En 2024, 698 orthophonistes exerçaient dans les Alpes-Maritimes. Un chiffre encore trop faible qui reflète une réalité nationale d'un déséquilibre entre le faible nombre d'orthophonistes et la demande du public.
Les orthophonistes tirent la sonnette d'alarme. La profession connaît une importante pénurie dans ses rangs : en 2019, la densité moyenne d’orthophonistes en France s’élevait à 135 pour 100 000 mineurs, rapporte une étude de la DRESS. Ce taux est très hétérogène d’un département à l’autre. En 2024, 3 218 orthophonistes évoluaient en région Sud Paca dont 698 orthophonistes dans les Alpes-Maritimes.
Cette pénurie n'est pas sans conséquence pour les patients qui peuvent parfois attendre jusqu'à un an pour obtenir un rendez-vous : "C'est très variable en fonction de la situation géographique et du degré d'urgence de la demande mais dans une ville comme Nice ou Antibes, l'attente peut durer entre plusieurs mois à un an", rapporte Laurence Delsinne, orthophoniste et membre du syndicat des orthophonistes des Alpes-Maritimes.
Un numerus clausus trop faible
Ces chiffres s'expliquent principalement par un déséquilibre entre nombre d'orthophonistes et demande du public : "Le numerus clausus est trop faible et les universités ne sont pas assez dotées pour former plus d'étudiants", analyse Laurence Delsinne.
Un problème de rénumération
Le parent pauvre de l'orthophonie est l'hopital public. Une grande partie des orthophonistes déserte la fonction publique hospitalière pour exercer en libéral. Moins 18 % au niveau national entre 2013 et 2021 selon la Statistique Annuelle des Etablissements de Santé (SAE). Pourtant, les besoins sont nombreux : après un traumatisme crânien, un AVC, une opération provoquée par un cancer de la gorge ou de la langue, les patients bénéficient d'un suivi orthophonique.
"Une partie devrait exercer à l'hôpital public ou dans des instituts médico-éducatifs (IME) mais ils n'y vont pas car ils sont sous-payés à peine plus que le SMIC pour des gens ayant un Bac + 5", analyse Laurence Delsinne.
Pour la spécialiste, le problème pourrait se régler notamment via deux grandes mesures : "une augmentation du numerus clausus et une revalorisation des salaires", conclut-elle.