Malgré la signature, ce vendredi 24 janvier, de l'arrêté interdisant l'accueil des croisières dans les ports de la Métropole Nice Côte d'Azur, le sujet reste brûlant. De nombreuses questions restent en suspens, comme l'avenir du port de Villefranche-sur-Mer, mais aussi sur les potentiels recours qui pourraient émerger.
Après l'annonce surprise du début de semaine, Christian Estrosi rend déjà plus concrète son intention d'interdire les navires de croisière dans les ports de la Métropole Nice Côte d'Azur. Ce vendredi 24 janvier, à l'occasion d'une conférence de presse, le maire de Nice a signé en public un arrêté métropolitain visant à mettre un terme à l'embarquement et au débarquement des passagers de ces "immeubles flottants" dès le 1ᵉʳ juillet 2025.
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À travers cette mesure, qui a déjà fait beaucoup réagir depuis son annonce, Christian Estrosi a exprimé sa volonté de lutter contre la pollution, mais aussi de limiter "le surtourisme low-cost". Et malgré le pouvoir limité des mairies en la matière, souvent pointé par la mairie de Cannes notamment, il estime qu'avec cet arrêté, "celui qui organise des croisières ne va plus avoir intérêt à venir".
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L'arrêté métropolitain n'impactera que Villefranche-sur-Mer
L'une des informations à retenir de la signature de ce traité, c'est bien sûr celle du nombre de passagers maximum autorisé par navire, si l'arrêté entre bien en application le 1er juillet prochain. Ce cap est donc fixé à 900 passagers par navire. Un seuil qui exclut finalement le port de Nice, puisqu'il n'accueille déjà plus d'aussi gros navires de croisières. Christian Estrosi a reconnu auprès d'Ici Azur qu'il "pense qu'il n'y a pas d'unité de 900 passagers qui peuvent accoster dans le port de Nice".
L'arrêté concerne en revanche bien plus la rade de Villefranche-sur-Mer, et sa gare maritime, qui appartient à la métropole Nice Côte d'Azur. Selon les informations de France 3 Côte d'Azur, si le traité est appliqué dès cet été, le port de la commune affichera une perte de chiffre d'affaires annuelle de 1,5 million d'euros, soit près de 90% de son activité. Face à cette situation, l'Union Maritime 06 appelle à un "dialogue constructif" au plus vite avec la métropole.
"Une communication très Trumpienne"
L'annonce, puis la signature de cet arrêté, en moins d'une semaine, continuent en tout cas de faire parler, et ont relancé divers débats. Si les élus écologistes avaient salué une "victoire historique" en début de semaine, Robert Injey, ancien dirigeant du Parti Communiste Français des Alpes-Maritimes et membre du mouvement de gauche "Viva !", estime qu'on ne peut "que s'interroger sur cette annonce soudaine". Il souligne ce samedi dans un communiqué la "communication très Trumpienne" de la signature de ce décret, faisant référence à la centaine de décrets signés en public par le nouveau président américain en début de semaine.
— Injey Robert (@injey.bsky.social) 25 janvier 2025 à 07:47
Selon lui, ce décret permet à Christian Estrosi de "tenter, sans doute, d'ouvrir un contre-feu sur un autre dossier, où le maire de Nice est en difficulté. Celui de l'extension de l'aéroport, avec ses 7 millions de passagers supplémentaires et ses 38.000 vols privés, au bilan carbone, par passager transporté, catastrophique", remarque le militant, qui appelle le président de la métropole à "un peu de cohérence" dans sa lutte contre la pollution.
De possibles recours ?
Le feuilleton des croisières à Nice n'en est pourtant qu'à ses débuts : d'ici à la date d'application prévue du décret, le 1er juillet prochain, celui-ci risque de faire l'objet de nombreux recours. Car les mécontents sont tout de même nombreux, même si son effet serait limité à la rade de Villefranche-sur-Mer.
Il y a d'abord les acteurs du tourisme, en première ligne : Atanas Bozev, responsable d’exploitation et agent maritime au port de Nice, estime auprès de France 3 que l'on "déplace le problème", et que "les ports de Toulon et d'Imperia vont en profiter".
Les compagnies de croisières, premières visées, risquent, elles aussi, de faire entendre leur voix dans les prochaines semaines. Tout comme le maire de Villefranche, Christophe Trojani, qui n'avait visiblement pas été informé par la mairie et la métropole de Nice ni de l'annonce de Christian Estrosi, ni de la signature du décret en cette fin de semaine.
Ce samedi, auprès de nos confrères de Nice-Matin, le premier édile de la commune a déclaré avec ironie que "le maire de Villefranche n'a toujours pas échangé avec le président de la métropole à ce sujet". Il affirme réfléchir à faire débarquer les croisiéristes sur d'autres quais en dehors de la gare maritime, quais "qui appartiennent au conseil départemental", et pas à la métropole. Tout en insistant sur le fait qu'une fois le décret en main, "s'il existe une arme pour se défendre, on l'utilisera". Les passes d'armes entre les deux élus risquent en tout cas de se multiplier.