"Je m'interroge sur le réel intérêt du président de la République pour les victimes": l'abandon du Musée Mémorial du Terrorisme provoque la colère des familles

Le projet de Musée Mémorial des victimes du terrorisme, demandé notamment par des proches des victimes de l'attentat de Nice, a été abandonné. Son inauguration, prévue en 2027 à Suresnes en région parisienne, ne devrait finalement pas avoir lieu en raison de contraintes budgétaires.

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L’abandon du projet de Musée-Mémorial du Terrorisme (MMT) passe mal chez les familles des victimes, notamment celles de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Annoncé en 2018 par Emmanuel Macron, ce projet ambitieux devait voir le jour à Suresnes dans les Hauts-de-Seine. 

Après des années de travail, des contraintes budgétaires ont été invoquées pour mettre un terme à cette initiative qui devait voir le jour en 2027.

Le projet visait à inscrire la mémoire des victimes du terrorisme dans l'imaginaire collectif, dans une perspective à la fois culturelle et éducative. Une collection de très nombreux objets liés à des attentats devait y être exposée, plus de 2 000 objets ont déjà été rassemblés pour constituer les collections du musée, notamment les vêtements portés par des enfants victimes à Nice ou par des otages. 

Un renoncement au devoir de mémoire ?

Collection d'objets, partenariats internationaux, programme pédagogique... le musée, tel qu'il avait été pensé, aurait dépassé la simple commémoration pour devenir un outil de lutte contre la radicalisation et un objet de mémoire.

Ce mémorial a cependant été victime des nombreuses contraintes budgétaires envisagées : le gouvernement Barnier y a mis fin quelques jours seulement avant son départ.

"Je me pose depuis très longtemps la question du réel intérêt du président de la République pour les victimes" confie ce 13 décembre Anne Murris à France 3 Côte d'Azur.

Lors de l'attentat de Nice survenu le 14 juillet 2016, sa fille Camille, 27 ans, faisant partie des victimes percutées par le camion fou ayant provoqué la mort de 84 personnes.

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Pour elle, qui à la suite du terrible attentat a créé l'association Mémorial des Anges, cet abandon réactive une inquiétude : celle de l’absence d’une véritable reconnaissance du combat des proches des victimes.

Pour l'heure, j'ai l'impression que la mémoire des victimes du terrorisme sert plutôt les intérêts personnels des uns et des autres.

Anne Murris, mère d'une victime de l'attentat de Nice le 14 juillet 2016

En juin dernier, Anne Murris avait déjà eu écho de certains obstacles à la naissance de ce projet qu'elle souhaitait voir s'installer à Nice.

De plus, elle avait initié un projet similaire localement, un an après l'attentat du 14 juillet. "En fait, on se sent complètement dépossédés. À titre personnel, c'est un projet que je porte depuis quatre ans. Il fait partie de ma résilience. Ce projet était celui de l'expression de la tolérance et de la générosité à l'image des engagements et de la vie que ma fille s'était construite" exprimait-elle en 2021.

Contraintes budgétaires

Plusieurs ministères impliqués dans le financement du projet parisien auraient ainsi exprimé des réticences face aux contraintes budgétaires.

D’autres résistances, plus symboliques cette fois, se sont également fait entendre : certains anciens combattants refusaient que le mémorial ne soit implanté à Suresnes, car trop proche du Mont-Valérien, haut lieu de la mémoire de la Résistance.

Dans un message sur le réseau social X (ex-Twitter) publié le 10 décembre, le compte officiel du Musée Mémorial du Terrorisme annonçait l'abandon du projet : "Nous dénonçons l'absurdité de l'arrêt du projet tel qu'il a été façonné depuis 6 ans. (...) Résister au terrorisme, c'est avoir le courage de lui faire face, y compris par la connaissance et la culture."

Plusieurs voix se sont également élevées pour dénoncer cette décision, comme l'ancien Procureur de Paris François Molins.

De son côté, l'Association Victimes Attentats (AVA) appelle à une mobilisation "nationale et internationale" afin de sauver le projet. 

Cependant, l'annonce d'un nouveau gouvernement dirigé par François Bayrou ce vendredi 13 décembre pourrait possiblement rebattre les cartes.

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