prérogatives se chevauchent, elles s’additionnent et elles nous coûtent cher ! #SudRadio pic.twitter.com/9b9Pfr3YqO
— Eric Ciotti (@eciotti) January 22, 2025
Selon le député des Alpes-Maritimes, il faut tout revoir dans le mille-feuille territorial : "entre les métropoles, les régions, les intercommunalités, les départements, toutes les prérogatives se chevauchent, elles s’additionnent et elles nous coûtent cher !", affirme-t-il sur son compte X.
Il veut réduire à "deux niveaux de collectivités": la commune et la "province" qui remplaceraient les départements, les régions et les métropoles. De même, "un préfet dirigera son administration provinciale : plus d'agences régionales de santé, plus de rectorats".
"Une grande révolution libérale"
Un peu avant son Grand Forum des libertés, Éric Ciotti a expliqué ses "grandes propositions de libéralisation de notre économie, de libéralisation de nos énergies pour favoriser la croissance et donc pour favoriser le pouvoir d'achat en faisant des économies sur nos dépenses", sur Cnews-Europe1 (qui appartient au groupe de Vincent Bolloré), évoquant une "révolution des libertés". Côté social et environnemental, il veut aussi supprimer des lois qui existent déjà :
- le principe de précaution,
- la loi SRU (sur les logements sociaux),
- le zéro artificialisation nette (ZAN),
- les zones à faibles émissions (ZFE),
- la loi Dalo sur le droit au logement opposable,
- l'encadrement des loyers, ainsi qu'un
- "un moratoire sur les DPE", les diagnostics énergétiques des logements
Même coups de rabot dans les domaines politiques et médiatiques. Le président de l'UDR propose de supprimer le Conseil économique, social et environnemental (Cese), de réduire le nombre de ministères à 10, de réduire de 30 % le parc immobilier de l'État et de diviser par deux les budgets de l'Aide au développement et de l'audiovisuel public.
Suppression d'une centaine d'agences d'état
Interrogé par l'AFP sur l'écart entre ces propositions ultralibérales et le programme de son allié, le Rassemblement national, Éric Ciotti (allié du RN depuis les dernières élections législatives), a cité en commun "la suppression de 100 agences" de l'État. "Nous avons la même volonté de diminuer les dépenses publiques inutiles (...) et de diminuer les impôts de production", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant "des différences sur les retraites" avec le parti d'extrême droite.
Sur la proposition de la ministre du travail qui souhaiterait taxer les retraités aisés, il affirme au micro de Jean-Jacques Bourdin :"Au lieu de taxer les retraités, nous pourrions simplement décaler de 5 ans, le versement des prestations sociales pour les étrangers, ça ferait une économie de 7 milliards d’euros par an !"
Avec ce forum parisien et un plan média national, Eric Ciotti entend peser dans les débats de 2025... à coups de tronçonneuse.
(avec AFP)