Les gérants de la société Capral, spécialisée dans la vente d'explosifs pour le BTP, ont été condamnés à des peines de prison pour avoir dispensé des formations illégales à leur usage. L’entreprise a également écopé d’une amende et d'une interdiction d'exercer, tandis que les prévenus devront indemniser les victimes et parties civiles.
Les gérants d’une entreprise spécialisée dans la vente d'explosifs pour le secteur du BTP ont été condamnés vendredi à Nice à des peines de prison pouvant atteindre deux ans, pour avoir dispensé des formations non agréées sur l’utilisation de ces explosifs.
La société Capral, établie à Saint-André-de-la-Roche, a été reconnue coupable par le tribunal correctionnel de pratiques commerciales trompeuses. L'entreprise fournissait des explosifs dits de "déroctage" aux entreprises de BTP et organisait des sessions de formation destinées aux cordistes. Ces derniers utilisent, entre autres, ces cartouches pyrotechniques de catégorie P2 lors des opérations de purge sur les falaises.
Suite à un accident survenu en 2021, lorsqu’un cordiste formé par Capral a été gravement blessé, une enquête administrative a été ouverte. Cela a conduit à la mise en cause des deux gérants et de leur société, accusés de pratiques trompeuses et de blessures involontaires.
Deux ans de prison et 80 000 euros d'amendes
Le principal dirigeant a écopé de deux ans de prison, en plus de la confiscation de plus de 80 000 euros saisis sur ses comptes, et d'une interdiction d'exercer toute activité liée aux explosifs pendant cinq ans. Son collègue a été condamné à six mois de prison avec sursis. Quant à la société Capral, elle devra payer une amende de 50 000 euros et se voit interdire d’exercer dans ce domaine durant cinq ans.
De plus, les deux prévenus devront indemniser plusieurs milliers d’euros les vingt sociétés du BTP qui s’étaient portées parties civiles, ainsi que l’association "Cordistes en colère" et le syndicat des cordistes de France. Une autre audience est prévue pour déterminer l’indemnisation de la victime de l’accident.
Lors de l’audience du 13 décembre, il a été révélé que Capral avait formé plus d'un millier de personnes au maniement des explosifs entre 2011 et 2021. Les deux dirigeants avaient tenté de justifier ces formations en invoquant un faux agrément européen délivré par une société allemande.
Me Stéphane Teyssier, avocat des parties civiles, a salué cette décision judiciaire, estimant qu'elle marquerait la fin de "ces pratiques dangereuses pour la vie des salariés", précisant que les formations proposées étaient non seulement insuffisantes — huit heures contre deux à trois jours pour les organismes agréés — mais aussi proposées à des tarifs bien plus bas.