Dans un rapport, la Cour des comptes fait état de la mauvaise gestion du patrimoine de l'Institut de France. De la région parisienne à la Côte d'Azur, de nombreux édifices seraient laissés à l'abandon par les sages dont la villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat.
Laissé à l'abandon. C'est le triste constat de la Cour des comptes qui épingle les "immortels" gérants des cinq administrations de l'Institut de France pour la mauvaise gestion de leur patrimoine. 63 millions de travaux seraient à réaliser. Parmi les cités, la villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Un joyau de la Côte d'Azur cédé par Beatrice Ephrussi de Rothschild à l'académie des Beaux-arts de l'Institut de France dans son testament n'ayant pas de descendant.
Le rapport de la Cour des comptes.
Villa en péril ou problème structurel ?
"Si certains sites de l’Académie des beaux-arts, comme la maison et les jardins de Claude Monet Giverny (Eure) ou le musée Marmottan Monet (Paris), sont entretenus et exploités de manière exemplaire, tel n’est pas le cas de la Villa Éphrussi (Alpes-Maritimes)" peut-on lire en introduction de la partie sur sites gérés par l'académie des Beaux-Arts dans le rapport.
"La Cour a constaté, s’agissant de la Villa Éphrussi, un état de conservation médiocre des collections, avec des atteintes irrémédiables à des objets mobiliers précieux, et une situation de péril des bâtiments" explique le rapport. Contacté son directeur, Bruno Henri-Rousseau trouve que ces allégations sont incohérentes :" Les juges de la Cour des comptes sortent de leurs compétences. L'académie des Beaux-Arts et culturespaces - société privée qui a la gestion de l'édifice - disposent d'architectes, d'ingénieurs avec qui nous travaillons... C'est farfelu de dire que c'est à l'abandon !"
Le directeur reconnaît tout de même des problèmes structurels liés à la construction dont il a la connaissance.
" Cela fait deux ans que nous avons posé un diagnostic. La villa a été construite avec du fer, le fer se corrode avec le vent, le sel de la mer... Il faut imaginer que la Baronne de Rothschild a fait construire cette villa en cinq ans, avec un matériau révolutionnaire pour l'époque : du fer qui s'est avéré corrosif. Il a fallu creuser les murs pour le découvrir."
Pour le directeur, le terme de péril n'est pas valable : "Des travaux sont prévus, la commission de sécurité du département est passée et nous a donné l'autorisation d'ouvrir en début de saison, il n'y a pas de nécessité de fermer les portes" explique-t-il.
Est aussi pointé par la Cour des comptes, la dégradation des colonnes sur lesquelles reposent la terrasse. "Afin de remédier à la fragilité des colonnes d'origines, déjà très endommagées en 2009, des profilés métalliques de renfort dissimulés ont été posés. Ces profilés qui devaient être temporaires sont désormais eux-mêmes corrodés (...) La hauteur de la terrasse d'environ une quinzaine de mètres, le péril est constitué par un risque d'effondrement" écrit la Cour des comptes dans son rapport.
Sur ce point, le directeur répond : "Non, les visiteurs ne risquent rien." Concernant les arcades qui montrent des problèmes de structure, elles sont sous des jardinières le public ne passe pas dessous. Elles sont déjà soutenues et des travaux sont en cours."
10 millions d'euros et beaucoup de temps
Les travaux de rénovation sont estimés à 10 millions d'euros, que la villa espère financer grâce à du mécénat et les recettes que les événements culturels procurent.
Pour autant, ces travaux s'apparenteront à un travail d'orfèvrerie : "Par exemple, les grandes poutres, il va falloir les sabler pour enlever la rouille et comme elles ont perdu de la matière, il va falloir couler du béton."
Pour ce faire, il faut enlever les décors, les façades... Pour faire un mètre, il faudra une semaine.
Des travaux qui prendront sûrement plusieurs années avant que la villa Ephrussi de Rothschild retrouve son allure d'antan.