Environ 250 soignants et salariés de l'hôpital privé niçois spécialisé en psychiatrie se sont réunis ce samedi 30 novembre sur la promenade des Anglais, pour demander des meilleurs salaires et plus d'effectifs. L'établissement n'attirerait plus en raison des très faibles augmentations.
Ils demandent que l'on stoppe "l'hémorragie" avant que "tout le monde ne déserte". Ce samedi 30 novembre, environ 250 salariés du centre hospitalier privé Sainte-Marie de Nice, spécialisé en psychiatrie et en santé mentale, se sont donné rendez-vous sur la promenade des Anglais pour manifester leur colère. Le mouvement a eu lieu à l'appel d'une intersyndicale composée par la CFTC, la CGT, FO, la CFE-CGC et l'UNSA.
Sur place, de nombreux infirmiers et infirmières se plaignent d'avoir "un salaire des années 70", mais aussi d'un manque de reconnaissance de la part de la direction du groupement auquel appartient l'hôpital niçois, l'Association Hospitalière Sainte Marie (AHSM). Ce consortium qui emploierait 5600 personnes regroupe notamment des EHPAD, des hôpitaux ou encore des maisons des adolescents dans une partie de la France, notamment à Clermont-Ferrand, Rodez, ou encore au Puy-en-Velay.
Et c'est là que ça coince pour la représentante syndicale de la CFTC, Alexandra Lecomte. Selon elle, "la direction générale ne veut pas se mouiller" en augmentant les salaires des salariés niçois, "parce qu’elle estime qu’elle ne peut pas faire de différenciation avec les autres hôpitaux du groupe". Or selon cette infirmière, "au vu des loyers assez chers à Nice et de la forte concurrence sur place", cet écart devrait exister, d'autant plus que l'hôpital azuréen serait "le seul excédentaire" des établissements de l'AHSM.
184 euros d'augmentation en 16 ans
Pour expliquer les raisons de sa colère, Alexandra Lecomte n'a qu'un seul chiffre sur la langue : "j'ai été augmentée de 184 euros en 16 ans, alors que sur le même temps, le SMIC a pris un peu moins de 500€", s'exaspère-t-elle. Résultat selon l'intersyndicale, des aides soignants se retrouvent désormais au SMIC, "alors qu'ils ne l'étaient pas". Une situation qui ne concerne donc pas que les soignants, mais aussi "les assistantes sociales, la cuisine, la blanchisserie, etc...", selon les syndicats.
Beaucoup des 250 personnes mobilisées pensent que la très faible évolution des salaires est la principale source du manque de personnel dans l'hôpital. Aujourd'hui, seules 800 personnes travailleraient pour le centre de soins, "tandis qu'il y a 4 ou 5 ans de cela on était à 1100", assure Alexandra Lecomte.
On est en train de construire un hôpital neuf, mais à ce rythme-là il n’y aura personne dedans !
Alexandra Lecomte,Infirmière à l'hôpital Sainte-Marie, représentante syndicale CFTC
Des fermetures de lits et d'unités
Toutes ces problématiques ont des conséquences directes sur la prise en charge des patients. Les représentants syndicaux avouent même avoir l'impression de faire "du gardiennage". L'offre de soins s'est elle-même considérablement réduite ces derniers mois : deux unités de soins psychiatriques ont fermé, et pour éviter la fermeture d'une troisième, "70 à 80 lits" ont été sacrifiés rien qu'en 2024, assure la CFTC.
Selon Laurence Dutruel-Roy, autre infirmière en psychiatrie du centre hospitalier, "les tensions dans les services sont atroces", les personnels étant en sous-effectif, ce qui créerait des problèmes de sécurité. Pour elle, l'objectif est désormais de "faire du chiffre", "même en psychiatrie maintenant". Le tout, au détriment du patient.
Les personnels redoutent encore de nouvelles baisses d'effectifs dans les prochains mois. Une pétition pour alerter les élus, la direction générale du groupement, ou encore le ministère a été lancée par les salariés. Contactée, l'AHSM n'a pour l'heure pas répondu à nos sollicitations.