Pour la quatrième Nuit de la solidarité, les travailleurs sociaux ont sillonné les rues de la ville pour aller à la rencontre des personnes qui y vivent. Le temps d'une nuit, ils y ont croisé 281 personnes, autant de parcours de vie difficiles, tous différents.
On les voit sans les voir. À Nice (Alpes-Maritimes), 281 personnes ont été recensées comme vivant dans la rue ce jeudi 23 janvier 2025.
C'est le résultat de la Nuit de la solidarité, menée pour la quatrième année consécutive. Elle s'est déroulée simultanément dans 41 communes de France pour faire un état des lieux des situations et des besoins de ces personnes en grande précarité.
Toute la nuit, travailleurs sociaux, bénévoles du 115, de la Croix Rouge ou d'autres associations, soit 200 personnes en tout, ont sillonné les différents quartiers à la recherche des abris et recoins où des personnes auraient pu s'installer pour la nuit.
Ici, une couette dans un renfoncement d'immeuble indique qu'une personne y dort régulièrement. Même si elle est absente, l'endroit est recensé comme "habité". Là, les bénévoles rencontrent, sur un banc, un homme d'une cinquantaine d'années. Il s'appelle Djamel. Il répond volontiers à leurs questions. Est-il suivi par une association ? Où dort-il ? A-t-il de la famille ?
"Je ne suis pas seul, il y a le bon dieu", répond tout d'abord Djamel. Il explique aller régulièrement prendre des repas à l'association le Fourneau économique. Quant à trouver un abri pour la nuit... "Avez-vous essayé d'aller à la Halte de nuit, rue Trachel ?" "C'est tout plein !" répond Djamel qui continue de caresser un modeste espoir :
J'aimerais trouver une petite chambre dans un foyer pour avoir un peu de stabilité, soigner ma santé...
Djamel, 50 ansà Marie Redortier pour France 3 Côte d'Azur
60 personnes sans abri de plus que l'an dernier
281 personnes recensées comme vivant dans la rue de façon stable, c'est 60 de plus que l'année dernière. Certes, ces chiffres ne sont qu'indicatifs, tant il est difficile de faire un recensement précis. "Certaines personnes dorment peut-être dans leur voiture, dans des squats, ou dans des abris qu'on ne voit pas. Peut-être qu'il y en a plus", convient Jennifer Salles, adjointe au maire de Nice en charge de l'action sociale, et vice-présidente du CCAS. Malgré tout, ce chiffre, et surtout son évolution, permettent d'évaluer les besoins d'accompagnement social.
Le CCAS de Nice gère plusieurs centres d'hébergement d'urgence pour accueillir les personnes la nuit :
- la Halte de nuit de la rue Trachel dispose de 84 places pour les hommes et 15 places pour les femmes.
- le centre d'hébergement d'urgence El Nouzah, propose cette année huit places supplémentaires, soit un total de 46 places.
- le centre d'hébergement temporaire de la rue Fodéré est ouvert depuis le 16 janvier, date à laquelle les deux autres centres ont été saturés. Il dispose de 50 places.
S'y ajoute la Halte de nuit de la Fondation de Nice, située dans le quartier du port, rue Balatchano.
"La rue est un milieu très difficile", constate Jennifer Salles, vice-présidente du CCAS de Nice. "Chaque personne est différente, avec un parcours de vie différent. Certaines personnes ne veulent pas aller dans des structures, d'autres souhaitent être aidées, et c'est là qu'on essaie de mettre en place le meilleur accompagnement. Mais sortir quelqu'un de la rue est quelque chose de difficile. Quelques personnes en sortent définitivement, d'autres y retournent malgré l'accompagnement social".
La Nuit de la solidarité est aussi une occasion de sensibiliser le grand public qui peut ne pas être seulement spectateur, mais aussi acteur face à des situations de grande précarité.
Jennifer Salles, adjointe au maire, vice-présidente du CCAS de Niceà France 3 Côte d'Azur
La consigne est simple, appelez le 115, numéro du Samu social, si vous êtes témoin d'une situation d'urgence pour laquelle une solution peut être trouvée.
Avec Marie Redortier et Caroline Huet.