Comme chaque année, l'accès payant et les palissades opaques du Carnaval de Nice font débat. Le collectif citoyen Viva a lancé une pétition réclamant un événement "plus accessible et populaire". La mairie défend sa position, mais envisage la tenue d'une parade gratuite.
Les gradins commencent à investir la place Garibaldi. Dans quelques jours, ils seront pris d'assaut par une multitude de Niçois et de touristes venus s'offrir une place de choix pour admirer les parades du Carnaval de Nice, dont le premier rendez-vous est donné le samedi 15 février.
Mais trois semaines avant l'ouverture de l'évènement, les regards se posent sur le montage de ces tribunes éphémères et certains sont parfois dubitatifs. "Ce serait bien que ce soit gratuit. Ce carnaval, c'est l'âme de la ville et tout le monde devrait pouvoir en profiter", fustige notamment une passante.
Loin des considérations populaires que l'on prête souvent aux carnavals, celui de Nice est effectivement critiqué pour son caractère payant. Pour cette édition de 2025, par exemple, il faut débourser 7 euros par personne pour assister aux déambulations debout et jusqu’à 28 euros pour avoir une place assise.
Je pense que les Niçois paient suffisamment d’impôt pour pouvoir bénéficier du carnaval sans payer
Une Niçoise
Subsiste toutefois un espoir d'en prendre plein les yeux gratuitement : venir déguiser, de la tête aux pieds. Mais, vigilance : la personne costumée pourra seulement avoir accès au spectacle dans la limite des places disponibles.
Parce que les prix sont trop chers. Parce que la billetterie est prise d'assaut et qu'il n'y a plus de place en dernière minute. Parce que cela va à l'encontre de l'esprit populaire des carnavals. Nombreux sont les arguments qui poussent certains locaux à rester de l'autre côté des palissades noires.
Ces grandes barrières opaques, hautes de 2,50 mètres, sont installées tout autour de chaque représentation du Carnaval de Nice, de la place Masséna jusqu’à la promenade des Anglais. Apparues à la suite des attentats de 2016, elles doivent protéger l'enceinte de potentielles attaques.
Mais, chaque année, elles créent toujours autant la polémique. Au fil du temps, elles ont effectivement permis d'instaurer un Carnaval payant, à la capacité limitée et fermé à une partie de la ville.
Une pétition pour un carnaval ouvert
Alors, parfois, certains collent un œil entre deux pans de palissade. Seul moyen d'espérer y voir quelques passages d'une déambulation.
Une situation absurde pour le rassemblement citoyen Viva, en lice au premier tour lors des dernières élections municipales. "Ces barrières opaques coupent la ville en deux et bunkérisent l'événement", déplore David Nakache, membre du mouvement.
Pour espérer faire tomber les barrières, Viva a lancé une pétition en ligne, directement destinée à Christian Estrosi. Actuellement riche d'un peu plus de 800 signatures, elle réclame surtout la gratuité de l'évènement et la fin des palissades opaques.
Des mesures de sécurités
Du côté de la municipalité niçoise, cette pétition paraît irrationnelle. "Notre ville a été touchée plusieurs fois par le terrorisme, donc il appartient au préfet de prendre les mesures qui s’imposent", fixe Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice.
Il ajoute : "Si ses palissades n'étaient pas obstruées, il y aurait des regroupements. Or, le plan Vigipirate, les mesures de sécurité que nous impose l’État, nécessitent qu’il n’y ait pas de regroupement autour de la zone festive."
En effet, la posture Vigipirate « Hiver-Printemps 2025 », active depuis 15 janvier 2025, maintient l’ensemble du territoire au niveau « urgence attentat ». Concrètement, cela veut dire que l'accent sur la sécurité doit notamment être mis lors des rassemblements festifs, comme le carnaval de Nice.
Par ailleurs, Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, a récemment demandé aux préfets de renforcer leurs mesures de sécurité à la suite des attentats en Allemagne et en Louisiane.
Des arguments jugés irrecevables par Viva. "Quand il y a le 14 juillet sur la promenade des Anglais, on n’a pas de palissade noire qui encadre toute l'avenue", rétorque David Nakache.
Une parade gratuite ?
"Invité d'ici" sur notre plateau du 19/20 ce mardi 21 janvier, Hugues Moutouh, le préfet des Alpes-Maritimes, a confirmé qu'un carnaval gratuit et à ciel ouvert n'aura pas lieu cette année pour ces raisons de sécurité.
"Il faut comprendre que l’équilibre entre ordre et liberté est toujours très délicat à trouver", a-t-il appuyé. Le haut fonctionnaire laisse toutefois la porte ouverte à une éventuelle grande parade gratuite et accessible à tous sur l'avenue Jean-Médecin, axe originel du carnaval historique.
La demande a été faite par la mairie qui attend son feu vert. "On y réfléchit, à partir du moment qu’on a les forces de sécurité nécessaires", a-t-il déclaré sans détailler davantage.
Peut-être un premier pas pour renouer avec un Carnaval de Nice comme "avant" ? Pour l'heure, la première parade aura lieu derrière les palissades noires, à partir de 20 h 30, le samedi 15 février.
Les festivités s'ouvriront toutefois dès le mercredi 12 février.