Reconnaissance faciale pendant le carnaval de Nice, à l'entrée des lycées... La commission nationale informatique et libertés a decidé ce 15 novembre des "lignes rouges" à ne pas franchir dans l'utilisation de la reconnaissance faciale, en matière de respect de la vie privée des citoyens notamment.
La reconnaissance faciale est depuis longtemps associée à une restriction des libertés. Quand à Nice ou Marseille, les établissements scolaires envisagent de l'installer, les réactions sont vives.
Fin octobre, l'institution s'était d'ailleurs opposée à la mise en place d'un portique virtuel de contrôle d'accès par reconnaissance faciale dans le lycée niçois des Eucalyptus et le lycée Ampère à Marseille.
La Cnil avait alors préconisé d'utiliser les moyens déjà existants, moins intrusifs, comme un contrôle par badge, estimant la reconnaissance faciale "disproportionnée".
Dans un rapport publié ce vendredi, la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés - Cnil précise sa position et le cadre de la mise en place de ces dispositifs.
S'il ne s'oppose pas sur le principe à l'utilisation de la reconnaissance faciale, le gendarme français des données personnelles met justement l'accent sur plusieurs exigences pour en encadrer l'expérimentation."Tout n'est pas et ne sera pas permis en matière de reconnaissance faciale", prévient l'organisme qui souligne le "potentiel de surveillance inédit pouvant mettre en cause des choix de société".
D'abord, "dessiner des frontières" avant tout usage, même expérimental, afin de définir le champ de ce qui est "souhaitable" politiquement et socialement et de ce qui est "possible" technologiquement et financièrement.
La Cnil rappelle par exemple qu'elle reconnaît la légitimité de certaines pratiques comme le contrôle de l'accès au carnaval de Nice, sur un échantillon de volontaires.
L'organisme recommande également vendredi de donner une attention toute particulière au respect des données personnelles qui pourraient être utilisées via la reconnaissance faciale.
Elle met en avant quelques points cardinaux à respecter sur le sujet: le consentement des personnes ciblées, le contrôle des données par les individus, la transparence, le droit de retrait du dispositif et d'accès aux informations, ou encore la sécurité des données biométriques.
"Les expérimentations ne sauraient éthiquement avoir pour objet ou pour effet d'accoutumer les personnes à des techniques de surveillance intrusive", martèle l'institution.
Enfin, la Cnil préconise une véritable démarche expérimentale afin de "tester et de parfaire des solutions techniques respectueuses du cadre juridique".
Le maire de Nice satisfait
Dans un communiqué, Christian Estrosi s'est dit satisfait de cette avancée mais "regrette la recommandation concernant le consentement des personnes ciblées. Il est utopique et dangereux de penser que des terroristes ou criminels donneront leur aval pour intégrer leur photo dans les systèmes de reconnaissance faciale de notre pays !"
Je suis heureux que la Cnil prenne enfin conscience de la valeur ajoutée que représente la reconnaissance faciale dans la lutte contre l’insécurité.
Selon lui, "cette avancée représente un tout petit pas là où les ennemis de la France n’hésitent pas à avancer à marche forcée. La sécurité de notre pays et de nos concitoyens ne peut se satisfaire de timides évolutions."